Donc voilà la partie réécrite. Je voulais la poster ce week-end, mais j'ai préféré attendre un peu les résultats du vote sur la durée d'une guerre dans w40k. Mon frère a relu l'histoire, et a remarqué également deux ou trois fautes de frappe et des "incohérences". Par exemple, lorsque Yvan ordonne de mettre le cap sur Eccuhus (plus en avant dans le texte), c'est une erreur. Il s'agit de Thorim. Eccuhus, c'est le nom de la lune où se trouve sa forteresse-monastère. J'ai aussi rajouté des détails de la guerre civile.
Tout cela a été corrigé.
@Herezy :
Tu seras heureux d'apprendre que j'ai ralongé la durée de la guerre, comparé à ce que je t'avais envoyé.
@TOUS : si jamais vous êtes joueurs, il y a des références à cette partie dans un one-shot que j'ai posté sur le forum.
Bon courage pour la lecture !
PS : si vous voulez voir à quoi ressemblent les Papy Nurgle'Sons en figurine, l'escouade que j'ai présenté au concours de ce mois est une escouade de terminators des Papy Nurgle'Sons. Je précise qu'il ne s'agit là que d'une information, pas d'une incitation à bien me noter. En revanche, en tant que citoyen du forum, je vous invite à aller voir les escouades présentées et à voter. Plus il y a de votes, mieux c'est.
***
Il suivait de nouveau le sentier. La guerre avait disparu. Le chemin l’amena à marcher sur le bord d’une plage, dominée par de grandes falaises de pierre noire. Il se laissa bercer par le roulement continu des vagues. Curieusement, leur ressac régulier lui rappelait un chant ou une prière qu’il connaissait, ou tout du moins, qu’il avait déjà entendu. Il sifflota l’air, mais un rire caverneux l’interrompit aussitôt. Cela semblait venir des falaises. Haktus se retourna dans leur direction, et distingua d’étranges silhouettes immobiles sur le sable. Il plissa les yeux et aperçut des structures métalliques grossières qui jonchaient la plage ; il y reconnut des pièges à chars. Le chant fut remplacé par un ronronnement de moteur. L’eau derrière lui se mit à bouillonner. Il tomba à genoux et commença à sangloter.
« Non… non… » gêmit-il. Il assistait à un assaut amphibie, et il était aux premières loges.
Des dizaines de chimères surgirent des flots. La guerre fit rage de nouveau. Une grêle de tirs s’abattit sur les VAB impériaux alors qu’ils fonçaient sur la plage pour y déverser leur cargaison de soldats. Plusieurs transports explosèrent, éventrés par les batteries anti-char habilement dissimulées dans la falaise. Le tranquille murmure des vagues n’existait plus, c’était au tour des armes hurlant leur haine de donner de la voix.
Les hommes tombaient par dizaines, fauchés comme du blé par le feu adverse. A sa gauche, une escouade de commandement sortit d’une chimère, dirigée par un capitaine dont la voix regonfla le moral des impériaux :
« En avant, soldats d’Edenus ! Vous êtes le septième régiment ! Vous êtes les meilleurs ! Boutons ces hérétiques hors de notre planète ! Que l’écume soit rouge ou que la victoire soit notre ! Pour Edenus, pour l’Empereur ! Jusqu’à la ruine d’Edenus, jusqu’à la mort !!!
- Jusqu’à la mort !!! » Reprirent une centaine de voix.
Haktus essaya de les retenir. Il tenta de plaquer un soldat au sol, mais il le traversa et se retrouva à terre. Il était un fantôme, qu’ils ne pouvaient ni voir, ni entendre. Le garde impérial mourut un peu plus loin, coupé en deux par un tir d’autocanon, alors qu’une chimère explosait derrière lui. Il rampa vers la carcasse du véhicule, tantôt en maudissant l’Imperium, tantôt en suppliant les soldats impériaux de s’enfuir. Il chercha le sentier, il était persuadé qu’il s’agissait de la seule façon d’échapper à cet enfer. Celui-ci se dessina doucement à côté de lui. Il n’hésita pas une seconde et le rejoignit en courant. Mais il quitta un monde de cauchemars pour un autre. Tout au long du sentier défilaient de pareilles scènes de tueries. Sans le réaliser, il voyait les passages les plus importants des guerres d’Edenus. Ainsi, il assista à certains moments de la guerre civile. Il vit des Sœurs de Bataille brûler des hommes faits prisonniers, il vit les habitants d’Edenus s’entretuer. Puis vinrent plusieurs passages de la Deuxième Guerre. Le pacte de certains Edeniens avec les puissances du Chaos, l’arrivée de celui-ci sur la planète, sa trahison. Tout cela, il l’ignorait. Pour lui, c’étaient des batailles qu’il imaginait et qui venaient hanter son sommeil. Enfin, ce fut l’arrivée des Orks, et le début de la Troisième Guerre. La dernière vision qu’il eut fut le « Destiny of Mankind » lançant l’Exterminatus sur Edenus. Cela le figea sur place. Il comprit soudain ce qu’il venait de voir.
Il arriva sur un sol de pierres moussues. Lorsqu’il marcha dessus, la mousse dégorgea un jus noir nauséabond. Puis il entendit des rires, et quelqu’un prononça son nom. Il fut soudain pris de spasmes violents et se sentit aspiré vers le ciel. Il entendit un hurlement de rage, et un flash blanc l’aveugla.
Il gémit en ouvrant les yeux. Apparemment, il était dans une infirmerie. Un jeune infirmier se tenait à côté de lui. Il interpella un officier :
« Il y en a qui se réveille, major ! »
***
Yvan réfléchissait. Les deux mains jointes posés sur les lèvres, les coudes appuyés sur la console principale. Assis sur son siège de commandement, il resongeait au combat. Comment aurait-il pu anticiper cette attaque ? La flotte adverse avait surgi du Warp brusquement, leur tombant dessus avec une précision déconcertante. Le traître infiltré dans la suite du gouverneur avait certainement transmis les coordonnées du « Destiny of Mankind » aux vaisseaux ennemis, sûrement tapis dans un système proche en attente de leur proie. Bien sûr, il estimait avoir évité le pire à son bâtiment. Mais il savait qu’il avait du sang sur les mains. Quel genre de commandant pouvait-il sacrifier ses hommes sans se sentir coupable ? C’était à cause de son incompétence s’il avait dû en arriver là. Même avec plus de vingt ans voués au combat spatial à la tête de ce vaisseau, il s’était fait surprendre et complètement dépasser. Il jura qu’il aurait sa revanche.
Son aide de camp le tira de ses pensées.
« Commodore ?
- Oui Mandias, qu’y-t-il ?
- On vous demande à l’infirmerie. On a retrouvé des survivants.
- Combien ?
- Trois, commodore.
- Trois !? s’exclama Yvan. Trois !? A combien d’hommes estime-t-on les pertes ?
Mandias consulta rapidement son rapport.
- Nous avons perdu entre la moitié et les deux tiers de la compagnie de Phoxtro présente à bord, commodore. Et plus d’un quart de nos membres d’équipage.
- Que l’Empereur nous garde… Dans quel état sont les rescapés ?
- On a un soldat qui est dans le coma depuis que nos équipes l’ont retrouvé. Mais les deux autres sont conscients, bien que l’un d’entre eux fasse des micro-comas. L’autre est un sergent, du nom de Kade. Il n’a que quelques contusions. Tous les trois ont été placés en quarantaine.
- Très bien. Soljne, gardez le cap vers Thorim.
- Commodore ! intervint Altan. Les senseurs ont détectés des échanges de tirs dans le secteur vingt-sept, pas loin de la cantina !
- Envoyez immédiatement des escouades là-bas ! Mais que nos équipes lance-flammes continuent de purger les couloirs ! Je vais à l’infirmerie, contactez-moi au moindre problème. »
Il allait quitter le pont de commandement lorsque Kibias le rattrapa, apparemment affolé.
« Commodore !
- Que voulez-vous gouverneur ? Je suis pressé. On m’attend à l’infirmerie. On a des survivants.
- Je sais ! Je viens de l’apprendre également. Vous devez les faire exécuter!
Sviatopolk fit volte-face et s’arrêta.
- Je dois quoi ?! Exécuter les seules personnes qui aient réchappé à cette hécatombe? Sous quel prétexte ? Désertion, trahison, hérésie ?
- Oui, ils ont survécu. Mais bientôt ils seront morts, et ils se relèveront pour nous combattre !
- Jamais, Kibias ! Jamais je ne donnerai cet ordre tant qu’on sera sûr qu’il n’existe aucun moyen pour les guérir ! J’ai condamné suffisamment d’hommes aujourd’hui.
- Il n’en existe pas ! Vous ne comprenez pas ! Ma planète, ses habitants, soldats comme civils ont été gazés de la même manière. Les survivants ont afflués en masse vers les hôpitaux déjà bondés par les victimes des bombardements. On n’a rien pu faire ! Le seul remède à ce virus, c’est le feu ! Je pensais comme vous à l’époque. Je voulais sauver un maximum de personnes. Alors même que les médecins les plus compétents tenaient des propos identiques aux miens aujourd’hui, alors même que les contaminés me suppliaient de donner l’ordre de les abattre, j’ai refusé d’admettre la réalité. Et ils sont devenus des zombies de la Peste, Commodore ! Ils servent Nurgle à présent ! Des citoyens impériaux fidèles à l’Empereur sont devenus des pantins décérébrés répondant aux caprices de la pire entité du Warp !
- Et qu’avez-vous fait alors Kibias ? Vous avez fait brûler des hôpitaux entiers pour justifier votre échec ?
- Je leur ai laissé le choix, Commodore. Le choix de mourir en combattant l’ennemi, ou d’être abattu par les leurs, comme du bétail malade. Et la plupart ont choisi d’affronter le Chaos en hommes libres.
- Je ne suis pas sûr de bien saisir vos propos… Vous avez envoyé des civils et des soldats atteints de la Peste à l’assaut des tranchées adverses ? Mais qui de sensé ferait une telle chose ! Et pourquoi essayez-vous de me convaincre d’achever ces malheureux, alors que vous-même, vous avez laissé le choix à vos « gazés » ?
- Sauf votre respect Commodore, vous ne savez rien des souffrances qu’à enduré Edenus. Y-êtes-vous seulement allé, rien qu’une fois ? Savez-vous ce qu’on a perdu ?
- Je… commença Yvan.
- Et qui, l’interrompit le gouverneur, qui de sensé enverrait tous les chasseurs-bombardiers d’un seul vaisseau, fut-il un cuirassé Retribution, contre les escadrilles réunies de douze bâtiments de guerre du Chaos ?
- Vous savez très bien que…
- Que vous n’aviez pas d’autre choix ? Bien sûr. Ce fut un sacrifice utile. Sans eux, nous n’aurions certainement pas cette discussion. Mais à eux, vous leur avez laissé le choix. Et ils ont choisi de se sacrifier, pour que nous, nous puissions vivre. Ce jour-là, ces hommes pensaient la même chose. Ils se sont sacrifiés en pensant sauver Edenus. Et bien qu’elle soit morte aujourd’hui, ils lui ont permis de vivre une quinzaine d’années de plus. Alors surtout, ne commettez pas l’erreur de croire que je n’éprouve aucune pitié pour vos trois pauvres survivants, bien au contraire. Mais voyez la réalité en face, qu’allez-vous faire de trois soldats gazés ? Les envoyer brûler les cadavres de leurs camarades qui jonchent les couloirs ? Le choix que vous avez à faire aujourd’hui est bien différent de celui que j’ai dû faire. Ne comparez pas votre situation à la mienne, et surtout, je vous en prie, ne me jugez pas pour ce que j’ai fait.
- Je… je réfléchirais à vos propos Kibias. Je tiens avant tout à les rencontrer personnellement. Dites-moi, comment cela s’est-il terminé pour les contaminés que vous avez envoyé au front ?
- Si vous permettez que je vous accompagne jusqu’à l’infirmerie, je vous raconterai en chemin.
- Soit. En route alors, je vous écoute. »
Et ils reprirent leur marche.
Le commodore n’interrompit Kibias que rarement. Il se rendait compte qu’en racontant des évènements de la guerre d’Edenus, le gouverneur faisait le deuil de son monde. Ce dernier ne s’arrêtait de parler que lorsqu’ils croisaient des soldats ou des membres d’équipages, réservant l’intégralité de son récit à Yvan ; lequel remarqua plusieurs fois que les yeux de Kibias brillaient d’un mélange de chagrin et de fierté quand il évoquait certains passages.
Ainsi, durant le quart d’heure qui passa et chemin faisant, Yvan apprit que l’état-major présent sur Edenus avait constitué un régiment spécial. En effet, pour mener l’offensive sur Pandole, une région de la planète, les troupes en place manquaient de renforts. La guerre était encore incertaine, et il semblait que le sort d’Edenus se jouerait ici. Le seigneur-commissaire Ulrick Lugenmann proposa alors de former un nouveau régiment, composé des personnes contaminées par le virus de la Peste, soldats comme civils. On leur donna un uniforme noir et ocre. Le noir pour symboliser leur sacrifice, et l’ocre pour Edenus. On appela ce régiment la « Seule et Ultime Garde des Invalides ». Ce fut une idée brillante, qui remonta à la fois le moral des troupes, aussi bien celui des soldats règlementaires que celui des « Invalides ». Selon Lugenmann, la création de ce régiment apportait de l’espoir aux Invalides qui mourraient impuissants dans leurs lits d’hôpitaux. Il soutenait qu’ils pouvaient ainsi se venger de leurs souffrances et de celles d’Edenus. Et les faits lui donnèrent raison.
Quant aux soldats des autres régiments, ils virent les Invalides comme des renforts inespérés. Quelques jours plus tard, on lança une immense offensive sur le secteur Pandole. Il s’agissait de l’emplacement de la base principale du Chaos, et ils avaient érigés des portails Warp pour permettre aux démons de se manifester. Dix régiments d’Edenus, dont la Seule et Ultime Garde des Invalides, une compagnie de Knights of Thor, une de Space Wolves, et une d’Ultramarines participèrent à l’assaut.
Le commodore s’étonna que des Astartes aient permis d’utiliser les Invalides, compte tenu du fait de leur nature pseudo-mutante. Mais selon Kibias, seuls les Ultramarines, qui crièrent à l’hérésie, furent difficiles à convaincre. En effet, les Knights of Yhor et les Space Wolves approuvaient la création des Invalides, et se montrèrent plus tolérants, sans aucun doute à cause des rumeurs qui couraient sur leurs gènes plus ou moins déviants, rumeurs certainement fondées. Finalement, les Ultramarines finirent par accepter, sous condition qu’une de leur escouade, ainsi qu’une compagnie d’Edenus, toutes deux équipées de lance-flammes suivent de près les Invalides pour incinérer les corps, afin qu’ils ne se relèvent pas en zombies. Il fallait également que la Seule et Ultime soit dirigée par Lugenmann lui-même.
Yvan fut de nouveau surpris par une telle décision. Un seigneur-commissaire était bien trop précieux pour qu’on puisse exiger de lui qu’il se trouve en première ligne, qu’on soit Astartes ou non. Le gouverneur lui expliqua qu’il existait des tensions entre les Ultramarines et les Knights of Thor, et que ceux-ci étaient soutenus par Lugenmann. Vraisemblablement, les Ultramarines soupçonnaient les Knights of Thor de posséder une arme-démon, mais ils manquaient de preuves. Or, avec un appui politique d’une telle ampleur, ces derniers restaient hors de cause, et à l’abri d’une enquête de l’Inquisition. Finalement, Lugenmann perdit la vie pendant cette offensive. Les Ultramarines, rejoints par les Blood Angels, redoublèrent leurs accusations, et une enquête eu lieu, pendant laquelle il fut prouvé que les Knights of Thor ne possédaient pas d’arme-démon.
L’assaut sur Pandole eut donc lieu. Ce fut une bataille effroyable. Les Papy Nurgle’Sons avaient noué une alliance avec des Thousand Sons, ainsi que les Khorne Templars. Les régiments d’Edenus devaient attaquer de front avec le 157e Catachan, pendant que les Knights of Thor et les Spaces Wolves assailliraient les flancs, et les Ultramarines étaient chargés de lancer une frappe en profondeur sur le quartier général du Chaos pour éliminer Moriakhus, le sorcier commandant les Thousand Sons. Ils réussirent à le tuer, mais Ardoriel Valendrus, le capitaine des Ultramarines, ainsi que la grande majorité de ses guerriers périrent également. Quant à Lugenmann, il finit broyé par les pinces d’un Defiler. Edenus perdit six régiments complets, dont les trois quarts des Invalides. Les Spaces Wolves et les Knights of Thor eurent la moitié de leurs effectifs décimés. Mais la victoire revenait à l’Imperium. Notamment grâce à une percée effectuée par les Knights of Thor. Suite à cela, les rapports entre les Knights of Thor et les Ultramarines se dégradèrent encore. Les Papy Nurgle’Sons se retirèrent sur l’Ile du Chaos, l’endroit d’où ils avaient attaqué Edenus. Il y eut une dernière bataille, où Neobiophron, le seigneur des Papy Nurgle’Sons parvint à s’enfuir.
« Et les Invalides ? Que sont-ils devenus ?
- Ah, vous abordez un point sensible de l’histoire d’Edenus, commodore. Peut-être l’un des plus tragiques. Suite aux boucheries de Pandole et de l’île du Chaos, il ne restait qu’une poignée d’Invalides. Il s’agissait des moins atteints par le virus évidemment. On décida d’édifier un monument à leur mémoire là où Lugenmann perdit la vie. Les Astartes quittèrent Edenus, et les Sœurs du Lys d’Argent furent envoyées pour finir de purger les dernières traces du Chaos. Elles s’empressèrent de qualifier les derniers Invalides de « rejetons du Warp », et les immolèrent sur place. Ensuite, elles détruisirent le monument des Invalides, et la chanoinesse Krager obtint que Lugenmann soit classé comme « suppôt de l’Archi-ennemi ». A « titre » posthume bien sûr. Ce fut extrêmement mal vu par la population, mais aussi par les soldats. Lugenmann était considéré comme le véritable héros d’Edenus, comme celui qui nous apporta la victoire. Beaucoup désertèrent, refusant de cautionner un tel acte. Mais voyez-vous commodore, Edenus est morte dès la Première Guerre. Lorsque les cendres de la guerre sont retombées, nous pouvions enfin évaluer l’étendue des massacres. Il n’y avait aucun vainqueur. Certes, les Papy Nurgle’Sons furent repoussés, mais la planète apparaissait défigurée et exsangue. Seule la cité-ruche d’Hyporès tenait encore debout. Partout, des prêcheurs fous, et d’autres soldats rendus aliénés par l’horreur des combats, clamaient que l’Empereur nous avait abandonné, et que l’Apocalypse était proche ; d’une certaine façon, elle avait déjà eu lieu. La réponse des Sœurs fut radicale. En plus de ça, on n’avait pas réussi à recenser toutes les personnes contaminées. Beaucoup avaient fui dans la jungle de Pantelia et dans les Pics de Mortion. Or, les Pics concentraient l’essentiel des usines de l’industrie lourde d’Edenus. On envoya des dizaines de milliers de personnes pour repeupler la zone et reconstruire notre monde. On se rendit compte de notre erreur trop tard. Les zombies de Nurgle, autrefois nos concitoyens et nos soldats, avaient infesté la zone. Sans compter que l’influence néfaste d’un Pilier Noir érigé ici par les Papy Nurgle’Sons avait corrompu l’endroit. Il y eu des fuites, et l’information se répandit parmi la population restante. Des émeutes éclatèrent. Krager demanda un Exterminatus. Mais le Haut Commandement refusa. Il estimait qu’il restait encore des ressources à exploiter sur Edenus. Le dernier régiment d’Edenus chargé de maintenir l’ordre fut impuissant. On appela le 11e Jarrhaxien en renfort, et le Lys d’Argent dirigea la répression. Tous ces évènements menèrent à la Deuxième Guerre d’Edenus.
- Oui. J’en ai entendu parler. La guerre civile éclata et l’un des chefs d’une faction rebelle, Jon Rahe, si je me souviens bien, fit appel au Chaos pour l’emporter.
- Exact, commodore. Mais Rahe fut trahi, et une fois de plus, le Chaos se manifesta sur Edenus, par la présence des Slaanesh’Singers. Mais rien de comparable à la Première Guerre commodore, je puis vous l’assurer. Et de vous à moi, le responsable de la Deuxième Guerre, c’est Krager et le Lys d’Argent, pas Rahe, même si c’était un traître doublé d’un crétin. »
Yvan connaissait les grandes lignes des guerres d’Edenus. La Première Guerre, surnommée à juste titre la Pestilence, avait duré sept longues années. Les premiers troubles survinrent six mois plus tard. La guerre revint, sous une autre forme plus terrible et plus tragique : la guerre civile. Plusieurs factions rebelles se soulevèrent contre les autorités impériales jugées incapables de reconstruire Edenus. Mais les insurgés n’étaient pas unis, et s’affrontaient également entre eux. Parmi eux, le commodore avait entendu des deux organisations principales : l’Armée de Libération d’Edenus, dirigée par Jon Rahe, et les Partisans Edeniens de l’Indépendance, commandés par Nicolaï Biérovski, ancien colonel du 7e régiment d’Edenus. Ce dernier n’attaquait les troupes de la garde impériale qu’en dernier recours, privilégiant les attentats sur des personnes précises ou sur le Lys d’Argent. Cependant, Biérovski ne s’était jamais attaqué à Kibias, pourtant gouverneur de la planète, et de ce fait représentant de l’Imperium. A l’inverse, Rahe ne faisait aucune distinction entre ses ennemis, et multipliait les attentats sanglants à l’encontre de la population. On était avec lui ou contre lui.
Que ce soit l’Imperium, l’ALE ou les PEI, aucun camp ne parvint à prendre l’avantage. Les forces impériales étaient trop puissantes pour que des rebelles désunis ne parviennent à les faire reculer. Et ceux-ci basaient leur action sur des opérations de guérilla, restant ainsi insaisissables. Une alliance entre les deux organisations révolutionnaires aurait pu voir le jour, et ainsi triompher de l’Imperium, mais Biérovski et Rahe se vouaient une haine mutuelle, réduisant à néant tout espoir d’union.
Au bout de deux ans de combats, la situation stagnait. Rahe fit donc appel à de nouveaux alliés. Edenus ne se souvenait que trop bien des atrocités commises par le Chaos trois plus tôt, d’autant plus que les bandes de zombies de Nurgle marchaient toujours dans les Pics de Mortion et dans la jungle de Pantelia. C’est pourquoi l’alliance de l’ALE avec les Slaanesh’Singers indigna l’ensemble des autres groupes de rebelles, qui se rallièrent à la garde impériale. La guerre civile évolua donc en guerre ouverte, et le conflit s’éternisa sur trois années supplémentaires. L’Imperium l’emporta finalement avec l’arrivée en renfort du 157e Catachan, qui avait déjà participé à la Pestilence sept ans auparavant. Ce deuxième conflit fut baptisé la Guerre du Traître, pendant laquelle la chanoinesse Krager rencontra la mort. S’ensuivirent un an de calme avant qu’une immense Waaaagh n’atteigne la planète. Les services de renseignement impériaux affirmèrent qu’il s’agissait là d’un coup des Papy Nurgle’Sons. Ils avaient manipulé les Orks, leur assurant que la guerre faisait rage sur Edenus, et qu’il existait des stocks d’armes dévastatrices, arguments on ne peut plus convaincants pour des Orks. Ce dernier affrontement n’eut d’autre nom que la Troisième Guerre, et ne s’acheva qu’avec la destruction d’Edenus par l’Exterminatus. Les forces impériales peinaient à stopper les orks, les hordes de Zombies de la Peste hantaient toujours les cités-ruches dévastées, et s’attaquaient aussi bien aux Orks qu’aux humains, augmentant chaque jour un peu plus leur nombre. Six années de plus où Edenus agonisa, et lutta pour maintenir en vie la flamme de l’Imperium. Les combats faisaient encore rage autour du palais du gouverneur en ruine lorsque le Dévoreur de Vie tomba du ciel. En tout, il fallut vingt-et-un ans pour que la planète, autrefois monde impérial modèle, ne devienne qu’un immense caillou recouvert de cendres et de poussière.
Si au départ, Kibias voulait persuader le commodore d’achever ses survivants, son récit eut l’effet inverse. Yvan voyait là une occasion de rendre hommage aux Invalides d’Edenus, et à tous ceux qui sont morts pour la défendre. Il voulait se racheter pour avoir été le bourreau d’Edenus. Et si le « Destiny of Mankind » avait lui aussi ses Invalides ?
Ils arrivaient à l’infirmerie. Deux soldats se tenaient devant la porte.
« Gouverneur, merci pour votre récit. Ce fut très… instructif. Je dois vous laisser maintenant. Le devoir m’appelle, dit Yvan en souriant.
- Merci à vous Commodore. Je fus heureux de pouvoir en parler. Mais rappelez-vous, Commodore. La seule façon de détruire le virus de la Peste, c’est d’achever les personnes infectées, et de brûler leurs corps. Sinon, elles se relèveront.
- J’y réfléchirai, Kibias. Vous devriez écrire vos mémoires un jour. Elles pourraient s’avérer utiles, autant à vous qu’à l’Imperium.
- Pourquoi pas ? » répondit le gouverneur en s’éloignant.
C’était une infirmerie typique d’un vaisseau. Dans la pièce centrale se trouvait le bureau du médecin-major. Des étagères contenant des livres de médecine, ainsi que des instruments de chirurgie et d’analyses parcouraient les murs sombres de plastacier. Le médecin-major en poste avait tenté tant bien que mal de dissimuler l’aspect lugubre de l’endroit. Une pancarte indiquait que la salle d’opération se trouvait derrière le sas de stérilisation sur la gauche. A droite, on allait vers la salle de réveil qui servait aussi de salle de repos. Il y régnait un silence de plomb. Sur plusieurs lits, il put deviner des corps humains sous des draps. Et toujours cette odeur caractéristique des hôpitaux… ce mélange de désinfectants, et de morphine sentant le vinaigre. Le commodore renifla, et grimaça de plus belle. Non, vraiment, il préférait l’odeur de la cordite et de l’huile graisseuse qu’on trouve habituellement dans les vaisseaux.
« Je ne m’y fais pas non plus, fit une voix derrière lui. D’habitude, j’allume une baguette d’encens, mais je n’en ai plus. »
Sviatopolk se retourna. Un officier vêtu d’une blouse blanche se tenait devant lui. Un stéthoscope pendouillait le long de sa poche. Le toubib portait une paire de lunettes rondes. Sa barbe poivre et sel impeccablement taillée sur le menton, ainsi que sa moustache indiquaient un certain goût pour la rigueur et la discipline. Son nez cassé et son crâne chauve complétaient à merveille ce visage sévère
« Vous êtes le médecin-major je suppose, répondit Yvan.
- Affirmatif, commodore. Je suis le médecin-major Erich Karth. A votre service.
- Il paraît que nous avons des survivants ?
- A proprement parler, je dirais que nous avons un survivant. Allez, un et demi.
- Comment ça ? Que voulez-vous dire ? S’inquiéta Sviatopolk. Ils sont déjà devenus des leurs ?
- Suivez-moi je vous prie, dit Karth en lui tendant un masque de protection, et mettez ça. Les soldats Haktus et Poti sont contaminés. Poti sera mort dans moins d’une heure je pense.
- Et le soldat Haktus ?
- Je dirais dans… disons deux voire trois heures. Sauf si je trouve un remède avant, auquel cas je serai témoin d’un vrai miracle... Autant être honnête avec vous, commodore, il ne survivra pas.»
Il le mena vers la salle de quarantaine située à droite de la salle d’opération. Ils passèrent dans un sas de décontamination, et arrivèrent dans une pièce carrée. Il y avait quatre lits, dont trois étaient occupés. Un infirmier réglait des appareils de surveillance auprès d’un soldat inconscient. Un sergent se présenta au garde-à-vous devant Yvan.
« Commodore ! Sergent Kade, huitième escouade, treizième peloton, septième compagnie du sixième régiment de Phoxtro !
- Repos, sergent. Comment vous sentez-vous ?
- Tout à fait opérationnel, commodore !
- Bien. J’ai besoin de savoir ce qu’il s’est passé, comment avez-vous survécu, et si vous avez aperçu les salopards qui nous ont abordé, continua Yvan.
- Lorsque le gaz s’est répandu, j’ai ordonné la retraite, étant donné qu’il n’y avait pas d’ennemis présents, et qu’on n’avait pas de masques à gaz. Kade jeta un regard à Haktus qui gisait inconscient sur un lit du côté opposé. J’ai récupéré des soldats d’autres escouades qui avaient survécu lors de l’explosion… et certains ont contesté mes ordres. D’autres m’ont suivi et se sont repliés avec moi. Ensuite, les sas se sont fermés automatiquement, et j’ai été séparé de mes hommes, qui se sont retrouvés piégés dans un couloir avec du gaz. J’ai essayé de les tirer de là, commodore, mais je n’ai rien pu faire.
- Détendez-vous soldat. Vous avez ordonné la retraite au bon moment. Et comme vous le dîtes, vous ne pouviez pas faire grand-chose. Pas de traces de nos visiteurs ?
- Aucune trace d’eux, commodore.
- Major Karth ?
- Oui, commodore ?
- Cet homme est-il contaminé ? demanda Sviatopolk.
- A première vue et selon les analyses, non. Je le garde encore quelques temps en quarantaine. Juste par précaution. »
Un gémissement sur leur droite mit fin à leur discussion. L’infirmier appela le médecin-major.
« Il y en a qui se réveille, major ! »
Karth se précipita au chevet d’Haktus, vérifiant l’oscilloscope.
« Bien, il n’est pas encore un zombie. » Il allait s’adresser à son patient lorsque celui-ci vomit une nouvelle fois.
« Soldat, le commodore est ici. Il aimerait vous poser quelques questions, dit le médecin en lui tendant une flasque. Mais buvez ça auparavant, ça devrait vous empêcher de vomir. Au cas où l’envie vous reprenait, il y a une bassine destinée à cet usage sur votre table de chevet.
- Vous sentez-vous capable de répondre à mes question, soldat ? l’interrogea Yvan. »
Haktus acheva de boire le contenu de la flasque.
« Je… crois… que oui, commodore. Ah oui… mes excuses, commodore… Je suis le soldat Sil Haktus, de la quatrième escouade, treizième peloton, septième compagnie, sixième régiment de Phoxtro. Je pense pouvoir répondre à vos questions, mais avant, j’aimerais savoir ce qu’il va nous arriver, à moi et à mon camarade Poti.
- Comment osez-vous, soldat ! Vous êtes… commença Karth.
- Je vous en prie, major. C’est son droit le plus juste, l’interrompit le commodore.
- Bien... si vous jugez que c’est nécessaire. Soldat Haktus, j’ai besoin de savoir combien de temps vous avez été exposés au gaz, et dans quelles circonstances.
- On était dans un couloir. Quand le module a libéré le gaz, on a reculé et on s’est protégé comme on a pu. On n’avait pas de masques à gaz, major. On est resté là-dedans deux minutes, tout au plus.
- Vous savez quels sont les effets de gaz ?
- Oui, major. Un membre de mon escouade s’est décomposé devant nous. On sait ce que ça fait.
- Faux. Vous ne savez pas. Ce gaz transporte le virus de la Peste. Autrement dit…
- On se relèvera comme l’un des leurs, compléta Haktus. Je vous l’ai dit. On sait ce que ça fait.
- Soldat, bien que je sois extrêmement indulgent envers des patients qui vont probablement mourir dans les vingt-quatre prochaines heures, j’aimerais pouvoir étudier l’évolution de cette maladie. Ce qui ne sera pas possible si je dois vous faire sauter la cervelle pour manque de discipline et impertinence envers un officier. Je rajouterais que si vous êtes encore en vie, si on peut dire, c’est uniquement grâce au commodore ici présent qui tient absolument à vous sauver, ainsi qu’à mon désir d’en apprendre plus au sujet de la Peste de Nurgle.
- Ce qui vient du Warp ne peut pas être compris… grommela Haktus d’une voix qui n’était pas la sienne. »
Surpris par la voix inquiétante de son patient, le major glissa rapidement la main sur la crosse de son pistolet laser, mais son geste fut interrompu par le commodore.
- Soldat… Haktus, c’est bien ça ? Vous pouvez encore servir l’Empereur. Aussi bien que vous vivez que si vous mourez. Je vous promets d’ailleurs que vous ne mourrez pas dans ce lit. Major, continuez je vous prie.
- A vos ordres, commodore. Comme vous l’avez souligné soldat, la Peste relève les morts au service de Nurgle. Normalement, une exposition au virus sous sa forme gazeuse de plus de trente secondes sans protection est fatale de manière immédiate à tout être humain, avec les effets que vous connaissez. Cependant, cela dépend de la constitution du sujet, même si quiconque l’inhale pendant deux à trois minutes meurt dans la dizaine de secondes qui suit. Vous dîtes vous être protégés. Sans masque, vous avez inévitablement respiré ce gaz. Votre maigre protection a simplement ralenti le processus. Mais, d’après les analyses, votre organisme contient plus de toxines que celui de votre camarade allongé ici. Pourtant, il mourra sûrement avant vous. Encore une fois, on pourrait croire que les effets dépendent de la constitution, mais non seulement, vos analyses montrent que vous semblez aussi résistant l’un que l’autre, mais en plus, vous n’avez pas les mêmes symptômes.
- Comment ça ?
- Les cellules de votre camarade se décomposent. Les vôtres mutent. Vous faîtes des micro-comas, votre camarade ne s’est toujours pas réveillé. En réalité, j’ai l’impression que votre organisme accepte la maladie, mais que ce n’est pas le cas de votre esprit. Je ne vous cache pas que j’ai d’abord voulu vous abattre avant que vous ne deveniez un mutant, mais j’ai besoin que vous restiez en vie pour l’instant. Cependant, on a décidé que nous allions vous sangler à votre lit. Il y a également deux gardes postés à l’entrée de l’infirmerie qui ont ordre de vous abattre si vous veniez à vous métamorphoser en jouet du Chaos, ou si vous faîtes mine de sortir d’ici. Mais selon moi, cela ne servirait strictement à rien puisque dans trois heures tout au plus, vous serez mort. D’autres questions concernant votre avenir ?
Pour toute réponse, Haktus vomit de nouveau.
- Parfait ! Dans ce cas. A nous de vous poser quelques questions. A vous, commodore.
- Merci, major Karth. Haktus, vous avez dit à l’équipe qui vous a trouvé que les renégats comptaient attaquer le chœur astropathique. Comment le savez-vous ?
- Il… ils en ont parlé. On les a entendus, Poti et moi. Une explosion avait créé une brèche sur le couloir inférieur. Nous, on était dans le sas. On les a entendus, alors on a regardé dans la brèche pour les observer, et c’est à ce moment que le sorcier a dit qu’ils allaient attaquer là-bas, mentit Haktus. Il savait pertinemment ce qu'il se passerait s'il avouait que le psyker renégat l'avait consciemment contacté par voie télépathique.
- Un sorcier ? Comment savez-vous qu’il s’agit d’un sorcier ?
- Ah… euh… je pense que c’en est un. En fait, je ne suis pas sûr. Mais c’est leur chef, ça j’en suis certain. Il avait un livre, ainsi qu’un sceptre de force. Un peu comme nos psykers, mais en version chaotique. Donc je pense que c’est un sorcier.
- Combien sont-ils ? Comment sont-ils armés ?
- Ils sont sept, en incluant le sorcier. Tout ce que j’ai pu voir de leur armement sont leurs bolters. Sans compter le pistolet plasma du chef.
- Bien. Autre chose à me dire, soldat Haktus ?
- J’ai une question, commodore.
- Oui, soldat ?
- Combien… combien avons-nous eu de pertes avec l’attaque au gaz ?
Le commodore Sviatopolk ricanna.
- N’ayez aucune crainte, Haktus. Ils ne savaient pas où tirer. La plupart des modules ont atterri dans des hangars de stockage. Sur ce, je vous laisse, on a besoin de moi sur la passerelle. Je vous remercie d’avoir pu répondre à mes questions. »
Yvan avait menti. Il ne pouvait pas se permettre de dire la vérité à ce soldat. Il ne pouvait pas lui dire que l’ennemi avait été d’une précision effroyable en envoyant ses modules remplis de gaz dans les secteurs les plus peuplés au moment du combat. Les batteries et les hangars d’embarquement et de débarquement avaient été durement atteints. Les trois-quarts de l’équipage assigné à ces secteurs, en plus des gardes impériaux postés ici gisaient à présent sur le sol, décomposés par le virus de la Peste. Il aurait bientôt à gérer une épidémie de zombies sur son propre bâtiment. Rien de semblable à ce qu’il avait déjà eu à affronter.
Il retourna dans le bureau du major, accompagné de ce dernier et de son aide infirmier.
« Puis-je vous poser une question, toubib ?
- Je vous en prie, commodore.
- Les corps dans la salle de réveil…
- Ce sont des corps que nous avons récupéré dans le secteur où nous avons retrouvé les survivants. J’en ai besoin pour mes études sur la maladie. N’ayez aucune crainte, ils sont sanglés aux lits.
- Hhmm… soyez prudent, major. Quelque chose me dit qu’on va avoir besoin de vous bientôt. Tous les corps n’ont pas été brûlés. Et j’ai bien peur que ces cadavres deviennent ambulants d’ici peu. Je remonte sur la passerelle. Contactez-moi si vous avez du nouveau.
- Comptez sur moi, commodore. Assistant Lovic, préparez-moi le matériel de dissection et attendez-moi dans la salle de réveil. On va commencer les analyses sur les cadavres. »
Kade s’approcha avec précaution du lit d’Haktus. Il avait veillé à ce qu’il ne le voit pas durant la discussion avec le commodore. Apparemment, il s’était endormi après le départ de l’officier et des toubibs. Le sergent sourit. Le seul témoin de son « petit moment de faiblesse » dans le couloir allait mourir d’ici peu de temps. Mais il ne pouvait pas prendre le risque de laisser vivre plus longtemps. Encore un mètre ou deux, et il pourrait débrancher l’assistant respiratoire. Ou couper l’intraveineuse censée ralentir le virus. Ou les deux. Non, juste l’intraveineuse… ce serait plus discret. Mais il fallait agir vite, le médecin ou son sous-fifre pouvait revenir d’un moment à l’autre. Soudain, Haktus ouvrit les yeux.
« Toubib, c’est vous ? Qu’est-ce… Mais ! Kade ! »
Le sergent lui plaqua sa main sur a bouche.
« Ta gueule. Je peux pas te laisser vivre, tu le sais. Tu vas me balancer. J’ai juste paniqué. C’est rien. Mais je peux pas prendre le risque. De toute façon, tu vas mourir, vois ça comme un service. »
Il sentit des dents mordre profondément sa main. Kade retint un cri, et jeta son poing dans la figure d’Haktus alors qu’il commençait à ricaner stupidement. Le coup l’assoma directement. Il regarda sa blessure. Il saignait. Pas beaucoup, mais il saignait. Kade paniqua. Si le toubib voyait ça, il ne sortirait pas de l’infirmerie. Pire, cet enfoiré d’Haktus était contaminé… en le mordant, il l’avait peut-être contaminé aussi… il fouilla la table de chevet à la recherche de désinfectant, ou de n’importe quoi d’autre qui pouvait tuer le virus. Il se releva et coupa l’arrivée d’intraveineuse d’Haktus.
Celui-ci remuait. Le coup reçu par Kade l’avait simplement étourdi. Mais il l’avait mordu… Il savait qu’il l’avait contaminé. Il se remit à rire.
« T’es foutu, Kade… t’es foutu... »
Il eut le temps d’entendre Kade jurer, et il sentit de nouveau un poing frapper son visage. Il cligna des yeux plusieurs fois, la pièce devint floue, et il sombra de nouveau dans le coma.