Tau'Va Tsua'm
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 dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a

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Shas'o vior'la shova kais
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MessageSujet: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyVen 6 Mar - 9:10

encore une fois l'histoire n'est pas de moi
Macabee!Ces histoires de fouilles commencent a m´enerver!Les autorités Tau ne nous ont même pas dits ce que nous devions chercher sous ce plateau aride.
-Je sais,Del´prime,mais je suis archéologue soumis a l´empire Tau,je ne suis plus indépendant comme du temps de l´Imperium.Je dois m´executer,je n´ai pas le choix.
-Oui,mais tout de même,voici 3 ans que nous fouillons,et nous n´avons rien trouvé.
Tomas Macabee soupira:-Que veut tu que j´y fasse?
Delprime n´eu pas le temps de répliquer,un ouvrier avertissant Macabee d´une trouvaille:
-Ona découvert cette entrée il y a un quart d´heure;mais personne n´y est encore,allé,ils disent entendre des murmures inquiétants.
Macabee ordonna qu´on y aille,sous la menace,les ouvriers Taus y allèrent.
-Mais qu´est ce qu´ils font?
-Que dis tu,Delprime?demanda Macabee
-Je demande ce que font les ouvriers.Ils devraient deja être remontés.
-Tu n´arrête pas de râler,depuis hier!

Une fois de plus,Del´prime n´eu pas le temps de répliquer,du sol étaient sortis des formes squelettiques.
Les uns après les autres,les ouvriers tombèrent.
-Des Necrons!Ces imbéciles de Tau cherchaient des Necrons!
-Sauve qui peut!hurla un Tau.
La plupart des ouvriers fuirent;mais Macabee et Del´prime furent interceptés par le seigneur Necron.

L´aide de Macabee était tétanisée.Mais Macabee était calme,ce qui impressionna Delprime.
Macabee s´en apperçut et lui lança:
-Les Taus ne m´ont rien ordonnés.C´est moi qui ai demandé a fouiller ici.
-Mais...mais pourquoi?
-Pourquoi ai-je mené mes collègues a la mort sur ce plateau aride?Pourquoi me suis-je soumis au pouvoir de ces créatures qui ont émergés des sables?Comment ai-je pu,moi,chercheur respecté et citoyen de premier plan,tourner le dos a la civilisation qui m´a tant apporté?
La réponse est simple:j´ai fait cela au nom de la pureté.
Avant que mes émotions et mes souvenirs soient rassemblés sous cette forme de vie plus aboutie,j´ai passé ma vie a étudier la civilisation sous toutes ses formes.
-Que voulez vous dire par "forme de civilisation plus aboutie"?
-Tu le sauras bien assez tôt.Donc,la somme de mes travaux peut être résumé ainsi:la vie n´est que discorde.La guerre et les affrontements animent toutes les sociétés connues et toutes les espèces
passent leurs vies a en affronter d´autres pour des ressources limitées.Des cris du nouveau-né réclamant le sein maternel aux vieillards agonisants dans leurs déjections,la vie n´est que désordre écœurant.Il y a une autre solution.Il existe un état dans lequel tout les conflits sont résolus,dans lequel tout est froid et silencieux.Il n´y a pas de désirs,pas de guerres,pas de disputes.
Qualifiez cet état de "mort" si vous le voulez,mais c´est une erreur.La mort n´est que la fin de la vie,le moyen pour une fin.La mort est le moment ou tout devient calme et immuable.

Delprime fut aberré.Il venait de comprendre que son maitre avait viré du coté de la Mort.

Un éclair verdâtre frappa Macabee de plein fouet,soulevant une poussière verte,et une forte lumière verte également.La poussière et la lumière se dissipèrent,et Del´prime ne vit plus son maitre;il ne voyait qu´un nécron différent des autres qui l´entouraient.C´est ce que j´appelle "Paria",dit Macabee dans une voix sinistrement métallique.Un mélange malsain de chair humaine et de métal nécron.J´ai juré allégeance aux derniers C´tan,plus précisément au Nightbringer.Tu peux choisir l´éternité ou la mort.Devient un Paria ou devient un cadavre.A toi de choisir.
-Pour moi,dit-il,il n´y a aucune différence.
A ces mots,Macabee saisit le fauchard du seigneur Necron et le planta dans le ventre du Tau fidèle au Bien Suprême.Le sang orangeatre brillait de mille reflets d´or et d´ambres.Macabee eut un ricanement de satisfaction. Maintenant,seigneur,Kronus peut commencé a être purgé.

le seigneur Necron de Kronus lança un grand rire sadique.La purge Necrontyre pouvait enfin recommencer.


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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyVen 6 Mar - 15:22

maintenant que l'atmosphère est détendu voila la vraie histoire
INTRODUCTION :



Je suis Lauvitz Engelson.
Je suis le Père Supérieur de l’Ordre des Vengeful Fists.
Je sers l’Inquisition, au service de la Deathwatch de l’Ordo Xenos.
Je suis ici jugé pour Extremis Diabolus.

Haletant, respirant avec peine, je me traîne péniblement sur le damier de marbre orné du Sanctum Judicii. J’ai froid. Je suis nu, complètement nu, et l’air glacé de la Cour de Jugement pénètre chacune des particules de mon être, le gelant jusqu’à l’os. J’ai mal. Les centaines de cicatrices qui couvrent mon corps se fissurent à nouveau, gelées par la température dévorante, et les failles dégoulinantes de sang qu’elles créent dans mon corps ne sont que quelques-unes parmi les milliers d’autres encore fraîches que la torture quotidienne m’a infligée.
En essayant vainement de ne pas y penser, je tire de tout ce qui reste de mes muscles faméliques sur les énormes chaînes d’iridium consacrées qui enserrent mes poignets, mes chevilles, mes coudes, mes genoux, mes épaules, mes hanches, ma taille, mon cou, et mon front. Au bout de chacune traîne un boulet de la taille de ma tête, recouvert de piques enduites de sang. Mon sang. Une douleur lancinante embrase chacune de mes veines lorsque l’un des fers se met à étinceler, et qu’une nouvelle décharge psycho-nihiliste déferle dans mon cerveau malade. Ces charges sont destinées à entraver mes facultés psychiques, et à m’empêcher de faire appel à elles. Il y a bien longtemps que mon esprit s’est vidé de toute trace de faculté psychique. J’essaie de gémir mais je n’en ai plus la force.
Alors que j’avance piteusement vers ma destinée, j’entends tout autour de moi le murmure austère de ceux qui furent jadis mes frères et mes sœurs, et qui à présent huent et abhorrent la loque humaine que je suis devenu. Je devine sans les voir leurs visages froncés par la haine, par le dégoût, et par l’horreur que je leur inspire. Je sens quelque chose frôler mon crâne chauve. Sans doute un objet catapulté vers moi en signe d’aversion, mais le choc me paraît tellement insignifiant à côté des brûlures des excruciators que je ne perçois quasiment rien. Un autre projectile heurte ma paupière droite. Le repli de peau résonne dans l’orbite vide et, là encore, je ne ressens pas de douleur aux yeux que l’on m’a déjà arrachés.
Je continue à tirer sur mes membres douloureux, et bute enfin contre un meuble dur et concave, reconnaissant la texture de l’ébène au moment où elle me pénètre dans les côtes. Je m’immobilise. Au-dessus de moi, une voix grave et impérieuse scande :
- Mes frères, mes sœurs ! Voici aujourd’hui sous vos yeux l’accusé d’Hérésie contre l’Imperium et conséquemment contre l’Empereur-Dieu lui-même, décrété du traité d’Extremis Diabolus et déclaré ennemi de la Foi en l’Empereur de Terra par l’Inquisiteur Supérieur Lucius Frommehrgeiz de l’Ordo Malleus, Homo Astartes de la Deathwatch et dirigeant de l’Ordre spécial des Vengeful Fists, LAUVITZ ENGELSON !
Une vague de conspues explose dans l’assemblée à l’annonciation de mon nom, et j’ai du mal à ne pas m’effondrer en sanglots devant ma tribune – fait facilité par mon absence de globes oculaires – devant tant d’injustice et d’ingratitude humaine.
Pourquoi ?! Je suis un Space Marine, je suis de la race des meilleurs de l’Empereur, des Protecteurs Suprêmes de l’Humanité, des Destructeurs de l’Archennemi qu’incarnent l’hérétique, le mutant, et le xenos ! J’ai combattu pendant plus d’un siècle au service de l’Imperium contre des dangers que pas un qui soit ici présent ne puisse même imaginer, des horreurs sans nom, abjectes d’impureté, dont la seule vue aurait tué sur le coup n’importe lequel de ceux qui me vilipendaient !
En vérité, ce sont eux les traîtres. Oui, ce sont eux les traîtres immondes qui condamnent aujourd’hui celui qui leur a permis de vivre, celui qui a permis à leur empire tout entier de vivre jusqu’à cet instant !
RAGE !
Mon visage a été brûlé dans le brasier de la soi-disant « purification » dès mon incarcération ici, et l’endroit où aurait du se trouver ma bouche n’est maintenant plus qu’un lambeau de chair infâme, obturé, carbonisé, recouvert de sang et de pus en fusion.
Qu’importe, mon âme en ruines écume sa rage intérieurement, méprisant la douleur des chaînes neuro-disruptrices et la hargne du peuple égoïste et stupide !
Mais, si je suis ce que je suis, si je suis ce que je prétends être, est-ce à dire la victime impuissante d’une injustice aux proportions monumentales, alors…

Comment en suis-je arrivé là ?


Dernière édition par Shas'o vior'la shova kais le Ven 6 Mar - 21:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyVen 6 Mar - 15:26

I

Tout commence ici.




JAILLISSANT DE L’OMBRE, je pointai mon fulgurant devant moi, prêt à tirer. Vêtu d’une simple robe de plaisance cyan, celui qui me faisait face était un vieux mâle, de petite taille, au visage maigre mais soigné, aux yeux fatigués demeurant vivaces, et où perçait toujours une malice qui convenait à son rang. Lorsqu’il me vit, une mine interloquée s’afficha sur ses traits ridés, et il s’immobilisa. Un son étouffé sortit de sa bouche :
- V’ral ayem…
Sans lui laisser le temps de finir, je l’agrippai à la gorge et le soulevai dans les airs. Pas besoin de gaspiller de munitions pour ça. Tenant fermement mon fulgurant par la crosse, je le lançai sur le coin occipital de son crâne. Un bruit de craquement retentit lorsque l’arme lui broya la boîte crânienne, et un jet de sang bleuâtre jaillit de sa bouche. Quand je le laissai s’effondrer sur les dalles marbrées, il était déjà mort. Rengainant, j’activai le module de transmission de mon casque et, en code Bliss, communiquai mon rapport :
- Edge. Cœur neutralisé. Organisme inconscient. Terminé.
- Stable. Virus détecté et éliminé. Appel de la centrale cervicale. Fin.
Virus détecté et éliminé. Parfait. S’il en était ainsi, alors mon rôle ici était terminé. Empruntant le chemin par lequel j’étais entré, je sortis du bâtiment. J’activai mes propulseurs dorsaux. Le son prévint les gardes de ma présence. Aucune importance, il était trop tard maintenant. M’élevant dans les airs, je m’éloignai d’eux à grande vitesse et pris la direction de la « centrale cervicale » .

Lorsque j’entrai dans mon appartement, elle était déjà là. Installée sur une banquette de velours, elle était, comme d’habitude, affairée à son gigantesque piano, resplendissant d’enluminures baroques diverses, de motifs stylisés aux teintes d’or et d’argent, grandiose dans sa beauté majestueuse, semblant toujours en pleine santé malgré sa vétusté. Comme elle. A deux cent cinquante-neuf années standard, elle conservait toujours la joliesse de ses trente ans, fine, droite, et altière. Implants ? Je ne crois pas. Même avec la meilleure chirurgie augmétique que le marché impérial procurait, il était rare qu’une femme conserve sa jeunesse si longtemps – ou semble la conserver, tout du moins – . Non, il y avait autre chose chez elle. Je ne sais pas.
Elle acheva la première symphonie de Tjhaar sur une cadence parfaite, ses doigts de fée se contorsionnant en tous sens, tous s’exécutant en un accord complexe et dont chaque note consonait et se distinguait des autres avec une clarté diamantine.
Je ne pus m’empêcher d’applaudir très légèrement lorsqu’elle retira ses mains de velours, et un mince sourire vint déformer mes lèvres sans que je puisse le réfréner.
Est-ce hypocrite ? Me haïssez-vous pour ce que je fais ? J’ai assassiné il y a quelques minutes un être faible, innocent, et sans défense, sans un tressaillement, sans une hésitation, sans un seul sentiment que celui que son sang allait salir mon armure ; et maintenant je m’émeus d’une femme qui joue du piano, qui fait voleter ses petites mains blanches sur un instrument de bois. J’ai tué, j’ai détruit une vie sans un soupir, et mon âme entière se sent chavirée par une simple, une insignifiante petite personne qui joue.
De l’insensibilité ? De l’inhumanité ? Peut-être. Probablement même. Et ce deviendrait certain s’il n’y avait pas un détail.
Je suis un Inquisiteur.
Ce petit détail, ce simple mot, ces onze lettres qui me donnent le droit de tuer sans ressentir, sans me justifier, sans justification. C’est tout.

Nous ne nous étions pas encore parlé que la porte de l’appartement s’ouvrit à la volée.
- Le grand patron vous demande, déclara le nouvel arrivant, un grand brun en manteau noir, au visage encore beau couvert de cicatrices.
Selm. Sans répondre, nous tournâmes nos regards vides vers lui.
- Ho, le grand patron vous demande ! répéta-t-il plus fort. Restez pas là à me regarder avec vos yeux de merlan frit, bougez-vous !
Je réagis le premier, déposant mon fulgurant sur ma couche – je ne m’étais pas encore déshabillé depuis mon arrivé – et entreposant mon casque dans sa vitrine de plastacier.
- EEloriel, magne-toi ! s’impatienta Selm en s’avançant vers elle d’un pas pressé.
Mais, comme il allait tendre une main pour l’attraper par l’épaule, je le happais presque aussitôt par derrière, lui étreignant le bras avec une force telle qu’il poussa un grognement de douleur.
- Argh ! D’accord, d’accord, je la laisse ! capitula-t-il en voyant le regard noir que je lui lançais.
Satisfait, je le lâchai. Massant son bras endolori, il se dirigea alors vers la porte de l’appartement.
- Bon, j’y vais alors, parce que moi j’ai pas envie de me faire écharper par le patron. Lauvitz, rejoins-moi avec ta princesse quand tu seras prêt, on vous attend.
Et, se massant toujours, il s’en alla.

Ma princesse.
C’était ainsi que Selm appelait Eloriel, et aussi la plupart des Vengeful Fists d’ailleurs. Même les officiers supérieurs s’y étaient mis, et ils partaient sur des boutades amusées plutôt que sur des ordres de pénitence, lorsqu’une scène comme celle qui venait de se passer arrivait.
Du reste, Eloriel n’en semblait pas affectée – et elle avait même l’air de s’y complaire. Elle en riait, d’un rire doux et cristallin, et il arrivait parfois même qu’elle joue le jeu.
La vérité était qu’elle et moi étions amis depuis plus de deux siècles. Je l’avais connue pour la première fois alors que je n’avais que trente-huit ans. A cette époque, j’étais encore scout et je venais tout juste – dix ans – d’entrer dans mon Chapître. Elle, était initiée à l’art de la guerre par un Inquisiteur de renommée, qui l’avait remarquée dans les orphelinats de la Schola Progenium vingt ans plus tôt pour ses talents innés en matière de force mentale et d’abnégation.
Cette année-là, la Campagne d’Horusia venait d’être orchestrée par mon Maître de Chapître, afin de reprendre plusieurs territoires planétaires, dont une majorité de mondes-forges, qui avaient jadis étaient arrachés à l’Imperium lors de l’Hérésie d’Horus. Depuis, l’endroit avait été colonisé par des bandes orks qui stationnaient dans les environs. De là l’utilité de l’Ordo Xenos qui vint ajouter ses connaissances et sa puissance de feu à nos forces.
Et c’est au milieu des kikoup’ et des tirs d’automatik’ que je fis sa connaissance. Elle me sauva la vie lorsque moi et mon escouade furent assaillis par un big boss et sa garde, et nous échangeâmes nos premières paroles sous le martèlement des bolters et les coups de boutoir du marteau tonnerre de l’Inquisiteur.
Plus tard, nous nous revîmes lorsqu’une flotte de guerre Tau lança l’assaut sur l’une de nos positions stellaires. Je fus sacré Frère Space Marine quelques jours après la fin de la bataille et, les forces de l’Ordo étant restées stationnées à bord de nos barges pour leur réapprovisionnement, elle fut avec moi pour les premiers jours de ma « nouvelle vie » .
Cent ans passèrent alors, durant lesquels je ne la revis plus.
J’étais devenu membre de la Deathwatch, en partie pour l’intérêt évident que je portais aux races xenos – et plus particulièrement à leur destruction – et en partie – bien qu’aucun de mes frères ne l’aient jamais su – pour la retrouver.
Mais en vingt-six ans de service au sein de l’Ordo, n’ayant pas même entendu parler d’elle, je commençai à désespérer de jamais la revoir.
S’advint alors quelque chose qui bouleversa mon existence à tout jamais.

Mon Chapître fut déclaré Excommunicate Traitoris.
Je n’y crus pas d’abord. Excommunicate Traitoris ? Impossible, nous étions parmi les plus nobles et les plus loyaux serviteurs de l’Imperium ! Les détails qui suivirent m’abasourdirent encore plus : « Crime d’Hérésie et Pacte Chaotique » ; voilà ce qui était inscrit sur le traité qui nous maudissait tous. Pacte Chaotique ? Pacte Chaotique ? Alors que mon Maître de Chapître était sans doute l’une des âmes les plus emplies de haine contre les puissances de la Ruine parmi toutes celles qui errent en cette galaxie ? Non, impossible, quelqu’un d’aussi clairvoyant, d’aussi sage, d’aussi…Astartes, ne pouvait laisser la moindre trace de Chaos infester son Chapître !
Corruption irrémédiable du Maître de Chapître. Sentence : destruction totale du Chapître et oblitération du génome contaminé.
Ces dernières lignes achevèrent de me briser complètement. Mon Maître de Chapître. Corrompu. L’être que j’admirais tant, au-dessus de tous, secondant uniquement notre Primarque et l’Empereur lui-même. L’être que je vénérais, que j’adorais, que j’aimais de toute mon âme, de tout mon cœur, de toute ma force ! Corrompu ? Corrompu ? Corrompu ?
J’ignore pourquoi, mais ce mot fut le seul à résonner dans mon esprit, lorsque je franchis le seuil de l’Antichambre du Chapître. J’y trouvais mon Maître. Je l’interrogeai. J’écoutai ses réponses. D’abord avec incrédulité. Puis avec surprise.
Puis avec haine.
Mais je ne grondai pas. Je n’explosai pas de rage. Il n’y eut pas même de coups. Je le quittai, simplement, sans un mot. Aujourd’hui encore, je repense à cet instant, à ces quelques secondes, cristallisées dans le temps, comme si l’univers tout autour de nous s’était figé, et durant lesquelles nous nous regardâmes, en silence. Je repense à mon départ, sans une réponse, sans un coup. Et je me dis que – je sais que – , si cela m’arrivait à nouveau, si j’étais à nouveau téléporté à ce moment précis, dans cette petite pièce intemporelle, j’aurais agi exactement de la même manière.
Pourquoi ? Je l’ignore. Une voix dans ma tête. L’heure n’est pas encore arrivée. Voilà ce qu’elle m’a soufflé à ce moment précis.
Dès lors, j’abandonnai à tout jamais mon Chapître et entrai dans l’Inquisition. Je fus déclaré innocent et toujours loyal à l’Empereur par l’Ordo Hereticus, après l’analyse minutieuse de tout mon programme génétique, et une année de Purge Blanche – trois cent soixante-cinq jours dans une antichambre blanche et totalement vide, à prier et méditer.


Dernière édition par Shas'o vior'la shova kais le Ven 6 Mar - 21:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyVen 6 Mar - 15:28

# Je me consacrai dès lors pleinement à mon rôle au sein de l’Ordo Xenos, et intégrai un ordre spécial de la Deathwatch, constitué uniquement de Space Marines dont le cas ressemblait au mien : les Vengeful Fists. Ici, mes frères étaient tous de êtres que le destin avait trahi et maudit, uniques survivants de leur Chapître suite à une campagne désastreuse, derniers vestiges de pureté d’un Excommunicate Traitoris – mon cas, en somme – , et divers autres exilés éternels, tous rassemblés sous la bannière de la haine, de la haine du xenos, de la haine de l’étranger, et de la suprématie de l’Empereur sur mille milliers de mondes.
C’est en ces heures sombres de mon existence que je la revis. Eloriel. L’Inquisiteur sous les ordres duquel je l’avais connu un siècle auparavant avait eu le crâne percé d’un tir de pistolet à impulsions, de la main d’un Commandeur Tau nommé Valkyrie. Eloriel avait alors pris sa place en tant que son apprentie la plus talentueuse, et entre autre seule survivante impériale du massacre que Valkyrie engendra lors de cette bataille.
Et, alors que tout n’était autour de moi que chaos et confusion, elle fut le seul repère où mon esprit tourmenté put s’agripper.
Elle officiait dans la même zone de l’Ultima Segmentum que moi et, mes supérieurs s’étant vite aperçus que mon travail était étrangement plus efficace lorsque nous étions assignés à la même mission, ils ne tardèrent pas à me l’attribuer comme « partenaire ».
Dès lors, nous ne nous quittâmes plus. Nous partageâmes une chambre commune et mîmes en commun toutes nos appartenances. Nous effectuâmes chaque mission qui nous était attribuée en duo, et c’est toujours côte à côte que nous nous présentions devant les patriarches de l’Ordo, pour recevoir les honneurs de la victoire.
Je la protégeais toujours. Chaque fois qu’elle faillît être trépanée d’un tir de fusil laser, qu’elle faillît être broyée par une hache-tronçonneuse, ou qu’elle faillît être réduite en cendres par les flammes du prométhéum, je pris le coup pour elle, j’encaissai le trait mortel, et j’opposai toute ma puissance d’Astartes au monde.

Je ne pense pas qu’un Inquisiteur puisse jamais tomber amoureux, et je pense qu’un tel lien n’a jamais vraiment existé entre nous. Néanmoins, je me souviens d’un jour où un scout Space Marine faillit être tué par un big boss ork, et fut sauvé par l’apprentie d’un Inquisiteur. Ce doit être ce souvenir qui me pousse à vouloir préserver sa vie – au risque de la mienne.

- Frère Révérend-Père Lauvitz Engelson…
A l’appel de mon nom, je m’avançai dans la lumière et me présentai au conseil. J’étais entièrement vêtu de mon armure énergétique, à l’exception du casque que j’avais laissé dans ma vitrine, dévoilant mon visage livide où perçaient mes prunelles cyan, et que mes cheveux coupés court couronnaient de leur teinte de jais.
- …et Sœur Inquisitrice Eloriel Da’el Bless.
Eloriel apparut à son tour. Elle portait un long châle de soie violet, orné de motifs inquisitoriaux, et un lourd manteau de cuir noir et or au dos duquel était brodé le I de l’Inquisition. Les jambières noires dépassant de son vêtement laissaient deviner qu’elle non plus ne baissait pas sa garde.
Tous deux, nous nous assîmes à la table du conseil. D’un rapide coup d’œil, je dénombrai ceux qui étaient présents.
Selm, tel que je l’avais vu quelques minutes auparavant, dans son habituelle veste cramoisie, son heaume à visière décoré du symbole de l’Adeptus Arbites posé devant lui, laissant apparaître son visage mince et basané au-dessus duquel serpentaient ses dreadlocks, tels d’épais pythons d’ébène.
Janrius, un Inquisiteur avec lequel j’avais partagé autrefois le fer d’un big boss enragé, lors d’une mission en trio contre la Waaagh ! Gaezdr.
Cortecon, le Magos Armae qui était chargé de la maintenance des arsenaux Vengeful Fists. Un revêche qui méprisait l’Inquisition – et qui le montrait ouvertement, d’ailleurs – , mais qui avait été scellé au service de notre ordre par d’antiques traités de l’Adeptus Astartes.
Et Traed. Le Seigneur de notre Cathédrale-Forteresse. Petit, maigre, desséché. Il ne lui restait plus qu’un bras et ses deux jambes étaient mécaniques. Il avait perdu un œil dans un duel contre le Commandeur Farsight lui-même, il y avait plus de dix ans. Un bandeau à pointes en adamantium voilait l’orbite vide, ainsi que son deuxième œil encore valide. Il ne le montrait jamais. J’ignore pourquoi.

Lorsque nous fûmes tous installés, Traed s’éclaircit la voix et, son visage ridé et meurtri se tortillant comme si la parole lui eût demandé un effort, commença :
- Frères, l’heure est grave. De fait, je ne m’attarderai pas en vains et obséquieux propos, comme certains sots hypocrites et stupides se plaisent à le faire.
Personne ne contesta. En vérité, chacun de nous était un être d’action, même Cortecon qui, malgré son statut de simple magos, n’était pas du genre à s’incliner en moult courbettes devant un notable de haut rang, fût-il de l’Inquisition.
Il avait un jour bousculé un Confesseur, qui « rôdait suspicieusement » du côté de ses appartements. L’autre avait tenté de le calmer d’un bolt dans la tête. Cortecon lui avait broyés les bras dans ses servo-pinces et l’avait empalé sur sa hallebarde énergétique avant même qu’il aie pu esquisser le moindre geste. J’étais le seul témoin ce jour-là. Je ne dis jamais rien. Cortecon lui-même ne dois pas savoir que j’étais présent.
- Ainsi, reprit Traed, j’irai droit au but : Maître Maestus Veïdr est mort.

Selm écarquilla les yeux et regarda Traed, abasourdi. Janrius grinça furieusement des dents, habitude qu’il avait lorsqu’un événement funeste advenait, ou était à pressentir. Même Cortecon, de coutume désintéressé des affaires de l’Inquisition – et il n’était présent à ce conseil que par pure formalité – , leva son visage encapuchonné, dans l’ombre duquel luisaient ses deux yeux vermillon.
Je ne compris pas tout de suite. Maître Maestus Veïdr était le Père Supérieur des Vengeful Fists, est-ce à dire le plus haut placé de l’ordre. Il était actuellement en campagne contre une invasion de Tau sur l’un de nos territoires. Il était en outre un personnage très influent dans l’Ordo Xenos, d’une part étant Patron de notre confrérie, et d’autre part étant l’un des plus illustres et des plus formidables guerriers de la Deatwatch, parmi tous ceux qui foulèrent le sol mortel.
Son plus bel exploit, notamment, fut la Prise de Salèd, durant laquelle il s’opposa aux hordes tyranides, dans un dernier carré héroïque dans lequel lui et sa garde personnelle combattirent la Grande Dévoreuse avec une hargne et une férocité que les prêcheurs impériaux scandent encore. Aucun des Marines n’avait survécu et lui-même était mutilé, son épaule gauche ruisselant de sang alors que le bras qu’elle soutenait n’y était plus ; mais lorsqu’il fut retrouvé agonisant sur le champ de bataille, c’était la tête du Prince Tyranide qu’il tenait dans sa main restante.

Vous comprendrez peut-être pourquoi, après avoir connu et combattu aux côtés d’un si grand héros, j’eus quelque mal à croire les trois derniers mots qu’avait prononcé Traed. Je vous ai déjà dit dans quel état je fus lorsque l’on m’annonça que mon Chapître était Excommunicate Traitoris. Ce fut assez proche de ce que je ressentis alors. Mais Traed ne me laissa pas le temps de réaliser toute l’ampleur du fait, et poursuivit :
- Veïdr est mort. Le fait est là et nous ne pouvons le changer. Mais nous ne pleurerons pas sa mort, ajouta-t-il avec une soudaine détermination. Nous n’en avons pas le temps. Car l’ennemi est à nos portes, frères ! La mort de Veïdr n’est que le premier pas de la danse macabre qu’il a entamé, et nous devons mobiliser nos forces pour l’éradiquer !
- Pardonnez-moi, Monseigneur, intervins-je brusquement. Comment est-ce que Maître Veïdr est-il mort ?
Je savais à quel point il était peu révérencieux d’interrompre ainsi le discours d’un Tenant de Cathèdre tel que Traed, mais dans l’état dans lequel j’étais, cette insolence me semblait un bien faible prix à payer pour savoir qui était l’infâme créature qui avait occis mon maître vénéré.
Comme pris au dépourvu, le Seigneur de la Cathédrale tourna sa face aveugle vers moi. Il détecte mon aura psychique pour mémoriser qui va bientôt être déclaré Extremis Diabolus, pensai-je. Au bout quelques secondes, il me répondit :
- Le Maître des Vengeful Fists est mort de la main du Commandeur Tau Mightspear. Ils furent tous deux confrontés dans un duel de dernier carré, lors duquel Veïdr et sa garde personnelle combattirent contre Mightspear et ses Shas’vre. Mightspear lui a planté sa lance dans la gorge. Un des Shas’vre lui a tiré un coup de fuseur dans le torse au même moment.
Un silence de mort plana sur l’assemblée, et il fallut quelques instants avant que Janrius brise le silence en demandant d’une voix grave :
- Qu’avez-vous voulu dire en disant : « l’ennemi est à nos portes » ?
Se réjouissant de pouvoir reprendre son sujet, Traed s’expliqua :
- Comme je vous l’ai dit, la mort de Maestus Veïdr n’est que le premier pas dans le plan machiavélique que prépare notre ennemi.
Sentant que nous étions à présent tous suspendus à ses lèvres – cela ne m’étonnerait pas qu’il puisse percevoir nos battements de cœur pour deviner nos sentiments ; il était tellement mystérieux… – , il se délecta un moment de cet instant de supériorité, puis poursuivit :
- Nous savons, par des sources sûres, que la civilisation impie et ordurière qui se nomme elle-même Empire Tau, prévoit une action de grande envergure sur le système de Vaul, action qui se veut militaire, autant qu’idéaliste et économique. Or, vous savez aussi bien que moi à quel point ce territoire est important pour l’Inquisition de l’Ultima Segmentum, tant d’un point de vue industriel qu’ecclésiastique.
Vaul était en effet le théâtre de deux planètes majeures : Vaul Premium, le monde-capitale du système tout entier, et qui abritait le Préceptoire Saint-Cède, quartier général de l’Ordre Minoris des Gardiennes de Vaul ; et Vaul Secundus, un monde-forge de plusieurs milliards d’âmes mécaniques, qui fournissait en armes et en équipement une bonne partie des systèmes environnants – dont le nôtre.

Du reste, Traed nous exposa quel était son plan, et quels étaient nos futurs objectifs.

Nous quittâmes la cathédrale le lendemain, et mirent cap vers Vaul Premium, notre premier point de ralliement, à bord de notre propre Barge-Basilique, l’Excruciator.
Véritable monstre de céramite et d’adamantium, l’Excruciator était le vaisseau-mère d’une flotte de guerre qui fut jadis sous les ordres du Seigneur Dément Goge Vandire, et qui avait été entièrement démantelée suite au Décret de Passivité. Ce colosse de métal – une merveille de type Tyrant – avait alors été donné à un Magos Navis de l’Adeptus Mechanicus, lequel était passionné par les machines navales, et d’autre part très influent sur le réseau politique du système.
Étonnamment, il se révélait que ce Magos était à l’origine de la confrérie de technoprêtres qui furent, dans les siècles qui suivirent, affiliés au service des Vengeful Fists. Ainsi, le vaisseau était revenu de droit au maître de notre ordre, qui le transforma en un titanesque prieuré volant, le rebaptisant l’Excruciator et en faisant notre seul – mais quel « seul » ! – bâtiment de navigation.

Le voyage dura plusieurs semaines, durant lesquelles nous n’eûmes à déplorer que l’attaque d’un Space Hulk ork. L’Excruciator l’abattit d’un éperonnage net et précis, et en l’espace de cinq minutes, c’en fut définitivement terminé de la Waaagh ! fantôme Lazdrol.

Nous arrivâmes donc – presque – sans encombre, sur Vaul Premium, où nous atterrîmes dans l’immense Spatioport de Lazel-Haze, la capitale. Lorsque nous parvînmes devant le Préceptoire Saint-Cède, un vieillard boiteux et famélique nous attendait, entouré d’une dizaine de gardes du corps.
Lorsque nous ne fûmes plus qu’à quelques mètres de lui, il fit un signe de tête à ses acolytes. Aussitôt, ceux-ci dégainèrent leurs armes – des fusils-mitrailleurs pour la plupart, et un bolter pour l’un d’entre eux – et les pointèrent sur nous. Sa voix éraillée et rugueuse, le vieil homme leur ordonna :
- Tuez-les.


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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyVen 6 Mar - 15:30

# QU’AURIEZ-VOUS FAIT dans cette situation ? Auriez-vous été surpris, interloqué ? Auriez-vous demandé à discuter, fournir des explications ? Ou peut-être simplement vous seriez-vous enfui comme un lâche ?
Nous ne fîmes ni l’un ni l’autre.
Instinctivement, j’avais porté ma main à la crosse de mon fulgurant dès que j’avais vu le vieillard adresser son signe de tête. Apparemment, je n’étais pas le seul.
Eloriel avait dégainé son pistolet inferno, et l’avait pointé droit devant elle. Janrius avait fait de même et avait de plus brandi sa rapière énergétique, un prodige de facture à lame incurvée, qui crépitait d’étincelles bleutées alors qu’il se mettait en garde. Cortecon, lui, avait rétracté ses quatre gigantesques servo-bras, prêt à pulvériser – au sens le plus crû du terme – ceux qui se dresseraient devant lui.

La seconde qui suivit fut assourdissante.

Le seul à n’avoir pas dégainé son arme, Selm fut pourtant le premier à se jeter dans la bagarre. Bondissant vers l’acolyte le plus proche, il l’agrippa à deux mains à l’arrière de la tête et mit toute le puissance de son corps dans un formidable coup de genou, qui vint casser la figure – au sens propre du terme – de sa victime dans un son de craquement atroce, indiquant que les os mêmes du faciès de l’homme s’étaient brisés sous la force de l’impact.
Au même moment, ses huit camarades firent hurler la mort par huit bouches d’iridium chromé.
A l’instant même où deux volées de plomb percutèrent mon armure, je pressai la détente de mon fulgurant, fauchant un garde qui vit sa poitrine imploser sous la charge explosive du bolt.
Prévenu par mes sens accrus, je vis très nettement la pluie de métal sous pression qui fusa en direction des deux autres Inquisiteurs. L’espace d’un instant, je pensai qu’ils allaient tous les deux mourir. Je me trompai lourdement.
Appuyant simultanément sur les gâchettes de leurs armes, ils firent jaillir deux faisceaux enflammés qui se combinèrent, et formèrent un véritable pulsar d’énergie sous-moléculaire pure, dans lequel les balles de fusil furent littéralement carbonisées, et qui vinrent donner l’absolution de la mort à deux autres impies.
Et dans cette dernière fraction d’une seconde dans laquelle se condensait toute l’intensité d’un massacre, quatre tentacules d’adamantium s’élancèrent du vide et vinrent broyer quatre cages thoraciques dans un fracas retentissant, suivi de quatre hurlements de douleurs. L’Esprit de la Machine venait de libérer sa rage.

Il ne restait plus à présent qu’un seul homme de main. C’était celui au bolter. Déconcerté par l’instant d’inouïe violence dans lequel venaint de périr ses frères, il ouvrit la bouche, hagard, et la referma, comme si les mots – ou les hurlements – qu’il aurait voulu dire s’était figé dans sa gorge à la vue du carnage. Éperdu, il se tourna vers son maître ; et vit alors le plus gros plan de semelle de botte qu’un homme puisse avoir l’occasion de voir.
Le son que produisit son arête nasale en se brisant couvrit son hurlement, et le deuxième coup de pied que Selm lui asséna au niveau de la pomme d’Adam scella ses mots à tout jamais.

Il n’y avait plus maintenant que le vieillard contre nous. Nous levâmes nos armes vers lui et, avant de l’exécuter, je lui intimai d’une voix froide :
- Vous avez eu tort de vous attaquer à un Inquisiteur.
Mais, alors que nous nous apprêtions à mettre fin à ses jours, il éclata d’un rire de franc amusement et, voyant mes sourcils froncés, d’une voix joviale :
- Et vous auriez tort de tuer le Prévôt du Préceptoire Saint-Cède ! me répliqua-t-il.
Il y eut un instant de silence.
- Le…, commença Selm, affichant une mine interloquée.
- Prévôt du Préceptoire Saint-Cède, acheva le vieil homme avec un calme qui ressemblait à de la bienveillance. Et celui que vous venez de tuer, jeune homme – d’une manière admirable, je le conçois – , était le Sergent Freös, de la Milice de Lazel-Haze.
Selm jeta un regard consterné au cadavre qui gisait à ses pieds, et sur le manteau duquel il venait d’essuyer ses bottes pleines de sang.
- Et puis-je savoir à quoi devons-nous un accueil si original ? demanda une voix de stentor, derrière moi.
Son pistolet inferno rengainé, Janrius fixait le prêvot d’un œil menaçant. Il était enveloppé d’un long manteau de cuir noir, et son crâne chauve et luisant était coiffé d’un chapeau à large bord, ferré sur sa partie supérieure, et affublé du I de l’Inquisition. Ses yeux, voilés par l’ombre de son couvre-chef, scintillaient d’une lueur orangée qui lui donnait l’air de pouvoir immoler n’importe qui par les flammes, tant elle semblait être de braises flamboyantes.
Le vieillard se tourna vers lui et, après l’avoir dévisagé un court instant, répondit d’un ton qui se voulait nonchalant :
- Oh, ça, c’est un simple test de formalité. Si vous n’aviez pas réussi à vous défendre contre de tels adversaires, c’est que vous ne valiez pas la peine d’être reçus par les Gardiennes de Vaul. Mais, ajouta-t-il en lançant un regard impressionné aux corps sans vie des miliciens, en l’occurrence, vous avez l’air dignes de profiter des honneurs que vous demandez.
Et, nous invitant à le suivre, il nous guida à travers l’imposant édifice qu’était le Préceptoire Saint-Cède.

Je profite de cette pause pour parler de Selm. Selm. Il n’était actuellement qu’un Lieutenant de l’Adeptus Arbites. Nul doute qu’il deviendrait rapidement un haut seigneur de son ordre. Je vous ai dit il y a quelques instants, comment est-ce qu’il avait massacré les deux miliciens, à lui seul et à mains nues. Impressionnant, n’est-ce pas ? Mais ce n’est qu’une petite démonstration de ses prouesses au combat. Vous verrez.

Quelques minutes plus tard, nous nous trouvâmes devant Nathalia Vaydens, la Chanoinesse Preceptor de Saint-Cède. Elle était entourée de ses Célèstes personnelles et, lorsqu’il arriva devant elle, le prêvot s’inclina respectueusement, et annonça :
- Voici ceux qui ont demandé à comparaître devant vous, Chanoinesse.
Il se retira.
Je m’avançai donc à mon tour et, sans prendre la peine de m’incliner devant une Sœur de l’Adepta Sororitas, je me présentai :
- Salutations, Chanoinesse Preceptor Nathalia Vaydens. Je suis Lauvitz Engelson, Space Marine au service de la Deathwatch de l’Ordo Xenos, et Révérend-Père de l’Ordre des Vengeful Fists. Je représente ici le Maître de la Cathédrale de Chieron, Ignifistus Traed, et viens pour vous annoncer des nouvelles importantes.
Lorsque j’eus terminé mon prône, la Chanoinesse me dévisagea quelques instants sans répondre, demeurant installé dans son trône d’ivoire en ne m’accordant qu’un regard hautain et prétentieux. Peut-être croyait-elle que j’allais à présent attendre devant elle comme un petit chien, patientant devant sa maîtresse en faisant le beau béatement, jusqu’à ce que celle-ci se décide enfin à lui accorder un peu d’attention. Elle se trompait.
- Le temps presse, continuai-je sans attendre sa répartie, comme elle ne se décidait toujours pas à répliquer après plusieurs secondes, et j’irai donc droit au but. Un de nos frères est tombé au combat lors d’une bataille qu’il livra contre les forces de l’Empire Tau à proximité de ce système…
- Je sais, me dit-elle avec un certain dédain dans sa voix, alors qu’elle prenait enfin la parole. Nous avons reçu des missionnaires de…
- …et nous pensons que ces mêmes forces vont s’en prendre au système de Vaul.
J’avais continué ma phrase sans m’arrêter lorsqu’elle s’était mise à parler, et j’avais couvert ses mots avec les miens.
Scandalisée par mon insolence, l’une des Célestes me fixa alors d’un œil noir, et fit un geste menaçant vers son pistolet à plasma. Je ne la regardai même pas.
Sa maîtresse ne s’indigna pas autant, mais je sentais malgré tout l’aura d’animosité qui venait d’émaner de son esprit ; et il était inutile de dire que cette aura était dirigée vers moi. Emmagasinant mes propos, elle répéta :
- Des Tau vont s’en prendre au système de Vaul ? Et, je suppose que vous et vos…compagnons êtes venus ici pour me demander de l’aide, c’est ça ? poursuivit-elle d’une voix où perçait une pointe de mépris subtile mais facilement perceptible.
Elle ne devait pas savoir que nul n’est plus méprisant des autres mortels qu’un Inquisiteur.
- Vous demander de l’aide ? repris-je. Nous avons déjà bien assez à faire avec nos propres problèmes, pour ne pas nous ennuyer en plus de gêneurs inutiles et incompétents ! rétorquai-je avec plus de dédain encore qu’elle n’avait osé m’en afficher.
Cette fois-ci, c’en fut trop pour la Céleste. Elle dégaina son pistolet et le pointa droit vers ma poitrine. Sa voix tremblante d’une rage qu’elle avait peine à contenir, elle m’intima :
- Insultez ma maîtresse encore une fois, et je vous jure que je vous…
- SILENCE !
La voix de baryton qui venait de scander ce mot fut si impérieuse, que la Céleste s’interrompit instantanément. Pour ma part, je la reconnus immédiatement.

Malgré les apparences, Vegas Janrius était l’être le plus influent parmi tous ceux qui résidaient dans cette pièce actuellement. En effet, bien que j’aie pris la parole en premier et en m’auto-désignant – je l’avoue – comme représentant de Traed lui-même en ces lieux, c’était lui la véritable autorité de notre groupe, en tant qu’Inquisiteur Supérieur de l’Ordo Xenos là où je n’étais que soldat de la Chambre Militante. Officiellement, il avait en fait tous les droits sur moi, n’étant moi-même qu’un simple outil auquel il pouvait faire appel en tant que véritable suppôt de l’Ordo.
Mais lorsque l’on partage avec quelqu’un un truel à mort contre un big boss ork en furie, les liens ont tendance à changer par rapport à leur statut virtuel. Ainsi, j’avais sauvé la vie de Janrius durant ce combat épique contre Gaezdr, en m’interposant entre son corps meurtri et un kikoup’ grand comme un eviscerator.
Cependant, il n’en était pas de même pour la Chanoinesse Preceptor de Saint-Cède et ses Sœurs, et en tant qu’elle-même – comme moi – guerrière d’une Chambre Militante de l’Inquisition, elle lui devait un respect absolu.

Il fallut quelques secondes avant que le silence ne soit brisé, par Janrius comme de coutume :
- Chanoinesse Preceptor, nous sommes ici dans le but de mener notre enquête contre l’action que prévoient les xenos contre Vaul. Nous soupçonnons, s’expliqua-t-il lorsque Vaydens haussa un sourcil interrogateur, les forces de l’Empire Tau d’avoir répandu des espions à l’intérieur de plusieurs planètes de ce système, dont peut-être Vaul Premium elle même. Nous sommes spécialisés dans la traque du xenos. Notre tâche ici est donc pour l’instant d’inspecter certains points-clés du système, que nous pensons pouvoir être infestés par la menace extra-terrestre – trafic d’artefacts, contrebandes ou simples réfugiés Tau à l’intérieur même de votre enceinte, en échange de « services rendus » à des individus malveillants. Cependant, poursuivit-il en regardant la Chanoinesse avec plus d’insistance, c’est l’Ordo Hereticus qui est spécialisé dans la traque des traîtres et des intrus. Aussi mes ordres sont les suivants (la Céleste voulut répliquer devant cet prétention, mais quelque chose de froid dans la voix de Janrius réfréna ses ardeurs) : inspectez chaque être suspect, suspicieux, ou connaissance de ses mêmes êtres pour être sûr qu’il n’entretient aucun rapport d’aucune sorte avec un quelconque xenos ; contrôlez les stocks de marchandise qui sont actuellement en circulation chez les notables, opulents ou quiconque susceptible d’être attiré par quelque artefact xenos, et dans ce cas vérifiez s’il ne s’agit pas de marchandise d’origine Tau – une origine xenos quelconque ne changeant de toute manière rien au châtiment, mais nous avons besoin du plus d’informations possibles – ; renforcez les sécurités navales commerciale et militaire de ce système, et dites-leur de contacter l’Excruciator au moindre élément qui pourrait être en rapport avec les Tau ; enfin, fournissez-moi une escouade Retributor, un Assassin Vindicare, et mobilisez vos forces : l’ennemi peut attaquer très bientôt.


Dernière édition par Shas'o vior'la shova kais le Ven 6 Mar - 22:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyVen 6 Mar - 15:33

Quatre heures avaient passé depuis notre briefing avec la Chanoinesse Vaydens. Nous étions à nouveau à bord de l’Excruciator, où nous avions donné notre rapport à Traed. Il avait semblé satisfait de la manière dont Janrius avait transmis ses ordres, et nous étions à présent dans la gigantesque aire d’entraînement du vaisseau. Janrius, Selm, et moi étions présents sur le terrain.

Prenant appui sur sa jambe droite, Selm bondit sur le serviteur qui lui faisait face et, saisissant sa tête à deux mains, virevolta dans les airs pour tordre son cou mécanique. L’androïde s’effondra sur le sol.
A quelques mètres de lui, Janrius et moi étions aux prises avec plus d’une trentaine de ces mannequins animés. Mon épée de force en main, je décrivais de larges arcs de cercle meurtriers, faisant voltiger plusieurs adversaires à chaque arc-en-ciel d’étincelles bleutées. A côté de moi, Janrius maniait un énorme marteau tonnerre, dont l’extrémité crépitait d’un halo d’énergie pure. Se retournant pour bloquait un serviteur musculeux qui venait le ceinturer, il fit tournoyer son arme dans un mortel vortex de destruction, arrachant la tête, défonçant la cage thoracique, et déchiquetant littéralement le géant mécanique.
- Pas mal, le louai-je, broyant moi-même un bras dans mon gantelet énergétique.
Mais, alors que nous créions un véritable massacre à travers les rangs de serviteurs, un mannequin particulièrement gigantesque apparut devant nous. Munis de deux énormes gantelets de bronze criblés de tuyaux de toutes tailles, il mesurait près de trois mètres de haut – était-ce à dire, deux têtes de plus que moi – , et la quasi-totalité de sa chair avait été remplacée par des installations mécaniques diverses, des augmentateurs de force, une énorme visière mécanique, et ribambelles d’autres accessoires.
Une merveille de l’Adeptus Mechanicus, me dis-je. Je remerciai Cortecon intérieurement pour nous fournir d’aussi magnifiques modèles.
Quoiqu’il en soit, cette titanesque brute lobotomisée nous posait un terrible problème : il était seul et nous étions deux.
- Il est à moi, me lança Janrius tout de go.
- Si tu le veux, tu n’as qu’à venir le chercher, lui rétorquai-je sur un ton de défi.
Il ne se le fit pas dire deux fois. Brandissant son marteau à deux mains, il l’abattit dans ma direction, un crépitement sonore se faisant entendre alors que l’arc d’énergie formé par le mouvement s’imprimait dans l’air.

Un Space Marine ne peut être vaincu par un simple humain au corps à corps. L’écart de force est tellement évident que seuls les fous ou les désespérés osent s’attaquer à un Astartes à mains nues.
Mais un marteau tonnerre, c’était autre chose.

Mû par mes réflexes bio-augmentés, je fis un pas de côté et, visant le torse, je lançai ma lame vers l’Inquisiteur.
Un coup pareil est mortel, me direz-vous. Oui, je sais. Penseriez-vous donc qu’il serait…horrible de tuer un ami de longue date dans un entraînement et de sang-froid ? Tsk. Si c’est ce que vous pensez, c’est que vous n’avez jamais combattu de votre vie. Combattu réellement, signifie-je. Ce n’est pas quelque chose que l’on apprend dans les aires d’entraînement, ou dans une quelconque simulation. C’est…différent. Un combat à mort contre un ennemi qui est aussi décidé à survivre que vous. Cette impression qu’il n’y a plus que vous et lui dans l’univers. Ce n’est alors plus qu’un duel physique, mais également psychique, un duel où les deux âmes s’opposent, où…pardon, je m’exprime mal. C’est quelque chose qui ne s’explique pas avec des mots. Tant pis.

Roulant vers la gauche, Janrius esquiva mon coup avec une aisance évidente et, se relevant lestement, il décrivit un mouvement ascendant de son marteau tonnerre. La masse vint frôler mon casque et les étincelles firent vibrer ma visière, faisant bourdonner mon crâne et brouillant ma vision. Je sentis Janrius reculer d’un pas, pour préparer un nouveau coup de boutoir, cette fois destiné à ma cage thoracique qui se briserait certainement sous le choc.
Mais, à l’instant où je l’entendis armer le coup fatal, un rugissement titanesque se fit soudain entendre, suivi d’un fracas métallique assourdissant. Du coin de l’œil, je vis le serviteur qui s’avançait vers nous, son corps de colosse faisant trembler le sol sous chacun de ses pas pesants.
Secouant ma tête pour éloigner définitivement ce bourdonnement dans ma tête, je brandissait mon gantelet énergétique et, mettant tout le poids de mon corps dans mon poing, je lançai mon bras d’adamantium contre la paroi abdominale du monstre.
Mais, doué d’une force fabuleuse que je n’avais encore jamais vue chez un serviteur de combat, il attrapa mon poing dans le sien et, faisant un pas en avant, posa sa main sur mon ventre ; et avec un grondement guttural et mécanique, il me souleva dans les airs et m’envoya voltiger dans les airs.
Décidément, le Clergé de Mars n’avait pas fini de m’impressionner.
Plantant mon épée de force dans le sol, je me réceptionnai sur les jambes. Devant moi, c’était Janrius qui guerroyait à présent. Fixant le géant, il poussa un cri de guerre empli de véhémence, et le frappa directement à la poitrine. Un gong retentissant se fit entendre, alors que la masse d’adamantium crépitante d’étincelles dorées percutait le torse de métal forgé du serviteur. Celui-ci ne vacilla même pas.
Et, alors que l’Inquisiteur se préparait à frapper une deuxième fois, la monstrueuse machine le heurta d’un gantelet aussi grand qu’un être humain normal.
Propulsé plus d’une dizaine de mètres plus loin, il alla s’écraser contre le mur de céramite de l’aire, le sang giclant de sa bouche alors que sa tête se fracassait contre le matériau.

Cet entraînement commençait à devenir sérieux. Ce monstre ne ressentait pas la douleur, et même un coup de marteau tonnerre d’arrivait pas à percer les épaisses plaques d’or brun qui lui servaient de blindage. Tant pis. J’allai donc commencer moi aussi à réellement me battre.
Me dressant de toute ma hauteur d’Astartes, je pointai vers lui ma lame de force et lui lançai d’une voix grave et impérieuse :
- Amène-toi, monstre, et vois ce que signifie le mot « combattre » pour un Vengeful Fist !
Jetant vers moi son regard sans vie, il poussa un nouveau rugissement bestial et marcha à pas lourds dans ma direction.
Soudain, il y eut comme un éclair. Une forme fulgurante fendit les airs et vint percuter le front du mastodonte. Celui-ci, surpris par un coup si leste et si puissant, tituba, sembla perdre l’équilibre un instant, puis se reprit, frappant le sol du pied en hurlant, le terrible fracas de l’iridium fissuré se mêlant à son grondement de fureur. L’ombre volante avait été si rapide que même mes sens augmentés ne parvinrent pas à la distinguer précisément. Cependant, sa couleur cramoisie et ses pythons d’ébènes claquant au vent étaient reconnaissables entre mille.
Sans laisser au colosse le temps de riposter, Selm atterrit sur le sol d’une roulade et, bondissant à nouveau vers lui, escalada son corps, montant sur ses genoux massifs ; puis, lorsqu’il fut arrivé sur ses épaules, il s’accrocha à son crâne et y décocha un coup de genou si puissant qu’un craquement sonore se fit entendre lorsqu’il cogna la visière.
Sur le coup, je pensai qu’il venait de briser l’appareil. Mais, un instant plus tard, je vis que c’était sa genouillère qui venait de se lézardait sous l’impact.
Ne semblant y porter attention, l’Arbites continua à frapper la visière, à grands coups de genoux et de coudes, chaque collision retentissant dans l’aire d’entraînement, son armure se fissurant un peu plus à chaque choc.

Je crus d’abord qu’il voulait le tuer. Je compris sa véritable intention lorsque la visière du colosse se mit à crépiter, cédant à son tour aux assauts répétés. L’aveugler. Une idée à laquelle je n’aurais jamais pensé. Tuer, c’était tout ce qui m’importait. Pas d’astuce, pas de génie, seulement deux mètres trente de force brute, trois cents kilogrammes de muscles purs, mus par des réflexes fulgurants et une adresse surhumaine.

Selm sauta à bas du monstre.
- Lauvitz ! m’apostropha-t-il.
Il n’eut pas besoin d’en dire plus. Un seul regret, j’aurais voulu entrer en scène plus tôt. Tant pis.
Brandissant mon épée de force en position d’empalement, je chargeai le géant aveugle, celui-ci n’éprouvant nulle douleur, mais battant l’air de ses gantelets immenses en cherchant un ennemi qu’il ne trouvait pas.
- Lex imperatoris ducat me…, murmurai-je en incantation.
Je sentis mes yeux scintiller d’énergie psychique pure, alors que mes paumes se mettaient à crépiter des foudres du warp, communiquant leurs arcs d’étincelles bleutées au manche qu’elles tenaient fermement.
Me jetant en avant, je lançai alors la lame gravée de runes vers le sternum du géant.
- …FIAT JUS ! hurlai-je.
Envahie de le toute-puissance de l’Empyrean, le fil de l’arme s’enlumina de faisceaux azurs serpentins, et s’enfonça sans peine dans la chair mécanique du serviteur.
Un véritable flot de sang gicla du corps déchiré du monstre, et un liquide noir et huileux commença à ruisseler de la plaie fumante. Le colosse poussa un tel grondement de rage que je vis Selm reculer d’un pas, se tendant nerveusement.
Mais peur et hésitation n’étaient pas dans le vocabulaire Space Marine.
Arrachant l’épée du torse mutilé, je concentrai toute mon énergie dans ma jambe droite et, y mettant toute la force de mon corps, je décochai un coup de pied directement dans la tête du mannequin, l’impact de trois cents kilogrammes d’adamantium entouré de puissance psychique pure heurtant sa tempe avec un gong tonitruant.
Chancelant, le monstre dodelina de la tête, ses systèmes intérieurs hébétés par la force prodigieuse du coup. Le prochain serait le dernier. Brandissant mon gantelet énergétique, je chargeai à nouveau mon énergie psychique, et il commença à crépiter à son tour.
Mais, alors que je m’apprêtais à achever le mastodonte, une voix retentit soudain derrière moi :
- Écarte-toi, Lauvitz.
La voix était sombre et impérieuse, spectrale et caverneuse, comme sortie d’outre-tombe. La haine qui emplissait chaque décibel de ses sons était presque palpable. Faisant un pas de côté, je laissai Vegas Janrius faire exploser sa rage.

Il était plus terrible que je ne l’avais encore jamais vu. Un regard de braise illuminait ses pupilles assassines, et des arcs d’énergie grésillants parcouraient toute la surface de son corps. Le souffle du halo faisait voler sa cape de lin noir, lui donnant l’air d’un spectre de la mort aux affres menaçants, l’aura de fureur planant autour de lui annonçant qu’il n’allait pas tarder à vraiment en devenir un.

J’étais un psyker de haut niveau. Pouvoir concentrer toute sa force psychique dans une seule partie de son corps relevait d’une concentration qui ne s’acquérait qu’en des années d’expérience, et pouvoir utiliser les pouvoirs latents d’une arme de force n’était accessible qu’aux êtres les plus talentueux.
Cependant, je le réalisai ici définitivement, Vegas Janrius était d’un niveau bien plus formidable encore.

S’approchant du colosse vacillant, il posa délicatement la paume de sa main contre l’emplacement de son nombril – ici remplacé par une énorme plaque de bronze verni. Il ne parla même pas. Un terrifiant éclair de lumière rouge fusa de sa main ouverte, le torrent dévastateur forant un trou de la taille d’un pneu de moto dans le ventre du serviteur.
Avec un son mat assourdissant, l’immense machine de guerre s’écroula de tout son long sur le sol d’iridium. Une empreinte profonde s’y creusa, imprimant les contours du géant dans la masse.


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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyVen 6 Mar - 15:34

# L’esprit bouillonnant de rage de Janrius s’était apaisé, et je sentis son corps se détendre très légèrement. A ses pieds, les trois mètres de chair et de rouages gisaient, sans vie, sang et pyrum-pétrole se mêlant dans un même flot gras et rougeâtre.
Nous étions encore tous crispés, lorsqu’une voix rocailleuse et étrangement machinale retentit soudain derrière nous :
- Impressionnant... Très impressionnant...
Je reconnus la voix de Cortecon, et me retournai. Emmitouflé dans un long manteau rouge, le Magos Armae des Vengeful Fists nous fixait de ses deux prunelles carmin, scintillant comme deux rubis circulaires à travers son visage encapuchonné. A une dizaine de mètres de nous, il contemplait sa créature défaite, battant des applaudissements lents et pesants de ses lourds gantelets de céramite.
- Très impressionnant, répéta-t-il. Ce serviteur de combat était parmi l’une des plus belles merveilles que l’Adeptus Mechanicus avait bâti pour vous. En vérité, je ne pensais pas que vous y survivriez…
Et l’étonnement était lisible dans sa voix robotique. Cortecon était un adepte du Culte Mechanicus, et il vénérait les machines à un bien plus haut degré que les êtres de chair et d’os, aussi convaincu de la supériorité du mécanique sur l’organique qu’un fanatique martien puisse l’être.
Janrius n’était manifestement pas du même avis. Se tournant vers l’adepte à son tour, il lui lança d’un ton acerbe :
- Vous ne pensiez pas que nous y survivrions ? Vous voulez dire que vous avez délibérément envoyé cette bête de guerre sur nous, en pensant que nous ne nous en tirerions pas vivant ?
- C’est à peu près ça, oui, approuva le Magos sur le ton de la conversation. Malheureusement, ajouta-t-il avec un soupir résigné, c’est un échec. Peut-être la prochaine fois…
- LA PROCHAINE FOIS ?! explosa Janrius. Vous voulez dire que vous voulez réessayer de nous tuer avec vos…créatures ? Et que signifie ce « malheureusement » ? Est-ce que par hasard, vous auriez souhaité que nous mourions contre lui ?
- Et bien…oui, avoua Cortecon avec détachement, bien que je sente une pointe de réelle frustration dans l’ironie de ses propos.
Janrius marcha vers le technoprêtre.
- Écoutez-moi bien, Magos, héla-t-il d’une voix menaçante, je suis un Seigneur Inquisiteur, est-ce à dire l’un des êtres les plus puissants du Ministorum et de l’Imperium. Mon nom inspire la terreur à tous les fous qui osent croiser ma route, et mon autorité ne connaît nulles limites. J’ai droit de vie et de mort sur n’importe quel mortel, et nul n’est au-dessus de ma suspicion.
- Écoutez-moi bien, Inquisiteur, répliqua Cortecon du tac au tac, et sa voix ne laissait transparaître ni peur ni servitude, vous pouvez être aussi puissant et aussi influent que vous voulez bien le laisser croire, mais sachez que sans nous vous feriez valoir votre autorité avec des battes et des lance-pierres. Nous sommes les rouages et la sève de l’Imperium, et du plus haut au plus bas échelon de la société, du plus tout-puissant au plus misérable, du plus impérieux au plus servile, chacun de l’Humanité n’est que dépendant du Culte Mechanicus.
Cette fois-ci, Janrius vint se planter directement devant Cortecon.
- Ose répéter que nous sommes dépendants de vos artificiers séniles et acariâtres, intima-t-il, bouillonnant, et je te jure que plus jamais de ta vie tu n’auras l’occasion de t’adresser ainsi un Inquisiteur.
- Oser répéter que les nobles et illustres artificiers de notre ordre sont séniles et acariâtres, soutint le Magos sans ciller sur le même ton, et je te jure que plus jamais de toute ton existence, vie, mort, ou entre les deux, tu n’auras l’occasion d’adresser une telle ingratitude à ceux-là mêmes qui maintiennent l’Empereur de l’Humanité en vie, faisant fonctionner le Trône d’Or de Terra alors que vous allez prôner vos purges à des années-lumières du Segmentum Solar.

L’éternel conflit entre le Clergé de Terra et le Clergé de Mars.

Si Selm et moi ne nous étions pas jetés d’un même bond entre les deux adeptes pour les séparer, et si Eloriel n’avait pas surgi à ce moment-là pour nous dire que Traed nous convoquait, je crois que le duel qui aurait suivi aurait fait paraître le combat contre le colosse ridicule, tant il eût été sauvage et sanglant.
Heureusement, ce duel n’arriva pas, et nous fûmes tous quelques minutes plus tard réunis au strategium de l’Excruciator.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 0:55

CHAPITRE 3 :

LE STRATEGIUM. Situé à peu près au centre de l’Excruciator, c’était une gigantesque plate-forme, octogonale. Sur son sol, en une titanesque mosaïque de marbre, le signe des Vengeful Fists était représenté : un gantelet clouté noir, couronné de flammes rouges, symbolisant l’ardent désir de vengeance qui unifiait chacun de notre ordre. A l’extrême nord de la plate-forme, un promontoire sur lequel resplendissait un trône d’argent massif, richement décoré de pierreries, gemmes, et zircons de toutes sortes, toutes rivalisant d’éclat et de beauté, et toutes contribuant à la magnificence du Saint-Cathèdre.
Le Saint-Cathèdre des Vengeful Fists. Chacun de mes frères espérait un jour avoir le suprême honneur de pouvoir y siéger, car seul le Père Supérieur de l’ordre était habilité à un tel geste d’autorité. Je ne faisais pas exception à la règle, et m’étonnai soudain de ressentir un très léger sentiment de soulagement, en me disant que la place était à présent vacante. Cela semblait un outrage à la mémoire de Veïdr, mais je n’étais envahi d’aucun honte.
Du reste, je savais que ma vie à l’intérieur de l’ordre allait dorénavant être un combat de tous les jours, de toutes les heures, de chaque fraction de seconde ; car, malgré les liens qui nous unissaient, la rivalité entre chaque Vengeful Fist pour l’accès au trône était toujours responsable de tensions, au sein de l’ordre.

Actuellement, il y avait deux prétendants au Saint-Cathèdre, chacun d’eux revendiquant ses actes de bravoure, ses qualités de commandeur, de diplomatie, et d’éloquence. L’un s’appelait Lurtz Faor. Il avait été Seigneur Commandeur du Chapître des Brethren of Light, et avait combattu aux côtés de son Maître de Chapître lors d’une guerre interstellaire contre la Flotte-Ruche Harbinger. Après huit mois de bataille acharnée, il se combattit dans un dernier carré désespéré au côté de son Maître et de ses gardes d’honneur ; il fut le seul survivant.
Par la suite, le Chapître des Brethren of Light fut officiellement déclaré anéanti dans son intégralité, et une stèle fut érigée à son Maître de Chapître sur le chemin de la Porte d’Éternité de Terra.
Ainsi, Lurtz devint le tout dernier vestige des Brethren of Light et, envahi par une fureur sans bornes contre la Grande Dévoreuse, se consacra entièrement à l’ordre des Vengeful Fists. Guerrier vétéran, épéiste chevronné, et meilleur tireur d’élite de l’ordre, il était un candidat de choix pour la prétention de Père Supérieur, et sa réputation chez nos frères était telle qu’un seul autre osait le contester.

Cet autre, c’était moi.

Je n’étais certes peut-être pas aussi bon à l’épée que Lurtz, ni aussi adroit et mortellement précis et tir, et il y avait de fortes chances que mon charisme personnel n’arrivait pas à la cheville – si j’ose dire – du sien. Cependant, j’avais un avantage. Un don, une arme que lui ne possédait pas.
J’étais psyker.
Le plus puissant de l’ordre, après Veïdr, et le plus puissant tout court, maintenant qu’il était mort.
Ainsi, outre tout ce que la maîtrise du warp pouvait changer au cœur de la bataille, j’étais doué d’autres aptitudes ayant fortement contribué à mon entrée dans l’Inquisition, quelques décennies plus tôt.
La Volonté, par exemple. Avec un grand V. Le pouvoir de m’immiscer dans l’esprit des individus, et de les faire plier à mes moindres désirs. J’avais plus d’une fois échappé à une mort certaine en ordonnant à mon adversaire de ne pas me tirer dessus et de me donner son arme.
La Prescience, aussi. La possibilité de pouvoir entrevoir une fraction infime de l’avenir proche. Vous conviendrez sans doute que savoir où son ennemi va frapper avant même qu’il y aie réfléchi est fort appréciable pour un soldat.
L’Intuition. Enfin et surtout. Le don le plus important et le plus rare que puisse développer un être doué de pouvoirs psychiques. La faculté de pourvoir déceler les mensonges, les sentiments, les intentions cachées d’un individu. Bien entendu, c’était la carte maîtresse de Veïdr, et c’est ce qui lui permit de succéder à la tête des Vengeful Fists, lorsque le Tenant du Cathèdre dut désigner notre nouveau Père Supérieur.
En effet, c’était le Tenant du Cathèdre qui décidait qui montait sur le trône du strategium – bien que sa décision se fît bien souvent lorsque les Vengeful Fists y apportaient leur unanimité. Actuellement, Ignifistus Traed était le Tenant du Cathèdre.

Lorsque nous arrivâmes sur la plate-forme, Traed nous attendait déjà. Il était vêtu d’une longue robe cérémonielle brune, et tourna vers nous son regard aveugle avant même que nous l’ayons salué.
- Vous voilà enfin, nous lança-t-il de sa voix mièvre et éraillée.
Plusieurs nouveaux venus étaient également présents à ses côtés. Parmi eux, l’escouade Retributor que Janrius avait commandée, son Assassin Vindicare, et un Techmarine à l’armure bistre que je ne connaissais pas. Quand tout le monde fut réuni, Traed s’éclaircit la voix, et commença :
- Mes frères, mes sœurs, salua-t-il toute l’assemblée, comme vous le savez déjà, le temps presse et nous n’avons guère le temps de nous étendre en formalités multiples. Ainsi, poursuivit-il en se tournant vers Janrius et moi, je ne vous présenterai que très brièvement ceux que nous accueillons sur l’Excruciator.
Je crus qu’il allait continuer en nous nommant nos hôtes, mais il ne le fit pas et s’écarta légèrement. Sur ce, l’une des Sœurs de Bataille s’avança à sa place :
- Invidia Seeral, Sœur de Bataille de l’Ordre des Gardiennes de Vaul, affectée au squad Retributor « Premium » de la Basilique Saint-Cède ! scanda-t-elle au garde-à-vous, d’une voix claire et impétueuse.
- La Sœur Supérieure de l’escouade n’est pas avec vous ? demanda Janrius en fronçant les sourcils.
- Sœur Hesperia est actuellement en pénitence de trois jours dans les cellules de la basilique pour avoir gaspillé quatre bolts contre un mutant là où un seul suffisait ! répondit Seeral avec la même véhémence. Aussi, je la remplace au sein de l’escouade et représente la Chanoinesse Preceptor Nathalia Vaydens en ces lieux !
Au ton qu’elle avait employé lorsqu’elle avait annoncé la pénitence de sa consœur, je sus qu’elle ressentait le même sentiment de soulagement que ce que j’avais eu à la mort de Veïdr. Elle aussi devait sans doute aspirer au rang de Sœur Supérieure.
Du reste, j’étais légèrement surpris qu’un soldat se voie envoyé en cellule pour avoir utilisé quatre munitions là où ses supérieurs pensaient qu’une seule aurait suffi. Chez un Space Marine, trois bolts de plus ou de moins ne justifiaient pas cette sanction, pourvu que la lumière de l’Empereur illumine le champ de bataille victorieux. Sans doute cette éternelle recherche de perfection dans chaque geste qu’affectionnait l’Adepta Sororitas.
Pendant que je cogitais, le Techmarine inconnu s’avança à son tour. Immense, il portait un servo-harnais complet, et quatre titanesques servo-bras pendaient de manière tentaculaire dans son dos, deux d’entre eux étant terminés par des pinces d’iridium monstrueuses, tandis que les deux autres portaient lance-flamme et découpeur à plasma. Le symbole de l’Adeptus Mechanicus était imprimé sur son armure d’artificier, rutilante dans la couleur de feu du Clergé de Mars, conservant toutefois le bistre de son Chapître sur la partie pectorale et l’épaulière gauche. A l’éclair ailé qu’arboraient fièrement chacune de ses parties, je reconnus son Chapître comme l’un de la Troisième Fondation, descendant des illustres Whites Scars de Jagatai Khan : les Urban Strikers.
- Camarades, commença-t-il, une voix caverneuse et fatiguée s’extirpant de son casque d’Astartes. Comme l’a justement dit votre seigneur Ignifistus Traed, le temps presse, et je ferai donc que vous résumer les raisons de ma présence ici. En effet, comme vous le savez, je n’ai pas été invoqué par le Inquisiteur Supérieur Vegas Janrius, ni par le Magos Armae Cortecon, ce qui pourrait être. Je ne sais que peu de choses de votre quête sur ces terres, mais j’ai ouï dire que vous seriez en lutte contre un certain commandeur de l’Empire Tau, du nom de Valkyrie. Or, continua-t-il avec plus d’entrain, il se trouve que notre Chapître des Urban Strikers avons…quelques comptes à rendre avec ce même commandeur. Aussi, je suis ici comme porte-parole de mon Maître de Chapître lui-même, et j’ose espérer que nos…actes contre cet ennemi commun pourront corroborer.
Il avait dit cette phrase comme une demande de faveur, mais tous sentirent l’ombre menaçante qui planait sur ses mots.
Cela dit, il recula d’un pas et, revenant à sa place d’origine, Traed nous annonça notre première piste sur les pas du xenos.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 0:57

Après le meeting du strategium, j’étais retourné à l’aire d’entraînement du vaisseau, tandis que Janrius, Selm, et les autres étaient partis faire les préparatifs pour notre nouvelle destination. Le Techmarine m’avait accompagné, et nous étions à présent engagés dans un féroce duel, moitié destiné à apprendre de nouvelles techniques et à analyser nos styles, moitié pour le plaisir de combattre un Astartes.
- C’est bon de se retrouver avec un véritable frère, me lança-t-il, parant mon coup d’épée de sa hache énergétique.
Déviant ma botte, il décrivit un large arc de cercle de son avant-bras ganté, me manquant de justesse alors que je me baissais pour esquiver.

Son style de combat était très différent du mien. J’avais appris la maîtrise de l’épée par un Apothicaire de mon Chapître d’antan, lequel savait manier la lame avec une virtuosité admirable. Ainsi, il m’avait enseigné quels étaient les mouvement élémentaires d’attaque et de défense, quelles zones vitales fallait-il toucher pour tuer, comment fatiguer son adversaire tout se protégeant efficacement, attendant jusqu’à son épuisement pour se fendre dans un coup fatal, orienté de manière à tuer, assommer, ou en tout cas neutraliser l’ennemi.
Varlimos Helblivion – le nom du Techmarine – avait été élevé selon les méthodes des Urban Strikers. Rapide, sauvage, net et précis, chaque geste de son art martial répondait à l’esprit du Khan, et chacun de ses mouvements était destiné à briser les os et à percer la chair. Les quatre servo-bras ne me facilitaient nullement la tâche.

Reculant d’un pas, j’évitai un nouveau coup de hache, et la lame qui aurait du m’occire fit exploser le sol d’iridium sous sa force monstrueuse. Je profitai de l’instant où il retirait son arme du cratère pour lancer mon gantelet énergétique vers le thorax d’Helblivion. Mauvais calcul.
En effet, contrairement à ce que j’avais prévu, le Techmarine ne chercha pas à déterrer sa hache, mais saisissant son manche à deux mains, il poussa dessus pour la faire avancer, la lame fichée dans le sol y creusant une profonde tranchée, alors que son champ disrupteur forait sans efforts l’iridium. Avant que je puisse complètement armer mon coup, la hampe d’adamantium chromé vint percuter mon sternum, et je voûtai l’échine sous la puissance de cette attaque imprévue. A peine relevai-je la tête qu’un énorme gantelet rouge frappa dans ma visière.
Je fus projeté en arrière par la vigueur du poing, et je n’eus même pas le temps de parer le deuxième coup qui vint heurter mon torse, un mince filet de sang coulant par ma bouche.
- Alors, Vengeful Fist, on fatigue ? me lança Helblivion, et je l’entendis arracher sa hallebarde du sol.
Je compris que dans une seconde j’allais être décapité si je ne réagissais pas.
Au son de la lame sifflant en fendant les airs, je bondis instinctivement sur le côté. A l’endroit où je me tenais une seconde avant, je vis la hache creuser un nouveau cratère. Cette fois, je ne tentai pas d’armer mon gantelet énergétique. Brandissant mon épée de force, je fixai mon adversaire et commençai à murmurer :
- Lex imperatoris ducat me…
- Qu… ?
L’étonnement se fit entendre dans la voix d’Helblivion alors que je sentais mes yeux crépiter pendant que la puissance du warp envahissait mon corps. Levant mon arme en position d’empalement, des filets d’énergie pure serpentèrent de ma bouche lorsque que je tonnai :
- FIAT JUS !
Il y eut un claquement métallique lorsque les deux lames s’entrechoquèrent, et un pulsar de lumière blanche éblouit nos visières. Lorsque mes yeux reprirent du service, ce fut à mon tour d’être étonné.
- Deus ex Mechanicus inspirat animo meo…
Je sentis ma prise sur mon arme décroître à mesure que les incantations faisaient leur effet.
Damnation ! J’étais pourtant sûr que mes talents de psyker auraient scellé le sort de ce combat, mais une fois encore, je réalisais à quel point je sous-estimais le Clergé de Mars.
- …vimque potentiam…
Pas de temps à perdre ! Agrippant le manche de mon arme à deux mains, je murmurai moi aussi une nouvelle sentence :
- In mortis igni arma mea splendat et xenos corpus…
- ...ut hostem meo…
- …menti lumen clarissimum…
- …INTERFICERE !
- ...PRAEFERRAT !
Les deux cris de guerre se mêlèrent en une explosion tonitruante d’énergie psychique, et un véritable champ de force psychique nous engloba tous deux lorsque les fureurs du warp vinrent déchaîner leur puissance.

Plusieurs Vengeful Fists étaient présent sur l’aire d’entraînement, tous y venant défier leurs frères et exposer leurs prouesses martiales. Aussi chaque Space Marine était-il plongé dans un duel, truel, voire une véritable mêlée de fer et de flammes, et tous étaient de la même intensité que celle que l’on trouve sur les vrais champs de bataille. Mais lorsque les foudres de l’Empyrean tempêtèrent sur nous dans un tonnerre mugissant, tous se tournèrent vers nous.
Je devinai sans voir leurs regards d’admiration, et lorsque je sentis une aura d’animosité circuler, je sus que Lurtz me voyait aussi.
Cependant, j’étais trop absorbé par mon propre combat pour lui prêter attention. Je déployai à présent toute la puissance de mon être contre Helblivion. Ce-dernier faisait de même. Son armure entièrement parcourue de filins énergétiques grésillants, il pressait la hampe de sa hache de toute sa force d’Astartes, et j’entendis même les jointures de ses brassières craqueler sous l’effort. Il lança ses servo-bras. Je parai de mon gantelet énergétique. Un éclair bleuté parcourut son bras et se dirigea vers moi, mais je le bloquai presque aussitôt d’un faisceau de flammes rouges qui serpenta autour de mon gantelet.
Cela faisait déjà une minute que nous nous opposions dans un véritable duel de volonté, moi faisant appel aux tréfonds de mon âme pour libérer toute la puissance de destruction du warp, lui invoquant les faveurs mêmes de l’Esprit de la Machine pour transformer son armure et sa hache en de véritables corps dévastateurs. Cependant, je sentais que, malgré notre statut quo psychique, sa musculature massive était supérieure à la mienne et, très lentement, inexorablement, nos deux armes entrelacées se rapprochaient de ma gorge. Je devinais qu’à un combat d’usure, je ne pourrais pas le vaincre. Il le devina aussi.
Mobilisant alors mes toutes dernières ressources psychiques, je tentai le tout pour le tout. Brisant le nœud de métal en fusion qui unissait nos armes, je fis un pas en arrière et, soulevant mon gantelet énergétique, je le chargeai de toute ma puissance et le lançai contre le Techmarine. Un sifflement strident retentit dans la salle lorsque le poing scintillant de lumière fendit les airs et, l’espace d’un instant, son image devint floue, comme si la force de l’Empyrean déployée avec une telle rage provoquait une distorsion entre Immaterium et réalité. Helblivion, anticipant le coup, brandit sa hache énergétique à deux mains et, d’une attaque ascendante, dévia mon assaut dans un arc de cercle luminescent. Comme je l’avais prévu.
Profitant de la diversion du gantelet énergétique, que n’importe quel adversaire aurait pensé être un coup mortel – ce qui était vrai, en somme – , j’avais en fait lâché mon épée de force et dégainé mon fulgurant. Je sentis la surprise envahir l’esprit d’Helblivion lorsqu’il vit la bouche d’adamantium contre son sternum. Mais presque aussitôt vint un sentiment d’amusement.
- Qu’est-ce que tu comptes faire contre moi avec un simple bolt…, commença-t-il.
Il n’eut pas le temps de continuer. Une détonation tonitruante se fit entendre lorsque j’appuyai sur la détente, et une nova de lumière blanche illumina le canon lorsque la charge du bolt explosa contre l’armure d’artificier.

C’était terminé. Gisant sur le sol de l’aire, Helblivion était étendu de tout son long, ses servo-bras titanesques pendant en angles étranges tels les bras sans vie d’un pantin désarticulé. A l’emplacement du plexus solaire, un trou béant fumait, et du sang ruisselait de la chair carbonisée. Levant faiblement son visage casqué dans ma direction, le Techmarine m’intima – car sa voix n’était plus qu’un murmure :
- Comment…comment se fait-il…qu’un simple bolt…
- …aie pu percer une armure énergétique forgée par un maître artificier, et protégée par un champ de force psycho-magnétique ? finis-je pour lui.
En guise de réponse, je sortis un chargeur de mon ceinturon et le lui lançai.
- Bolt de…psycanon ! s’exclama-t-il dans un souffle dès qu’il aperçut les obus finement ouvragés, enchaînant d’un juron mi-furieux, mi amusé par cette ironie du sort. L’une des plus belles merveilles de l’Adeptus Mechanicus…et je me fais avoir par ça…
Soudain, un borborygme s’extirpa de sa gorge, et sa tête retomba en arrière. Aussitôt, un Apothicaire s’élança vers lui et, aidé par un sergent avec lequel il combattait en duel quelques instants plus tôt, il souleva son corps de colosse, et le transporta vers l’Apothecarion.
Helblivion ne pouvait plus parler, mais la traînée psychique de défiance qu’il laissait derrière lui me fit savoir qu’il était toujours conscient ; et qu’il était déjà impatient de prendre sa revanche
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 0:58

CHAPITRE 4 :

Nous étions à nouveau sur le sol de Vaul Premium, stationnés dans la capitale de Lazel-Haze. Cependant, outre la révérencieuse Basilique Sain-Cède où nous nous étions arrêtés la première fois, je constatai que la ville-ruche n’était en fait – à l’image de toutes les villes-ruches – qu’une gigantesque fourmilière humaine, polluée, brumeuse, grouillant d’une innombrable vermine qui se voulait le genre humain. Je mesurai plus de deux mètres trente et mon champ de vision était supérieur à celui de bien des hommes. Néanmoins, aussi loin que mon regard bio-amélioré pouvait scruter la ville, ce n’était qu’un gargantuesque dépotoir, manants et mendiants gisant dans les rues parsemées d’ordure, les seuls êtres bien portants étaient des marchands gras et opulent, aux petits yeux porcins et avares, et aux corps boudinés vêtus de riches parures dorées ; au-delà de cette vision, ma vue se brisait sur les lointaines tours de la ruche, embués de brouillard, et semblant des lames menaçantes dressées vers les cieux.
J’étais au cœur de Vlader Thrime, les bas-quartiers miséreux de Lazel-Haze.

Je marchais dans les ruelles puantes du quartier nord. Je ne portais pas d’armure et n’étais vêtu que d’une robe de cuir épais, munie d’un capuchon à larges bords qui dissimulait mon visage. Cet accoutrement était destiné à amoindrir les soupçons dont j’aurais inévitablement été victime, si je me baladais ici avec un tel signe d’autorité impériale. Amoindrir, seulement. En effet – et cela n’avait rien d’étonnant – , même si je n´étais pas engoncé dans ma deuxième moitié, je demeurais un Astartes. De fait, il se trouvait que je dominais de deux têtes toute cette bande de loques humaines, et je sentais leurs regards méfiants essayer de me dévisager lorsque je passais devant eux.
Et encore, j’étais seul.
Nous nous étions tous séparés lorsque nous atterrîmes dans Vlader Thrime, d’une part pour multipler nos chances de remplir l’objectif, d’autre part parce que se promener à cinq dans les bas-fonds, dont deux Astartes, équivalait à brandir une bannière avec nos noms dessus, le signe de l’Inquisition, et une petite annonce pour recherche de trafiquants, contrebandiers, et marchands d’artefacts xenos en tous genres.
Ainsi, nous avions été dispatchés un par un dans la ville, chacun ayant un point cardinal à sa disposition. Je me chargeais du nord, Janrius du sud, Selm de l’ouest, Eloriel de l’est, et Helblivion furetait vers le centre où il disait connaître un réseau d’alliés du Clergé de Mars.

J’entrai dans ce qui me parut être le meilleur endroit pour commencer mes investigations. Bar, café, simili-hôtel, je n’aurais pu définir de quoi il s’agissait, mais lorsque je vis les tables bondées d’êtres sombres et patibulaires, ainsi qu’une quantité disproportionnée des marchands grassouillets que je voyais lorgner comme des charognards dans les rues auparavant, je m’étonnai que l’on ne puisse pas trouver d’informations plus ou moins officieuses dans ce lieu de perdition. Je commandai une eau-de-vie, et allai m’asseoir seul à une table.
Un craquement sonore suivi d’un grognement furieux se retentit soudain dans la salle. A quelques tables de moi, je vis une bande de brutes épaisses qui grommelaient avec frustration. Sur la table vermoulue et crasseuse, deux autres brutes particulièrement massives se serraient la main, et je devinai à leur position et à la paume rouge et saignante de l’un d’eux qu’ils venaient de s’affronter au bras de fer. Je ne tardai pas à m’apercevoir que les autres matamores avaient eux aussi la paume rouge.
- Alors, fillette, c’est tout ce que tu sais faire ? s’exclama celui qui avait gagné, un sourire goguenard illuminant son visage balafré.
Sans répliquer, le vaincu extirpa une liasse de billets de sa poche, et la lança d’un air bougon sous le nez de l’autre. Celui-ci ne s’offensa pas le moins du monde de cette conduite dédaigneuse, et fourra avidement le paquet dans son pantalon. Puis, se levant de sa chaise, il bomba le torse et lança à travers le bar d’une voix tonitruante :
- Alors, quelqu’un d’autre parmi toute cette bande de tapettes pour s’opposer à moi ?
Personne ne réagit. Je me levai à mon tour.
J’ai dit il y a quelques instants que je dépassais tout le monde ici de plus de deux têtes. Les barbares qui me faisaient face étaient tous de véritables montagnes de muscles. C’était des nains à côté de moi. Je vins me planter devant le fanfaron. Il me regarda d’un air surpris, d’une part parce qu’il ne s’était manifestement pas attendu à ce que quelqu’un relève son défi, et d’autre part parce qu’il était – à l’instar de tous ses camarades – manifestement ébahi par ma musculature.
- Tu as de l’argent j’espère ? me demanda-t-il cependant sans se démonter.
- Pour parier ? demandai-je d’une voix neutre. Ou pour régler tes frais d’hôpitaux ? ne pus-je m’empêcher d’ajouter avec un sourire narquois.
Il voulut répliquer mais j’abattis mon coude sur la table, et la fissure qui parcourut toute la longueur de la table le dissuada de poursuivre. Se rasseyant, il fit de même, attrapa ma paume tendue, et lança tout le poids de son corps dans son biceps droit.
Une seconde. Je le laissai prendre l’avantage et laissai descendre ma main ; puis au bout d’une seconde, je tournai simplement le poignet et écrasai ses doigts boudinés sur la table. Il poussa un mugissement de douleur lorsque son bras tout entier passa à travers le meuble fracassé, et qu’il s’écrasa lourdement sur le plancher boueux.
Aussitôt, le cercle de brutes bondit sur moi en vociférant, piqués au vif par l’humiliation que je faisais subir à celui qui était apparemment leur chef.
Un poing virevolta vers mon ventre. Je le saisis dans ma paume et le brisai sans effort. Deux autres vinrent à gauche et à droite. Prenant appui sur une jambe, je décochai un coup de pied circulaire magistral, et un arc-en-ciel de vapeur rouge jaillit des bouches des deux assaillants lorsqu’ils furent percutés par l’épaisse botte cloutée. Lorsqu’il me vit mettre ses pairs au tapis avec une telle aisance, un quatrième recula d’un pas, hésitant. Puis, saisissant une chaise à bout de bras, il poussa un hurlement de rage et l’abattit sur moi. Broyant le meuble d’un coup de poing, je le pris par la tête et, d’une pression de la main, fit exploser son crâne dans un pulsar macabre.
Autour de moi, une rumeur terrifiée commença à bourdonner et plusieurs cris consternés suivis de bruits de pas affolés retentirent. A mes pieds, le leader des brutes me fixait des yeux, hagard. D’un geste précipité, il sortit une bourse de sa poche, et me la tendit de sa main sanguinolente. Je le repoussai d’un coup de pied et lui lançai :
- Je me moque de ton argent, loque humaine. Je suis ici pour des informations.
- Des…, bégaya-t-il, la bouche en sang.
Je m’approchai pour un deuxième coup de pied mais il reprit aussitôt ses esprits.
- Non, pitié, plus de coups ! J…je ne suis pas originaire de ce système, moi et mes hommes venons d’arriver dans cette ville pour…des affaires.
- Comment êtes-vous arrivés ici ? demandai-je d’une voix austère.
- N…nous étions embarqués dans un vaisseau-cargo qui transportait des cargaisons agricoles. Nous faisions partie de la Sécurité Navale, mais…., ajouta-t-il avec un regard éloquent, vous savez comment sont traités les agents dans ce genre de trou à rats volant…
- Vous avez déserté ? devinai-je sans faire attention à son air apitoyant.
D’un hochement de tête il approuva. Des déserteurs. De mieux en mieux.
- Et du coup, comme vous pouvez vous en douter, nous ne savons pratiquement rien sur ce qui peut se tramer dans le système, acheva-t-il dans une excuse implicite suppliante.
Il y eut un instant de tension durant lequel je gardai sur lui mon regard inquisiteur. Puis, à son grand soulagement, je me détournai de lui…et me retournai dans un dernier coup de pied si puissant qu’il arracha littéralement la tête du déserteur. Il y eut à nouveau des braillements horrifiés, mais je n’y prêtai nulle attention. Fouillant dans une poche de ma robe, je sortis du bistrot d’un pas pressé. Dégoupillant ma bombe à fusion, je la jetai à l’intérieur du bar sans me retourner.
Une explosion assourdissante retentit mais je continuai à marcher.

Échec. Le mot obsédait mon esprit, alors que j’étais à la recherche d’un autre centre potentiel d’informations.
Je fis volte-face. Un son de bruissement venait de parvenir à mes tympans bio-améliorés. En garde, je scrutai la pénombre, guettant le moindre mouvement dans l’épais brouillard qui planait sur Vlader Thrime. Rien. Sans me relâcher, je me retournai lentement.
- Bonjour.
Instantanément, je plongeai ma main droite dans ma robe. Sinon les grenades, je m’étais armé d’un pistolet bolter, modèle Godwyn, compact, ayant laissé mon fulgurant modèle Terminatus et mon épée de force, trop encombrants et bien trop suspects. Dégainant en une fraction de seconde, je l’armai et le pointai droit devant moi.
Mais qu’avais-je devant moi ?
Immense, vêtu d’une robe noire semblable à la mienne, une silhouette massive et corpulente me faisait face. Huit clous d’acier étaient plantés dans son visage mince et osseux, dont les longs cheveux d’argent semblaient se fondre dans la pâleur cadavérique de son visage albinos. Une seule cicatrice trouait sa face livide, enfoncée au milieu de son front tel un œil cyclopéen borgne et coagulé. Par cette dénotation, je sus qu’il était un Astartes, en service depuis quatre-vingts ans et qui, à en juger par sa lividité caractéristique, devait être du légendaire Chapître des Bone Stingers, tous atteints de cette anomalie génétique – bien qu’en vérité cette couleur soit caractéristique de quiconque passant la majorité de sa vie sous un casque. A sa seule cicatrice, je devinai qu’il était un combattant hors-pair ; et qu’il s’était pris une balle dans la tête.
Soulagé de me trouver avec quelqu’un de ma race, je ne pus cependant réprimer un étrange sentiment de vide lorsque je lui serrai la main. Elle était glaciale.
Il prit la parole en premier :
- Révérend-Père Lauvitz Engelson, je présume ?
- Lui-même, répondis-je en me débarrassant de mon capuchon. A qui ai-je l’honneur ?
L’Astartes resta en suspens une fraction de seconde, puis se ressaisit et s’introduit en souriant :
- J’oublie les bonnes manières, on dirait ? Mon nom est Luca Velminzey, Capitaine de la Compagnie des Psycho-Nihilistes du Chapître des Bone Stingers. Mais, vous l’aviez déjà deviné, n’est-ce pas ?
Je compris alors l’impression de vide qui m’avait envahi un instant auparavant. Un sentiment d’admiration s’y ajouta.
Les Bone Stingers étaient un Chapître de la Cinquième Fondation, issu de la Légion des Salamanders. Comme eux, ils étaient réputés pour leur approche stoïque et pragmatique de la guerre mais, là où les ardents fils de Vulkan guerroyaient avec l’ardeur flamboyante de leur monde natal, les Bone Stingers étaient des tueurs froids, impitoyables, dont la ténacité héréditaire prenait la forme d’une apathie à la douleur lorsqu’elle se mutait avec leur tempérament austère. Ainsi, ces guerriers étaient connus comme étant parmi les plus terribles de l’Imperium car, ni les flammes, ni les fers, ne pouvaient stopper leur avancée inexorable et mortelle ; et leur impassibilité aux suppliques désespérés de leurs ennemis en faisaient également de redoutables bouchers.
Toutefois, parmi les membres de ce cruel et impavide Chapître, la Compagnie des Psycho-Nihilistes dépassait de loin tous les talents de leurs frères. En nombre extrêmement restreints – leurs effectifs s’élevaient à une trentaine d’adeptes au sein du groupe - , ils étaient sélectionnés selon deux critères ; premièrement, chaque Psycho-Nihiliste était un combattant exceptionnel, enseigné à l’art de la guerre depuis son plus jeune âge, et étant doué de capacités physiques hors du commun ; deuxièmement, c’était un Intouchable.
De là venait cette étrange sensation de néant ; inondé par l’aura d’annulation de l’Astartes, j’avais perdu d’un coup tous mes pouvoirs psychiques. Le fait de ne plus pouvoir utiliser ma carte maîtresse pour me défendre me crispait un peu.
- Effectivement, je m’en doutais, répondis-je.
- J’ai senti votre trouble lorsque je vous ai touché, m’expliqua-t-il avec un rictus malicieux.
Il y eut un instant de silence et il me dit soudain d’une voix méfiante :
- Venez, les lieux ne sont pas sûrs.
Je devinai qu’il avait des informations pour moi et suivis sa silhouette fantomatique sans répondre.

Luca Velminzey. A cet instant précis, je ne savais pas encore que cet homme allait faire basculer toute mon existence dans la folie.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 1:08

Nous marchâmes pendant une demi-heure environ, et ni moi ni lui n’échangèrent une parole. Lorsqu’il me fit signe de m’arrêter, nous étions devant ce qui semblait être une sorte de temple, grisâtre, morne, sans fenêtres. Lorsque j’en franchis le seuil de pierre rongé par le temps, je compris que ce n’était pas un temple.
C’était un tombeau.
Me tournant vers Velminzey, j’ouvris la bouche pour parler mais il commença avant :
- A qui est ce tombeau ? devina-t-il avec son même sourire goguenard. A moi.
Voyant que je fronçais les sourcils, il ajouta :
- Je suis déjà mort.
Une fraction de seconde. Instinctivement, je sortis mon pistolet bolter et le pointai sur son front.
- Calme, frère ! s’exclama-t-il en reculant d’un pas.
Loin de me calmer, j’armai mon pistolet et le braquai plus fermement vers lui. Il avait quelques millisecondes pour s’expliquer.
- Du calme ! répéta-t-il en reculant encore. C’est une métaphore, je ne suis pas vraiment mort ! Mais, nous autres Psycho-Nihilistes n’avons jamais une espérance de vie très longue à cause des dangers au-devant desquels on nous envoie. Psykers alpha, sorciers du chaos, inquisiteurs fous… Alors, notre caveau est déjà pré-construit et, après avoir repris nos glandes progénoïdes, on nous y enterre.
Hum. Sans détendre ma garde, je baissai lentement mon arme vers le sol. Avec un soupir soulagé, Velminzey s’approcha précautionneusement de moi et, lorsque je fus tout à fait calme, me fit signe de m’asseoir.
- Vous avez des sièges dans un tombeau ? demandai-je avec surprise.
- En vérité, non, répliqua l’autre, je les ai amenées moi-même.
- Vous…venez souvent ici ?
- De temps à autres, me répondit-il distraitement. Pour des « réunions » entre frères. Nous, les Bone Stingers – mais je crois que ça se sait déjà – avons une certaine…affection pour ce genre d’endroit.
Effectivement, cela se savait. Le Chapître des Bone Stingers était connu pour être, entre autres froid et cruel, assez macabre dans ses traditions, et le respect des morts tenait une place importante dans leur culture. D’autre part, je m’étonnai de voir la crypte si spacieuse.
- Mais je ne vous ai pas fait venir ici pour vous parler des coutumes de mon Chapître, n’est-ce pas ? me lança la voix austère de Velminzey
Je reportai mon attention sur lui.
- Vous avez des informations sur les agissements du Commandeur Valkyrie ? allai-je droit au but.
- Précisément, approuva-t-il en s’asseyant à son tour. Géographiquement et intentionnellement.
- Qu’entendez-vous par « intentionnellement » ? demandai-je, intéressé.
- Je veux dire que je connais la raison de leurs actes, pourquoi ont-ils fait irruption dans le système de Vaul alors que rien n’y prévoyait ; et pourquoi est-ce qu’ils ont tué Maestus Veïdr.
Au nom de mon ancien maître, une flamme dans mon esprit s’aviva.
- Alors ils ne sont pas venus ici pour coloniser les mondes de Vaul ?
- Non, pas du tout, répondit-il, amusé. Ils sont venus ici pour quelque chose de beaucoup plus…sombre.
- Et qui a à voir avec Maître Veïdr ? ajoutai-je, pressant.
Il sourit encore et, pour toute réponse, sortit de sa poche deux séquenceur holographique qu’il me tendit. Tirant la mollette d’allumage, j’actionnai le premier et le mis en marche. L’objet s’éleva alors dans les airs et le tombeau se transforma en un paysage de mort.

***

Partout où mon regard tombait, ce n’était qu’horreur et désolation. Des cadavres jonchaient une terre blessée par de profondes déchirures d’où s’extirpaient des coulées d’un fluide violacé et grumeleux. Végétations, bâtisses, rien ne s’élevait sur la glaise éventrée de ce monde de cauchemar. Je levai les yeux. Le ciel était nu de toute vie et une brume trouble et rougeâtre venait le tâcher par endroits en larges bandes de magma terne et sale, comme si, à l’instar du sol terrestre, la voûte céleste souffrait en plaies oblongues et sanguinolentes. L’insanité morbide du lieu m’apparut en toute-puissante lorsque je vis une des traînées de brouillard se condenser sur elle-même pour former un visage difforme et torturé. La bouche de zéphyr s’entrebâilla lentement et se tordit en une complainte irréelle et lugubre où, je l’entendais clairement, résonnaient à la fois les voix d’un vieillard sénile, d’une jeune femme, et avec eux les braillements terribles et malsains d’un chœur de milliers de nourrissons – et on eut dit à leurs cris que ces nourrissons subissaient les souffrances les plus atroces.
Le warp.
Automatiquement, je plongeai la main dans ma robe pour en sortir mon pistolet bolter ; avant de m’apercevoir que je n’avais plus ni robe, ni pistolet bolter. Je jetai un regard sur mon corps et m’aperçus que j’étais totalement nu. Au même moment, un rugissement bestial retentit devant moi et, dans un geyser d’humeur pourpre, une forme gigantesque s’extirpa d’une des anfractuosités de la terre.
Mesurant près de huit mètres de haut, la créature était réellement colossale et j’eus une pensée presque compatissante pour le serviteur de bronze que j’avais affronté avec Janrius quelques jours avant dans l’aire d’entraînement. C’était un gnome par rapport à ce qui me faisait face. Noir, hérissé de pointes, vaguement humanoïde avec des bras de la taille de Rhinos, terminés par des griffes dont la moindre était plus grande que moi. Je me demande aujourd’hui à quelle divinité ce mastodonte démoniaque pouvait bien appartenir mais, sur le moment, il se trouve que je n’y fis pas attention.
J’étais nu, désarmé, face à un monstre trois fois plus grand que moi. Ça s’annonçait mal. L’être fit un pas vers moi et je compris aussitôt que je n’avais plus le temps de réfléchir.
- Epicus furor, tua iram solvat...DEVASTATIO !
Ma condition de Deathwatcher m’avait blindé des plus puissantes incantations et contre-sorts possibles contre la menace xenos – eldar, notamment – , mais je n’avais toutefois qu’une connaissance très générique des liturgies de bannissement des démons et autres hôtes du warp ; celle que j’utilisai était une décharge terrifiante d’énergie pure, et était par défaut mon attaque mentale la plus efficace et la plus polyvalente. J’y concentrai toute ma force psychique en espérant blesser, et peut-être tuer, mon adversaire.
La stupéfaction m’envahit lorsque je vis le flux torrentiel traverser le monstre sans même le faire ciller. L’apparition poussa un nouveau beuglement de rage, et fit un pas de plus dans ma direction. Je voulus préparer une deuxième attaque, mais des filets d’étincelles crépitantes me brûlaient les bras et les faisaient trembler si fort que je n’arrivais même plus à les joindre. La créature me chargea.
Ce fut de loin la sensation la plus étrange de ma vie que de voir un colosse de huit mètres, mugissant, bavant, faisant trembler la terre à chacun de ses pas, passer au-travers de mon corps sans aucune douleur, aucune souffrance et, pour ainsi dire, sans aucune sensation. J’avais serré les dents et m’étais tenu dans toute la droiture, toute la majesté qu’un Révérend-Père Vengeful Fist nu face à sa mort pouvait avoir ; et ne ressentir même une brise sur mon corps dévêtu fut un instant pour le moins étrange. Je restai là, abasourdi, quand un cri d’agonie se fit entendre derrière moi.
Je fis volte-face, et un sentiment d’admiration et de haine s’empara de moi. Sans que je l’ai remarqué, un autre Astartes s’était tenu derrière moi depuis le début de l’enregistrement – car la mémoire m’était subitement revenue, et je savais que tout cela n’était qu’une séquence holographique, irréelle. Il venait d’être percuté par la monstruosité et voltigeait à présent dans les airs. Le temps semblait maintenant tourner au ralenti, et je pus voir précisément chacun de ses traits. Engoncé dans une armure d’artificier argentée enluminée de divers motifs mortuaires, un eviscerator démesuré dans la main gauche et dont la lame criblée de dents était enduite d’un liquide violacé. Son visage albinos, fin et altier, ridé sous l’effet de la douleur, était voilé par une crinière immaculée de blancheur, qui s’élançait dans un mistral glacé au-devant de sa silhouette en suspens ; et je fus émerveillé devant la beauté sidérante de ce géant d’airain que la mort venait faucher elle-même.
Un craquement effroyable se fit entendre lorsque je vis son bras droit se détacher du reste de l’épaule, la chair se déchirant et le fer se froissant dans une déflagration écœurante. Le temps reprit soudain son cours normal et je vis le corps mutilé du Bone Stinger projeté à travers le firmament ensanglanté. Son cri se perdit dans l’infinité du warp et je ne le vis plus. Une seconde. Un temps d’arrêt où tout se figea, le fluide pourpre cessa de couler, les volutes cosmiques cessèrent de chuinter, le démon cessa de grommeler ; comme si tous avaient soudain été troublés par quelque chose d’étranger. La difformité se tourna dans ma direction ; bien que je sus que ce n’était pas moi qu’elle regardait. Une vibration sonore résonna lorsqu’il huma l’air souillé de ses énormes naseaux, et des flammes en sortirent lorsqu’il expira. Alors, d’un souffle rauque et guttural qui vint faire palpiter chacune des molécules de mon corps, il murmura de manière très lente, en séparant chaque syllabe :
- Lauvitz…Engelson.
Une prise d’acier me ceintura et le monde disparut.

***

- Engelson ! ENGELSON !
Ouvrant les yeux, je me dressai d’un bond.
- Où…suis-je ? articulai-je d’une voix faible.
Le souvenir du démon fusa dans mon esprit et la mémoire me revint.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? demandai-je.
Le visage albinos de Luca Velminzey me dévisageait d’un air perplexe. Une vague inquiétude se lisait dans ses yeux.
- Qu’avez-vous vu ? me lança-t-il.
La pointe de méfiance qui perçait dans sa voix m’incita à répondre.
- Un…paysage de mort. Des cadavres partout, des crevasses dans le sol, un liquide violet qui en sortait, énumérai-je à mesure que la vision de cauchemar se précisait dans ma tête. Un ciel gris, parsemé de brumes rougeâtres…des visages à l’intérieur.
- Des visages ? répéta le Bone Stinger. En avez-vous reconnu ?
- Qu… ?
- Avez-vous reconnu des visages parmi ceux que vous avez vus ?! s’impatienta-t-il d’une voix pressante.
- Hum…non, répondis-je en analysant les faciès grotesques qui avaient illuminé les cieux.
- Bien. Qu’avez-vous vu d’autre ?
- Un démon. Un démon gigantesque, huit mètres de haut, noir avec des pointes et des griffes.
- Mmh…, marmonna l’albinos, semblant réfléchir. Et après ?
- Il s’est tourné vers moi. J’ai cru qu’il m’avait vu, avouai-je. Mais il m’a traversé et a tué un Bone Stinger qui était derrière moi. Puis il y a eu un moment de pause et…
Le souffle rauque de la créature me fit l’effet d’une décharge électrique dans le corps lorsque la simple pensée m’en revint.
- Et il s’est tourné vers moi, achevai-je.
- Qui ? Qui s’est tourné vers vous ?
- Le démon.
- Impossible, c’est un enregistrement. Il s’est tourné dans votre direction, mais…
- Non, le coupai-je.
- Comment ça, non ? s’étonna-t-il en haussant un sourcil.
- Il ne s’est pas tourné dans ma direction. Il s’est tourné vers moi.
- Mais…
- Il m’a parlé, l’interrompis-je à nouveau. Il a prononcé mon nom.
Silence. Velminzey ne répondit pas, mais l’inquiétude qui mangeait ses pupilles glacées luisait plus fort que jamais. Il leva les yeux d’un air pensif et, sans me regarder :
- Le Bone Stinger que vous avez vu s’appelle Khazeeus Nosgorath, expliqua-t-il. C’est notre Maître de Chapître, le plus glorieux et le plus puissant de nos frères.
En effet, Khazeeus Nosgorath était réputé à travers tout l’Imperium comme, à l’image de son Chapître, l’un des guerriers les plus illustres et les plus impitoyables. On le disait au niveau de Marneus Calgar ou d’Azraël eux-mêmes, et les archives impériales ne manquaient pas de rapports de bataille victorieux à son sujet, de campagnes centenaires couronnées de succès, ou d’exploits martiaux extraordinaires. Son plus grand acte de vaillance et de bravoure fut son duel épique contre le Nightbringer lui-même, au cours duquel il tint tête au C’tan pendant plus d’une heure de combat acharné, déchaînant de véritables déluges d’énergie pure contre l’entité divine avant de finalement le vaincre, aidé par le Maître Archiviste Phantasos et le Capitaine de la Première Compagnie Thoriel Krieg, déployant à eux trois un ouragan psychique si dévastateur qu’il désintégra littéramement le nécroderme du Dieu des Étoiles. Une telle prouesse les avait tous trois rendus célèbres dans toute la galaxie, mais tous savaient que le véritable vainqueur du combat était Nosgorath ; et, là où la majorité en était terrorisée, les Astartes admiraient cet Élu de l’Empereur.
- Je sais sa valeur au combat et sa victoire contre le Nightbringer, dis-je, et la répercussion de la gloire de son maître fit sourire Velminzey.
- Oui, c’est un homme exceptionnel, approuva-t-il. L’enregistrement vous montrait son duel à mort contre le Démonolithe Eldohstan.
- Un Prince Démon ? demandai-je.
- Non. Bien plus puissant, ajouta-t-il, et son sourire s’effaça. Une créature de la pire engeance, jaillie des entrailles mêmes de l’Immaterium. Nous l’avons rencontré sur un orbe mort à proximité du système de Vaul. La vision que vous avez vu n’est pas une projection dans le warp. C’est la planète elle-même qu’Eldohstan a remodelé selon ses désirs.
- Il a déchiré la réalité de ce monde pour la mêler avec l’Empyrean ? questionnai-je, sidéré par un tel pouvoir.
- Précisément. Vous comprenez donc pourquoi est-ce qu’une monstruosité pareille nécessitait l’expérience de notre Maître de Chapître lui-même.
Je comprenais fort bien, en effet. Cependant, un détail me troublait.
- Je n’ai pas vu Phantasos et Krieg sur l’enregistrement.
- Eldohstan les a tué, répondit-il.
- Quoi ?
Ce trio de guerriers était parvenu à bout du Nightbringer lui-même et tous s’étaient faits tuer par un seul démon ?
- Il ne les a pas vraiment tués, rectifia le Bone Stinger. Mais c’est presque la même chose. Il a déchiré leurs esprits et ils sont maintenant dans un état entre la vie et la mort. Vous avez l’air surpris que ceux qui aient détruit un C’tan soient vaincus par un Démonolithe, ajouta-t-il avec un rictus nerveux. Mais sachez que dans le warp, tout est différent.
Je restai toutefois interdit devant un tel massacre.
- Maître Nosgorath n’est pas mort, lança Velminzey.
L’image du corps resplendissant de l’albinos projeté dans les airs par huit mètres de férocité pure s’imposa à moi. Vous comprendrez qu’associer cela à la survie de l’Astartes me faisait douter au plus haut point.
- Je sens que vous ne me croyez pas, continua-t-il comme s’il lisait dans mes pensées. Je peux cependant vous jurer que c’est la pure vérité. Maître Nosgorath est dans le même état que Maître Phantasos et que le Capitaine Krieg, mais il est néanmoins toujours en vie.
Je n’osais contester mais une partie de moi restait tout de même sceptique ; ou tout du moins pensait que, si Nosgorath était toujours vivant, alors les chances qu’il se rétablisse jamais étaient proprement infimes. Soudain, une question jaillit de mes lèvres.
- Qu’est-ce que tout cela a à voir avec les Vengeful Fists ou le Commandeur Valkyrie ?
Velminzey fronça les sourcils et me répondit d’une voix comme résignée :
- Ce que ça a à voir, c’est que l’Éthéré qui dirige Valkyrie et sa flotte est possédé par Eldohstan.
- Comment le savez-vous ?
D’un geste de la main, il m’indiqua le deuxième séquenceur.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 1:15

La scène était radicalement différente de ce que j’avais vu dans la première séquence. Là où le sol y avait été de glaise terne et fumante, l’infinité blanchâtre gelait ici le paysage. Des monticules glaciaires s’étendaient à perte de vue et perçaient dans la neige tels des diamants menaçants, luisant de l’éclat d’un soleil pâle et blafard. Un blizzard polaire déchirait les cieux livides, son hurlement glacial sonnant comme une lamentation fausse et discordante.
J’étais à nouveau nu et désarmé, bien que mon corps ne souffrît nullement du froid dans cet univers irréel. Une clameur inhumaine me fit tourner la tête ; et la haine enflamma mon esprit.
Déchirant la blême étoffe de l’horizon, l’ombre herculéenne d’une armure tactique dreadnought me faisait face ; mais les rangées de pointes sanglantes, les runes gravées dans l’iridium, les symboles démoniaques flamboyant de leur lueur vacillante et rosée indiquaient qu’il s’agissait là du plus infâme, du plus horrible, et sans conteste du plus puissant des ennemis de l’Humanité : un Astartes des Légions Renégates. Plus grand que moi, sa silhouette monumentale était cambrée en avant, ce qui lui donnait un air encore plus menaçant alors que de son heaume s’exhalaient les vapeurs souillées du vice. Il poussa un nouveau hurlement et la terre trembla sous la rage incontrôlée. Face à lui, une créature malingre au teint bleuâtre semblait lui tenir tête.
Devant mesurer près d’un mètre soixante-dix – était-ce à dire un mètre de moins que le Marine du Chaos – , le challenger ne portait aucune armure, et son vêtement se limitait à une sorte de veste noire, ouverte, d’un pagne et d’une cape, noirs aussi.. La température arctique ne semblait même pas le faire frissonner, pas plus que les énormes grêlons qui venaient se briser contre son cuir azur. Pas de nez, une natte cerclée d’or blanc, les bras et le visage couvert de tatouages ; je reconnus un Aun’O Tau dans toute sa splendeur.
Il y eut comme un éclair. Le Terminator leva son bolter jumelé titanesque, et son chargeur à tambour fit un bruit de tonnerre grondant lorsque les obus fendirent l’air. A une vitesse que je n’aurais pas cru possible, le Aun roula en avant et les bolts surchauffés allèrent embraser la neige. Bondissant sur l’Astartes, il lui décocha une attaque si fulgurante que mes yeux bio-améliorés distinguèrent à peine le mouvement de sa lance lorsque la lame en décrivit un large arc de cercle miroitant, heurtant le Marine du Chaos au niveau de l’épaule gauche. Les deux fers s’entrechoquèrent dans un clang retentissant et des étincelles churent sur l’épaulière de céramite. Mais le colosse ne bougea pas. En fait, il ne sembla même pas ressentir de douleur. Saisissant la hampe de l’arme dans son énorme gantelet énergétique, il la souleva à bout de bras et la fit tournoyer dans les airs avant de catapulter le Tau plus d’une dizaine de mètres plus loin. S’écrasant sur une butte de glace avec un bruit mat, le Aun s’effondra dans la neige.
Et se releva aussitôt.
Une large plaie courait sur tout son torse ensanglanté, l’un de ses bras était tordu dans un angle peu naturel, et une large balafre déchirait son front – de laquelle je m’aperçus avec répulsion que sa cervelle était en train de couler, perlant en grosses larmes de sang bleuâtre sur son visage. La stupeur m’envahit lorsque je vis qu’il souriait. Le souffle rauque qui s’extirpa de ses lèvres exsangues m’illumina :
- Alors, c’est tout ce que tu sais faire ?
Ses mots n’étaient qu’un susurrement feutré, mais ils résonnèrent à mes oreilles de manière aussi audible que s’il me les y avait chuchoté.
Il est vrai que, de manière générale, les sens des Astartes sont si développés qu’ils peuvent capter presque parfaitement des sons que des humains normaux n’entendraient même pas. Cependant, ce qui se passait ici n’était nullement du à mes sens surhumains, mais à autre chose que je connaissais hélas tout aussi bien. Fourbe, insidieuse, perfide, mensongère, fléau des hommes et des âmes vivantes ; telle était l’horrible et fallacieuse possession démoniaque.
Un flash aveuglant s’irradia du corps du Aun et, en l’espace d’une fraction de seconde, il était nez à nez avec le Terminator. Celui-ci, pris au dépourvu, fit un pas en arrière et leva à nouveau son bolter pour tirer mais, avec une célérité impossible pour des chairs mortelles, l’Éthéré prit appui sur la lame de sa lance et virevolta au-dessus du Space Marine. Je crus d’abord à une simple manœuvre d’esquive, puis fut proprement déconcerté lorsque je vis le sang gicler en une fontaine macabre du renégat. Parcourant toute la longueur de son dos, une faille béante labourait son armure, passant entre les deux omoplates dans un coup rectiligne parfait.
Il me fallut un instant pour comprendre que c’était le Tau qui venait de porter cette attaque. Il avait bondit au-dessus de l’Astartes et avait effectué un saut périlleux pour trancher sa cuirasse dans un coup ascendant. La vitesse et la précision démentielles d’un tel assaut tenait du véritable prodige, et j’eus sur le coup une courte pensée pour mon ancien Maître de Chapître en me disant que ce devait être devant la promesse d’une telle puissance qu’il avait du succomber à l’appétit du warp. Cette idée fut aussitôt vaporisée et la haine d’un tel acte de traîtrise vis-à-vis de l’Empereur me submergea.
Je me figeai soudain.
Ces teintes cramoisies, ce pourpre délavé, sale, grisâtre. Cette humeur sombre, altérée, comme si la substance même de la matière avait été dissoute, mise à nue, n’y laissant qu’un vague amalgame d’existence décomposée, sans essence, sans vie.
Et surtout ce symbole, une main squelettique tenant une faux dégoulinante de sang entre ses doigts décharnés.
Ce symbole, je le connaissais. Je le connaissais même très bien. Je l’avais un jour adoré, vénéré, glorifié. Puis je l’ai fui, je l’ai renié, je l’ai haï. J’ai anéanti à tout jamais l’amour, la fierté, le respect que j’avais à son égard, et ai décidé de le chasser, de le traquer, et d’exterminer tout ceux qui souillèrent jadis son nom, et déshonorèrent l’Empereur de l’Humanité.
Ce symbole, c’était celui des Soul Reapers, le Chapître renégat qui avait été déclaré Excommunicate Traitoris par la Sainte Inquisition Impériale, ruiné par la folie destructrice de son propre maître, apostat, félon, traître à sa race et à ses idéaux.

Ce Chapître, c’était le mien.

Une brusque bouffée de haine pure s’insurgea dans mon corps, cascada dans mes veines, et embrasa mon âme dans le noir bûcher de la vengeance. Ruant vers le maudit, je poussai un véritable rugissement de rage.
Je savais qu’il ne pouvait pas m’entendre. Je savais que personne ne pouvait m’entendre, ici, car rien n’était réel, seulement un enregistrement virtuel. Qu’importe, je chargeai. Bondissant sur lui comme une bête sauvage, je lançai mon poing en avant, traversant le corps immatériel comme il devait en être.
Et pourtant, je sentis une résistance. Une vraie résistance, matérielle, physique, réelle. Regardant vers mon poing, je vis qu’il était enduit d’un sang bleuâtre et bouillonnant. J’aurais pu – et j’aurais du, même – être interloqué par une telle aberration, mais la fureur flamboyante qui torturait mon âme dans le brasier de la rancœur ne laissa la place à nulle surprise.
D’autant plus que je savais ce qui se passait.
Faisant volte-face, mes idées furent confirmées lorsque je vis le Aun, un genou à terre, son sang azur coulant sur la neige à la manière d’un fleuve dans une montagne. Comme je l’avais pensé aussi, il se ressaisit presque immédiatement. Il tourna vers moi ses yeux injectés de sang, et je vis qu’il n’y avait plus aucune mortalité.
- Lauvitz Engelson, murmura-t-il de son souffle d’outre-tombe.
- Eldohstan, répliquai-je sans me démonter.
Une ombre de vague étonnement passa sur son visage, puis il reprit :
- Oh, je vois que tu connais déjà mon nom.
- Comme tu connais déjà le mien, dis-je sur le même ton.
- Tu as le sens de la répartie, on dirait, remarqua-t-il avec un rictus amusé sur sa bouche ridée.
Il sembla attendre que je relance, mais je me tus et il continua :
- Alors, Lauvitz…tu permets que je t’appelle Lauvitz ?
- Je ne te permet ni de m’appeler par mon nom, ni de parler, ni de vivre, fils damné du warp !
A ces mots, le Aun éclata d’un rire grave et guttural.
- Allons, pourquoi être si froid avec moi ? minauda-t-il avec une affliction pleine d’ironie. C’est comme ça que tu accueilles un vieil ami qui s’est séparé de toi depuis…tellement longtemps ?
Un vieil ami ?
- Qu’est-ce que tu veux dire ? questionnai-je en fronçant les sourcils.
- Voyons, Lauvitz…Mon cher Lauvitz…Ne me dis quand même pas que tu ne reconnais pas…
Il fut interrompu par une brusque déflagration. Je fis volte-face et vis au loin qu’un conflit féroce entre Tau et Marines du Chaos se déroulait à une trentaine de mètres d’ici.
Avec la détonation, je vis un Shas’la sans bras ni tête voltigeait dans l’air lourd de massacre.
- Oh, tu m’excuseras, me lança Eldohstan qui l’avait vu aussi, mais j’ai comme qui dirait un…enregistrement à finir, conclut-il avec un rictus sardonique.
Et, en l’espace d’une seconde, il avait bondi jusqu’aux devants de la scène, s’interposant entre les Soul Reapers déchaînés et des Tau étrangement résistants.
Parmi l’un d’eux, un Shas’vre en armure Crisis était aux prises avec un Rapace gigantesque. Celui-ci asséna un coup ascendant de son épée-tronçonneuse rugissante, mais le Tau dévia le coup de son fuseur avec une étonnante facilité et, saisissant l’Astartes par le bras, enfonça littéralement son arme à travers la cloison blindée de l’armure énergétique. Un bruissement se fit entendre et un faisceau bleuté incandescent jaillit de l’extrémité du canon fiché dans la poitrine du Marine, vaporisant le corps dans une effusion de sang noirâtre, alors que le félon hurlait de douleur.
Le Shas’vre laissa son adversaire s’écrouler lourdement dans la neige maculée de sang et le monde disparut à nouveau.

A l’époque, Kaed’as n’était encore qu’un Shas’vre aux ordres du Commandeur Valkyrie. Malgré son habileté surprenante au corps à corps, rien ne destinait encore ce guerrier sombre et taciturne à devenir l’un des plus grands héros de l’Empire Tau. Vaul Premium était encore loin et Fio’shi, la future conquête qui allait le glorifier et l’encenser parmi ses pairs, n’était même pas répertoriée par les cartographes Tau.
Moi non plus, je ne me doutais pas à ce moment-là qu’il allait lui aussi faire me faire sombrer dans les enfers les plus noirs et les plus terrifiants.

***

Lorsque le tombeau de Velminzey reparut dans mon champ de vision, celui-ci me regardait d’un œil soucieux, bien que l’inquiétude passée n’y aie laissé nulle trace.
- Qu’avez-vous vu ? questionna-t-il dès que j’eus repris mes esprits.
Je lui décrivis le combat entre le Aun et le Terminator, et la lutte sauvage entre Tau et Marines du Chaos. Il frémit lorsque je lui dis qu’Eldohstan m’avait parlé à nouveau.
- Que vous a-t-il dit ? demanda-t-il, soucieux.
- Il a prononcé mon nom, répondis-je simplement.
- C’est tout ?
- Oui.
Ce mensonge me parut nécessaire sur le coup, mais je le regretterais bien plus tard.
- Autre chose que vous auriez remarqué ? somma le Bone Stinger.
- Rien de troublant, mentis-je à nouveau.
Je n’avais en effet aucune envie de lui révéler que les Astartes renégats de l’enregistrement étaient les vestiges de mon ancien Chapître. Il le saurait de toutes manières plus tard, dans des circonstances hélas plus déplaisantes.
Soudain, une image me revint en tête :
- Si, rectifiai-je. J’ai remarqué que la faction de xenos collectivistes était étrangement tenace. Il m’a même semblé qu’elle parvenait à contenir les Marines du Chaos en mêlée, ajoutai-je d’une voix perplexe.
A ces mots, les lèvres décharnées de Velminzey se tordirent en un rictus approbatif, et il prit le séquenceur virtuel de mes mains. Réglant la molette d’affichage sur « miniaturisé » , il ajusta le temps jusqu’à se trouver à la scène de massacre entre les deux armées. Je vis à nouveau le Shas’vre au fuseur désintégrer le Rapace du Chaos.
Mais je vis aussi autre chose. En scrutant l’entièreté du champ de bataille, je m’aperçus que chaque Tau était engagé dans un corps à corps endiablé contre un agent du Chaos.
Ce qui me troubla fut de constater qu’à chaque duel, le Tau prenait l’avantage.
Je vis un Shas’ui sortir son couteau de combat et éventrer son adversaire cultiste, avant de lui arracher les tripes au sens propre du terme.
A à peine plus d’un mètre, un Shas’ui en armure Stealth venait de briser le bras d’un autre d’un coup de son énorme canon à impulsion, avant de faire voler sa mâchoire en éclat d’un revers de gantelet.
Au centre de la mêlée, un Guerrier de Feu en armure Crisis guerroyait avec un Seigneur du Chaos colossal. Celui-ci, désarmé, se battait avec la force brute de ses poings – aussi gros que des bolters, je tiens à le préciser. Son visage sans heaume était couvert de plaie, et une haine sans bornes flamboyait dans ses prunelles damnées. Avec un rugissement de rage semblable au bruit d’un moteur de Rhino, il prit un pas d’élan et s’élança vers son adversaire, chargeant de toute la masse de son armure énergétique dans un coup d’épaulière dévastateur.
BANG !
Le fracas que firent les deux cuirasses en s’entrechoquant fut si assourdissant qu’il retentit même dans notre caveau, faisant s’écouler la poussière centenaire des murs de pierre.
En regardant la séquence, je fus frappé de stupeur en voyant que le Tau n’avait pas bougé.
Et encore plus quand je le vis soulever l’énorme Space Marine à bout de bras dans les airs. Celui-ci battait le vide de ses membres, et j’entendis distinctement sa voix rauque et gutturale alors qu’il écumait de rage :
- Pourquoi tu meurs pas ?! POURQUOI TU MEURS PAS ?!
Je saisis clairement la démence qui déformait ses paroles, et je fus abasourdi d’y sentir aussi du désespoir. Je compris alors que la charge tonitruante du Seigneur n’était pas le premier coup mortel qu’il avait asséné au Tau.
Celui-ci, sans répondre, commença à faire tournoyer l’Astartes. Un hurlement d’agonie lacéra mes tympans et je vis que les doigts mécaniques de l’armure Crisis étaient fichés dans les parties pectorales et abdominales du félon.

Il y eut un froissement métallique effroyable lorsque le Guerrier de Feu déchira littéralement le corps de l’hérétique en deux.

Bouche bée, je vis nettement le tronc du Marine se séparer de sa taille dans un pulsar viscéral incroyablement gore. Je vis les litres de sang rouge vif couler à flot sur le heaume délavé du Tau. Je vis les boyaux noirâtres, les intestins mutilés, et les deux cœurs encore palpitants s’écraser en une averse macabre sur l’exo-armure Crisis étincelante.
Mais, plus que tout, je vis l’ombre démesurée d’Eldohstan émaner du corps de l’Éthéré Tau et planer de toute son impie majesté au-dessus du carnage inhumain de ses pantins.

La séquence s’arrêta et je me surpris en m’apercevant que j’étais trempé de sueur.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 1:19

# CHAPITRE 5 (avec des tytys :rire2: )

NOUS ETIONS TOUS à nouveau réunis dans une sorte de cabaret sordide, un peu comme celui où j’avais tenté d’enquêter une heure auparavant.
Tous, et plus encore, d’ailleurs.
En effet, sinon Helblivion, Janrius, Selm, Eloriel et moi, cinq autres personnes étaient attablées avec nous, toutes résultat de nos investigations communes.
Parmi eux, Luca Velminzey, que j’avais laissé m’accompagner. Un frisson agita mes camarades lorsqu’il apparut dans leur champ de vision, et Janrius chancela dangereusement avant de lancer un regard horrifié à l’Astartes. Je devinai que lui aussi venait d’être heurté par l’aura de vide du Bone Stinger, et que la perspective de ne pouvoir user de ses pouvoirs psychiques le crispait autant que moi. Selm faillit tomber de son siège tant la sensation de néant lui fut insupportable.
Debout derrière Helblivion, un technoprêtre gracile et rabougri, dont la seule partie du corps visible était une main droite métallique décharnée terminée à chaque doigt par une aiguille étriquée. Un unique servo-bras était suspendu dans son dos, mais l’imposante silhouette de sa pince d’iridium était seule assez menaçante pour que nul n’ose le sous-estimer.
A la droite de Selm, une femme de grande taille, blonde, coupée court, la cicatrice sous son œil droit ne gâchant en rien sa beauté, était assise. A son armure carapace noire et à l’insigne d’argent pendant fièrement sur sa veste bleu marine, je devinais qu’il devait s’agir du plus haut officier de l’Adeptus Arbites en fonction dans les taudis de Vlader Thrime, le Capitaine Eokris Shadenfroh.
Partageant un banc crasseux avec Eloriel, un vieillard vêtu d’une robe d’apparat cramoisie gardait les yeux vitreux, semblant coupé du monde par les pensées qui se massaient sous son crâne calvitieux. Atone et bedonnant, je me demandai ce qu’un tel débris humain pouvait bien nous apporter ; cependant, je savais que Eloriel possédait une admirable faculté de jugement et de discernement, et je lui fis confiance.
Le compagnon de Janrius était le plus étrange. Semblant vaguement vivant par les tics incessants qui agitaient les commissures tirées de sa bouche et par le souffle rauque de sa respiration saccadée, il était par contre bien plus proche d’un macchabée par le reste de son apparence physique. Grisâtre, squelettique, son corps tout entier n’était qu’un tas d’ossements faméliques et diaphanes, auxquels pendait lamentablement une peau maigre et livide, presque transparente tant elle était fine et émaciée. Sa silhouette efflanquée se balançait nerveusement d’avant en arrière derrière la chaise de Janrius, son visage grêle et osseux couvert de tatouages que je ne reconnaissais pas s’agitant follement à gauche et à droite, comme secoué de spasmes. Ses lèvres gercées presque inexistantes étaient cousues par d’épais filins de fer, de même que ses paupières et ses oreilles. Sa chair hâve et décrépie était aussi maculée de tatouages, et il n’était vêtu que d’un pagne en lambeaux et de bandelettes tâchées de rouge sur ses jambes effilées.
- Qu’est-ce que c’est ? demandai-je à Janrius en pointant la chose du doigt dès que je la vis.
Sans répondre, l’Inquisiteur se contenta de m’adresser un hochement de tête.
Cela signifiait que je pouvais lui faire confiance comme à Eloriel.

Faisant sauter le bouchon de sa flasque d’Earl Clever, Selm me regarda d’un œil dégoûté :
- Gore, se contenta-t-il de dire.
Je venais de raconter à la table le contenu des séquences que m’avait montrées Velminzey. J’en étais arrivé à l’épisode du duel – ou plutôt de la boucherie – entre le Seigneur du Chaos et le Commandeur Valkyrie. A l’évocation de la mort pour le moins brutal de l’Astartes, Shadenfroh cracha littéralement la gorgée de liqueur qu’elle avait dans la bouche et je vis Janrius frémir légèrement.
- Mais je croyais que ces…Tau, articula le Capitaine, répugnaient le corps à corps plus que tout au monde ?
- C’est ce que je pensais aussi, approuvai-je.
- Alors comment se fait-il qu’un tel carnage puisse avoir lieu contre des adversaires aussi monstrueux que les Marines du Chaos ?
- C’est ce que je me demande aussi.
En vérité, la question me taraudait bien plus que je ne le laissais paraître. En effet, il était aberrant que des êtres aussi faibles et empotés que les xenos collectivistes puisse surclasser les guerriers inhumains des Légions Rénégates. Mais je connaissais les Soul Reapers – pour en avoir moi-même fait partie jadis – et cette ineptie me paraissait encore plus impossible en sachant pertinemment l’importance que ce Chapître accordait à l’entraînement en mêlée et la réputation qu’il en avait tiré. D’habitude, c’était plutôt les Soul Reapers qui déchiraient leurs ennemis en deux…
La réponse évidente était l’influence démoniaque qu’Eldohstan faisait peser sur eux, et qui décuplait leur force et leur adresse. Cependant, les Marines du Chaos auraient du eux aussi posséder cette puissance impie qui embrasait leur haine et guidait leur fureur. Alors…quoi ? Mon ancien Maître – l’Empereur le maudisse – avait été d’une volonté et d’une foi dites inébranlables à l’époque de sa magnificence, et un démon avait pourtant réussi à le faire céder à l’appel du Warp et aux tentations de l’Empyrean. Je savais quels pouvoirs cet homoncule damné lui avait promis car il me les avait lui-même révélés dans une antichambre des années plus tôt.
Ils étaient démesurés.
Si Eldohstan parvenait à donner à de misérables Tau la vigueur d’écraser des Soul Reapers, c’est que sa propre énergie dominait largement ces pouvoirs. Troublant.
- Et vous alors, qu’avez-vous trouvé ? demandai-je à mes quatre « collègues ».
Tous échangèrent un regard désabusé, avant que Selm prenne la parole pour le groupe :
- Bien moins que toi, assurément.
C’était mal parti.
- Hem…présentez vos…« trouvailles » ? proposai-je.
Ils se regardèrent à nouveau.
- Le Capitaine Shadenfroh, nomma Selm avec un signe de tête en direction de l’officier. Mais tu devais déjà t’en douter, n’est-ce pas ? ajouta-t-il d’un sourire sans joie.
- Voici le Magos Armae Buriel, enchaîna Helblivion en désignant le technoprêtre racorni. Il est le représentant de l’Adeptus Mechanicus sur Vaul Premium, et est en liaison continuelle avec les forges de Vaul Secundus. J’ai pensé qu’il pourrait nous fournir en arsenal, s’expliqua le Techmarine.
- Ahem, commença Eloriel à son tour, voici le…enfin, son nom est sans importance, se reprit-elle d’une voix où perçait le mépris pour le déchet humain qui rêvait à côté d’elle. C’est un xenologue spécialiste de la menace Tau. Nous savons tous à quel point la connaissance de l’ennemi prédétermine l’issue du combat, adjoignit-elle devant nos mines dubitatives.
- Tu n’aurais pas pu trouvé mieux ? demanda Janrius, et je vis que son visage sévère n’exprimait pas du mépris mais du dégoût pur et simple.
- Vlader Thrime n’est pas un quartier de luxe, se défendit-elle. Et le vôtre n’est pas franchement mieux.
L’Inquisiteur se rembrunit et murmura d’une voix menaçante :
- Attention à l’insolence, petite fille…Je pourrais te briser d’un simple claquement de doigt.
Je précise ici que Vegas Janrius avait alors trois cents soixante ans, soit environ un siècle de plus que nous.
Se détournant d’elle, il fixa le mort-vivant qui flageolait furieusement derrière lui.
- Et, lança-t-il à son attention, autre chose : ne te fie jamais aux apparences.
Sans comprendre, elle dévisagea l’épave ruineuse qui commençait maintenant à baver et lui jeta un regard sceptique. Selm et Shadenfroh firent de même, ainsi qu’Helblivion et Buriel, qui ne voyaient pas où voulait-il en venir. J’avoue que moi non plus, je ne voyais pas.
Velminzey fut le premier à le découvrir, et éclata brusquement d’un rire glacial et monocorde, dont la tonalité froide et malsaine fit sursauter plusieurs personnes dans le cabaret – dont entre autres Shadenfroh. Puis, toujours souriant – bien que ce soit chez lui un rictus de cruauté maligne plus qu’autre chose – , il lança d’un air jovial :
- Fascinant ! Vraiment fascinant ! Même moi, je ne l’avais pas remarqué au premier abord…
Puis, sa voix plus basse qu’un murmure à présent :
- Ces Callidus sont vraiment captivantes…
Assassin Callidus. C’était donc ça. Parmi tous les membres de l’Officio Assassinorum, Janrius avait réussi à dégoter le meilleur dans cet abîme déliquescent, et il l’avait amené à notre table…
- Exactement, confirma l’Inquisiteur. La clé de voûte de l’Inquisition pour ce qui est de se procurer des informations.
La découverte de la véritable nature de l’espionne ne sembla pas la troubler outre-mesure, et elle continua de se comporter comme elle l’avait fait jusque là – se tortillant même avec plus de véhémence, se tordant les mains d’une manière nerveuse et incontrôlée.
- Et…elle est censée représenter quoi, là ? demande Selm d’une voix mal assurée.
- Une sorte de…passe-partout, répondit l’autre en souriant. Lorsque je suis arrivé ici, les rats puants de ces bas-fonds ont eu tendance à me traiter de manière…peu révérencieuse, et plusieurs de ces misérables lombrics ont eu l’audace de me refuser certaines portes. Mais depuis que je suis avec elle, poursuivit-il en désignant la Callidus, c’est très étrange mais on a du mal à me dédaigner.
- Je…vois pourquoi.
Je voyais aussi.
Bon. Maintenant que nous avions fait le point sur notre enquête commune, il ne nous restait plus qu’à rallier l’Excruciator pour contacter Traed et prendre en charge la suite des opérations. Je m’apprêtais à prendre la parole lorsqu’un signal sonore pincé se fit entendre à ma droite. Tous les regards tournés vers elle, la consœur de Selm activa son module de communications.
- Capitaine Eokris Shadenfroh, articula-t-elle à travers le microphone qui pendait à son col.
Nous entendîmes un marmonnement s’extirper d’une oreillette que cachait sa chevelure blonde, mais nous n’étions pas assez proches pour en saisir distinctement le sens.
Mais à l’expression progressivement effarée de l’Arbites, je devinais que les nouvelles ne devaient pas être très bonnes.
- Tous ? l’entendis-je murmurer d’une voix atterrée. Très bien, j’arrive, ajouta-t-elle quelques secondes plus tard.
Lorsqu’elle désactiva le microphone, elle affichait une mine si dépitée que je me demandais si on ne venait pas de lui annoncer qu’elle allait mourir dans quelques heures.
- Alors ? demanda Selm, anxieux.
- Un Culte Genestealer, répondit-elle lentement en détachant chaque syllabe l’une de l’autre.

A l’humidité de ses pupilles et aux mains tremblantes qu’elle essayait vainement de calmer, je devinais qu’elle avait toutes le peines du monde à se retenir de pleurer.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 1:26

A la vérité, le résultat fut beaucoup moins désastreux que ce à quoi je m’attendais. Ce qui avait été un jour le Complexe-Maître de l’Adeptus Arbites de Lazel-Haze était toujours debout, intact, indemne. En fait, c’était même plutôt un assez bon résultat. La colossale bâtisse ne semblait avoir souffert aucun dommage, aucun cambriolage, et pas la moindre trace de vandalisme. Lorsque nous pénétrâmes dans son enceinte, les bureaux étaient toujours impeccablement ordonnés – enfin, ils n’avaient pas été dérangés…la paperasse monumentale coutumière de ces lieux était évidemment présente – , aucun meuble n’avait été renversé et il ne semblait pas y avoir eu de tentative de vol de dossiers plus ou moins importants. Finalement c’était toujours le Complexe-Maître de l’Adeptus Arbites de Lazel-Haze.
Le seul problème, c’est qu’il n’y avait plus d’Adeptus Arbites à l’intérieur. Tant pis, on les remplacerait. C’était un assez bon résultat.

Malaör était l’unique rescapé du rapt que les Genestealers avaient mené sur le complexe. Cloîtré dans un urinoir verrouillé à double-tour, transi de peur et couvert de sang, il avait contacté Shadenfroh avec des mains où des doigts manquaient. Un impact de balle lui brûlait la flanc droit, et il commençait à devenir livide à force de perdre son flux vital. Lorsque nous le trouvâmes, il gisait inconscient sur le damier brun et sa respiration devenait saccadée et de plus en plus pénible. A côté de lui, un message en grosses lettres pourpres indiquait :

‘ Underground’

Je ne pus m’empêcher de ressentir un sentiment d’admiration pour le mourant lorsque je m’aperçus qu’il avait écrit ce mot avec son propre sang.
Après un appel expéditif aux Sœurs de l’Ordre Hospitalier du Préceptoir Saint-Cède, nous suivîmes Shadenfroh dans les profondeurs des sous-sol du complexe.

…lesquels nous parûmes pour le moins troublants.
Gigantesque. Ce fut le seul mot qui me vint à l’esprit en contemplant l’envergure de l’excavation. Et partout, des engrenages, des pipe-lines, des pistons aux proportions monumentales. Le côté obscur du Complexe-Maître nous apparaissait dans toute sa splendeur.
- J’ignorais que de tels installations souterraines pouvaient être bâties sous un complexe de l’Adeptus Arbites, s’émerveilla Selm devant les constructions colossales qu’abritait le béton du regard des curieux.
- A vrai dire, ce type d’installations est censé être présent dans l’enceinte de tous les complexes de l’Adeptus Arbites, relança le Capitaine. Vous n’en avez pas à Chieron ?
- Je ne crois pas qu’un simple Lieutenant dans mon genre soit habilité à être au courant de ce genre de…
Il s’interrompit brusquement. A ma grande surprise, Shadenfroh se figea également, et se tourna lentement vers lui.
- Un quoi dans votre genre ?
- Ahem…
Une expression coupable s’afficha sur le visage hâlé de l’officier, qui commença à se tordre maladroitement les mains.
- Quel est le problème ? demanda Helblivion qui s’était lui aussi arrêté pour contempler avec délice l’étendue mécanique des tunnels infinis de rouages dans lesquels nous errions.
- Qui est cet homme ? lança le Capitaine en guise de réponse.
- Hein ? demanda le Techmarine sans comprendre.
- Qui est cet homme ?! répéta-t-elle avec plus d’insistance, d’une voix où l’impatience se faisait sentir.
- Cet homme est Selmidor Zerstohm, Lieutenant de l’Adeptus Arbites au service de son Éminence Ignifistus Traed, Tenant du Cathèdre des Vengeful Fists et Seigneur de la Cathédrale de Chieron.
La voix monocorde de Janrius était grave et profonde d’origine, mais résonnant à travers les galeries sans fin du sous-sol, elle était amplifiée de manière à devenir un souffle d’outre-tombe, tel la sentence vengeresse du châtiment divin – le Châtiment de l’Empereur. A ces mots, Shadenfroh afficha une mine scandalisée et je vis son beau visage se couvrir d’une teinte pourpre qui ressemblait à s’y méprendre à celle de l’armure d’Helblivion.
- Et alors ? Quel est le problème ? demanda-t-il à nouveau.
- Le problème, répondit l’autre en tentant péniblement de réfréner sa rage, c’est que cet imbécile sans cervelle m’a juré qu’il était l’Abritrator-Général de Chieron, pas un ridicule petit Lieutenant de bas étage !
- Eh, du calme, c’est pas une sinécure d’être Lieutenant, vous sav…
Le regard de braise de l’officier supérieur dissuada Selm de continuer.
Interrogateur, je me tournai vers lui.
- Tu t’es fait passé pour l’Arbitrator-Général ? demandai-je d’une voix neutre.
- Lauvitz ! Il faut me comprendre, expliqua-t-il, précipité. Elle était occupée avec une tonne de paperasse et elle n’aurait jamais accepté de me voir si elle avait su que je n’étais que Lieutenant…
- Bien sûr que je ne vous aurais jamais accepté ! s’exclama l’autre en criant ouvertement, cette fois-ci.
- Calmez-vous ! ordonna Helblivion, la dominant de toute sa musculature blindée d’iridium. Oui, il vous a menti, d’accord, et alors ?! Ce qui est fait est fait ! Qu’est-ce que ça vous aurait apporté de plus de rester claustrée dans votre petit bureau à compiler vos notes infinies comme un scribe de l’Ordo Dialogus ?
- Ce que ça m’aurait apporté ? répéta l’autre en se plantant devant l’Astartes. Ça m’aurait apporté que lorsque les Genestealers seraient venus ici, j’aurais été là pour…
- …vous faire tuer lamentablement comme Malaör, acheva une voix cristalline derrière elle.
Se retournant, Shadenfroh se trouva nez à nez avec Eloriel Da’el Bless qui la fixait de son regard d’ambre – un regard d’ambre auquel bien des hérétiques en puissance avaient succombé par le passé, poussés à bout par le malaise que deux siècles d’expérience dans l’Inquisition pouvaient concentrer dans deux yeux humains.
Tout alla alors très vite.
Eloriel s’apprêtait à poursuivre lorsqu’une forme floue et oblongue fusa vers elle à une vitesse proprement démentielle. Je n’avais même pas eu le temps de dégainer mon pistolet bolter qu’un fracas métallique retentissant résonna et se répercuta dans l’infinitude des immenses conduits souterrains. Animé de réflexes prodigieux, Luca Velminzey venait de bondir sur la silhouette enragée d’un tyranide.

J’avais souvent fait face à la Grande Dévoreuse par le passé. Six fois, précisément, à l’occasion de six campagnes Deathwatchers de grande envergure dans les environs de l’Ultima Segmentum, dont une seulement de funeste. Ainsi, j’avais déjà une connaissance approfondie de ces machines à tuer biologiques, et d’innombrables simulations menées à partir de connaissances propres à l’Ordo Xenos m’avaient appris à savoir détecter leurs points faibles et à affiner ma technique de combat par rapport à la leur ; et il ne m’était encore jamais arrivé de perdre un combat contre ces abominations lorsque ma lame vengeresse guidait ma haine.
Quelle dommage que je ne l’aie pas eu sur moi.

En effet, tout était vraiment allé très vite. Quelques secondes seulement après l’assaut surprise, le reste de l’invasion avait grouillé comme de la vermine partout autour de nous ; et quelle vermine ! Genestealers, hormagaunts, et toutes sortes de créatures plus ou moins humaines qui firent prendre au visage de Shadenfroh une délicate teinte nacrée lorsqu’elle aperçut les armures Arbites dont elles étaient vêtues.
Nous avions laissé la Callidus auprès de Malaör à l’intérieur du complexe, afin qu’elle surveille le corps agonisant jusqu’à l’arrivée des Sœurs Hospitalières. Nous lui avions également confié la charge du xenologue et du Magos Buriel, qui auraient été des gênes plus qu’autre chose en cas de combat – ce qui était manifestement adroit de notre part, étant donné la tournure que prendraient alors les évènements. Du coup, nous étions sept, dont trois Astartes et deux Inquisiteurs. Sept contre…
J’interrompis mes comptes lorsqu’un hormagaunt se jeta sur moi avec un borborygme furibond ; j’étais alors à trente-sept.
Faisant un pas de côté pour esquiver le bond, je décochai un coup de pied circulaire qui brisa littéralement le gaunt en deux. Il fut aussitôt remplacé par deux autres qui se ruèrent sur moi avec des gargouillements étranges que j’interprétai comme de la rage.

Je ne décrirai pas l’intégralité de la véritable boucherie qui opposa sept serviteurs de l’Empereur à un océan de griffes et d’acide en fusion, d’une part parce que tel acte s’étendrait en longueur de manière déraisonnable et finirait par en être lassant, d’autre part car je perdis moi-même – à l’instar de ceux qui guerroient des heures durant – la notion du temps et de l’espace au bout du vingtième gaunt, dont je brisai les os en le broyant contre un pylône métallique de mes deux cents kilogrammes de muscles.
Aussi ne vous narrerai-je ici qu’à l’instant où la lutte devint – enfin – réellement sérieuse.

Autour de nous, tout n’était que sang, massacre, et sérum glauque et suintant. Les carcasses sans vie des bêtes jonchaient le parterre souillé, et une mare d’hémoglobine flétrissait le sol et ternissait nos bottes. Globalement, nous tenions tous encore assez bien le coup à l’exception de Janrius qui, blessé au torse par un tir de mitrailleuse lourde, blêmissait à vue d’œil et titubait péniblement sur des jambes que les genestealers avaient rongées et lacérées.
- Vegas, dis-je simplement alors qu’il manquait de trébucher pour la deuxième fois.
- Ça…va, murmura-t-il avec une peine qui n’allait pas du tout.
- Il est blessé au cœur, diagnostiqua Helblivion. Il est en train de perdre tout son sang.
- Ça va, j’ai dit ! s’exclama l’autre avec plus de conviction.
- Mais…
- ATTENTION !
Deux voix avaient tonné mais le mot était le même. Selm bondit en avant tandis que Velminzey armait une fois de plus son eviscerator.
Avec Shadenfroh, il était le seul d’entre nous à porter tout son attirail de guerre et, débarrassé de la robe noire dans laquelle je l’avais rencontré, il était à présent le fer de lance de notre peloton. Engoncé dans une armure d’iridium qui semblait faire passer les simples énergétiques pour du plâtre, il était armé d’une épée-tronçonneuse d’une longueur extravagante, du même type que celui que j’avais aperçu dans la main de Khazeeus Nosgorath, lors de son duel contre Eldohstan. Maculée de fluide jade, l’arme miroitait dans ses gantelets d’airain, illuminant le carnage des litanies de haine Bone Stinger gravées à même la lame. Ces litanies avaient été le chant mortuaire de tous les Genestealers qui gisaient à nos pieds.
Armé seulement de mes poings et d’un pistolet bolter vide – les munitions l’ayant quitté à une vitesse alarmante durant l’hécatombe – , je fis volte-face et fus abasourdi par ce que je vis.
Titanesque, l’animal était de loin la plus énorme monstruosité qu’il m’aie jamais été donnée de voir et, encore une fois, j’eus une pensée compatissante pour ce fameux serviteur de combat. Non, pas la plus énorme, j’occultais Eldohstan. Et aussi ce Gargant gigantesque pendant la Campagne d’Horusia. Et ce Titan Imperator chaotique pendant… Très bien, ce n’était pas la plus énorme et j’avais même déjà vu bien pire. Pas Shadenfroh, par contre.
- Mais qu’est-ce que c’est que cette horreur ? s’écria-t-elle avec un hurlement terrifié lorsqu’elle aperçut la bête.

A part le hurlement, j’avoue avoir eu le même type de réaction, lorsque je vis un Carnifex pour la première fois. A part le hurlement.

- Mais…je croyais que ce genre de monstre ne faisait irruption que sur les champs de bataille ! glapit-elle, au bord de la panique.
- C’est ce que je pensais aussi, approuvai-je.
- Alors qu’est-ce que cette…chose fait dans un Culte Genestealer ?!
- C’est ce que je me demande aussi.
Décidément, j’aimais de moins en moins cette femme.
Le Carnifex poussa un mugissement bestial qui la fit encore brailler de terreur, et chargea Selm et Velminzey de sa masse tonitruante. L’Arbites plongea vers la gauche pour esquiver. L’Astartes resta de marbre.
Brandissant son eviscerator d’une poigne ferme, il décrivit un arc de cercle ascendant vers la mâchoire dentelée bouillonnant d’écume et d’acide.
- Crève, abomination ! scanda-t-il, alors que les centaines de lames d’airain plongeaient dans la carapace du monstre.
La force herculéenne qu’il déploya dans son coup me laissa hagard. Forant à travers l’épaisse chitine rougeâtre, l’épée-tronçonneuse creusa un réel sillon dans la gueule dégouttante de bave du tyranide, lui arrachant une gerbe de sang qui gicla du palais.
Se figeant, la créature demeura un instant immobile, alors qu’un geyser d’hémoglobine jaillissait de son corps…avant de balayer le Space Marine d’un seul coup de sa pince broyeuse.
Velminzey alla s’écraser contre un pilier massif, avant de s’écrouler, inanimé, sur la pile des cadavres xenos. Son eviscerator rugissait toujours.
- Je crois qu’on vient de perdre notre seule chance de gagn…
Selm s’interrompit et bondit à nouveau, alors que le Carnifex ruait sur lui. Puis, prenant appui sur son bras gauche, il frappa le dos de la machine à tuer d’un double coup de genoux magistral. Il y eut un craquement, mais je devinais en grinçant des dents que c’était celui de l’armure du Lieutenant. Celui-ci s’aperçut aussitôt de son impuissance, et se jeta en arrière pour éviter un nouveau coup de pince.
Ça s’annonçait mal. Ça s’annonçait même très mal.
Nous n’avions aucune arme à feu sur nous, nous ne pouvions évidemment rien faire à mains nues – même avec notre force d’Astartes – , et la chute de Velminzey semblait sonner notre glas.
- Ungh…!
Je fis volte-face, et vis Vegas Janrius s’effondrer à son tour sur le sol. Il était réellement livide et je devinai que ce n’était plus qu’une question de minutes avant qu’il ne succombe à ses blessures.
C’était désespéré ! Déjà que nous avions perdu notre seule force de frappe, nous perdions à présent notre meilleur psyk…
Notre meilleur…

Je m’en veux de deux choses, lorsque je repense à cette bataille aujourd’hui.
La première est bien évidemment de ne pas avoir tout de suite pensé qu’il me restait mes pouvoirs psychiques pour lutter contre le Carnifex – lesquels étaient d’ailleurs sans conteste ma meilleure arme, tout compte fait. En fait, je n’en avais pas usé précédemment, l’aura d’Intouchable de Velminzey me le défendant formellement. Mais maintenant qu’il n’était plus, je pris conscience que je pouvais les déchaîner comme bon me semblait.
La deuxième chose est d’avoir, même si ce ne fut qu’une fraction de seconde, perdu espoir pour ce combat. Un Space Marine n’a pas le droit de perdre espoir. Car il dispose de la plus puissante de toutes les armures, la plus puissante de toutes les protections, et la plus puissante des armes de l’univers.
L’Empereur veille, l’Empereur protège.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 1:28

Epicus furor, tua iram solvat...DEVASTATIO !
Le torrent d’énergie fusa de mes paumes ouvertes et percuta la créature au niveau du thorax, lui faisant courber l’échine sous la puissance du Warp. Au même instant, un projectile incandescent vint heurter le crâne cuirassé, envoyant voltiger la créature plusieurs mètres plus loin – ce qui, étant donné sa masse, était plutôt miraculeux. Je me retournai pour faire face à Varlimos Helblivion, un fusil à pompe Pacificateur dans chaque main. Le canon de l’un d’entre eux n’était plus qu’un moignon métallique fumant.
Armant le second fusil, il fit un pas vers le Carnifex, qui se relevait déjà, plus enragé que jamais. Je vis les lèvres de l’Astartes remuer, mais je n’en entendis nul son. Lorsqu’il les referma, l’extrémité de son arme irradia une vive luminescence, et un trait enflammé en jaillit, allant se ficher au même endroit que le précédent. La plaie fraîchement ouverte explosa et le tyranide vociféra.
- La puissance du Clergé de Mars, me lança le Techmarine en saisissant deux autres armes sur les défunts.
A présent animé d’une fureur aveugle, le xenos s’apprêtait à lancer toute sa masse pour nous broyer, nous écraser, nous piétiner sous ses pinces et ses griffes, bavant, écumant de rage et de vengeance.
Nous ne lui en laissâmes pas le temps. Dans une synchronisation parfaite, je propulsai un nouveau faisceau d’énergie psychique, alors que l’Urban Striker faisait tirer deux mitrailleuses à l’unisson ; auquelles je vis bientôt se joindre les tirs de Selm, Loriel, et Shadenfroh, qui l’avait imité – les balles ardentes en moins.
Mais ce fut le coup de grâce qui nous surprit tous, et qui se présenta sous la forme d’un Bone Stinger chargeant dans une clameur guerrière tonitruante, l’eviscerator à la main et la furie vengeresse au cœur. Nos balles ricochant sur son armure d’argent étincelant – pas même fissurée par la collision contre le pilier – , il s’élança vers l’honni et mit toute sa force dans une botte frontale, pourfendant, embrochant le poitrail de la bête dans une effusion de sang noirâtre, d’acide et de venin. L’animal poussa un bramement d’agonie et…

Soudain, une vision s’imposa à moi. Une vision atroce. Je vis très distinctement le visage carbonisé de Luca Velminzey devant moi, dégoulinant, se liquéfiant littéralement, horriblement déformé dans une parodie de face humaine, hurlant, pleurant, versant des larmes de sang par des prunelles flageolantes, et des ruisseaux de pus par des cloques purulentes. Au-dessus de lui, la gueule fumante du Carnifex propulsa une autre giclée d’acide, avant que la créature s’effondre finalement sur le sol, morte.

Puis le monde se reforma et je vis à nouveau Velminzey, sa figure albinos distendue uniquement par la rage alors qu’il enfonçait son arme plus profondément dans les chairs meurtries du tyranide.
Je n’avais qu’une fraction de seconde pour agir. Si je criai maintenant à l’Astartes de s’écarter, il ne comprendrait pas tout de suite – et n’entendrait peut-être même pas ma voix, couverte par la plainte discordante de la bête blessée à mort – ; et si il ne perdait n’était-ce qu’une seconde, il était mort. Je n’avais non plus de temps pour une incantation.
Il n’y avait qu’une seule solution.
Faisant circuler mon flux spirituel à travers mes jambes pour décupler leur force, je me ruai vers les deux duellistes.
- Qu’est-ce qu…? commença le Bone Stinger en me voyant le charger à une vitesse inquiétante.
Sans lui laisser le temps de terminer, je lui saisis l’arrière de la tête et, mettant toute ma force dans mon bras…lui broyer le visage contre la paroi abdominale du monstre. Avec un grondement mêlant surprise et douleur rageuse, il alla s’écraser contre la carapace pourpre du xenos, son faciès s’incrustant dans la cuirasse qui se fracassa sous le choc.
Là où son crâne venait de se trouver, un jet d’humeur violacée vint éclabousser mon avant-bras, consumant le tissu si rapidement qu’elle me rongeait déjà la peau lorsque j’arrachai le haut en fusion du vêtement.
Au moment où la créature commença à tomber lentement en arrière, je retirai la face imbriquée de Velminzey de la carcasse titanesque.
- Si je n’avais pas fait ça, c’est votre visage qui aurait brûlé à la place de ma manche, expliquai-je avant qu’il aie le temps d’exploser.
J’indiquai d’un signe de tête la parure qui s’embrasait toujours, se tortillant furieusement sur le sol comme si le venin eût été vivant.
A la réflexion, il se pourrait qu’il eût été vivant d’ailleurs.
En voyant l’habit se désintégrer, le Psycho-nihiliste se calma légèrement, et les teintes rougeâtres qui avaient préludé à l’empourprer laissèrent la place à sa lividité coutumière.

En vérité, j’aurais pu agir autrement. Oui, je n’étais pas obligé de lui briser l’arête nasale pour l’empêcher d’être calciné. J’aurais pu agir de manière beaucoup plus téméraire, beaucoup plus hardie, en me lançant tout simplement sur la gueule du tyranide et en encaissant le fluide corrosif à sa place. J’aurais alors aussi agi de manière beaucoup plus stupide.
Parce que ça m’aurait brûlé les tripes, tout simplement. Je n’avais pas d’armure sur moi et cet acide m’aurait calciné de l’intérieur s’il m’avait rongé le ventre plutôt que le bras. Ce bras-là n’était d’ailleurs plus en très bon état.
Cependant, ne croyez pas que j’ai agi là par lâcheté ou par pur égoïsme.
Pas par lâcheté, d’une part, car un Space Marine ne connaît pas la peur.
D’autre part, nous étions actuellement six – Janrius n’étant plus – encore debouts, dont trois Astartes. Nous n’avions pas besoin d’en perdre un, et qui plus est un Space Marine, c’eut été la pire chose qui aurait pu nous arriver. J’ai donc agi pour la survie du groupe et pas pour la mienne.

Le Carnifex était mort. Définitivement. A nous six, nous étions parvenus à l’abattre.
Un bruissement feutré vint titiller mes tympans, une dizaine de mètres derrière nous. Je fis volte-face, Helblivion et Velminzey – doués des mêmes facultés sensitives que moi – faisant de même, l’ayant perçu également.
- Le Magus, pronostiqua le Bone Stinger en se tournant vers moi.
Il avait raison. Emmitouflé dans une robe d’apparat rouge, une forme cambrée se faufilait à travers les pylônes, dans la direction du son. Nous nous apprêtions à nous lancer à sa poursuite lorsqu’une voix de femme retentit derrière nous :
- Cet homme est en train de mourir.
Me retournant, je reconnus Eokris Shadenfroh, ses cheveux blonds en bataille, toujours blême avait la lutte contre le monstre tyranide. De toute la bataille, elle avait reçu deux balles dans le flanc droit, une dans le bras, et une longue plaie sanguinolente tailladait sa jambe gauche dans le sens de la longueur. Debout devant Janrius, elle répéta :
- Cet homme est en train de mourir. Il a besoin de soins. Maintenant.
- Mais…, commençai-je.
- Elle a raison, approuva soudain Helblivion, qui s’était approché du corps de l’Inquisiteur inconscient. Il a perdu beaucoup de sang. D’après sa couleur, approximativement…trois litres.
- Combien de temps avant qu’il meure ? demandai-je.
Le Techmarine me lança un regard étrange.
- Il devrait déjà être mort après une telle perte, fit-il remarquer. C’est un miracle qu’il soit encore en v…
- Combien de temps ? répétai-je, plus impatient.
- Je lui donne quatre minutes, répondit l’Urban Striker. Pas plus. Peut-être moins, ajouta-t-il.
Fronçant les sourcils, je me tournai vers Velminzey. Celui-ci réfléchit une seconde, puis :
- C’est d’accord, céda-t-il. Il faut qu’il survive.
Je poussai un soupir ennuyé, lorsqu’il enchaîna :
- Arbitrator, Inquisitrice, ramenez cet homme auprès des Sœurs Hospitalières.
Je lui jetai un regard confus.
- Engelson, Helblivion. On y va, nous lança-t-il.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 1:32

CHAPITRE 6

Nous errions dans les sous-sols sans fin du complexe depuis plus d’un quart d’heure, à présent. Nous avions perdu la trace du Magus depuis belle lurette et nous n’avions aucun plan de ce dédale souterrain. Nous n’avions aucun repère dans ces tunnels qui se ressemblaient tous, ces excavations grisâtres et pantagruéliques.
Et pire que tout, nous perdions du temps !
Nous perdions un temps précieux à traquer un misérable Magus Genestealer au lieu de continuer nos investigations sur Valkyrie ou Eldohstan !
Eldohstan…
Un vieil ami, m’avait-il nommé. Pourquoi ?
A tout hasard, j’avais lancé un court communiqué à l’Excruciator, utilisant le code Bliss pour contacter Traed.
- Edge. Défaillance du système oculaire. Macrosynthèse requise. Fin.
En Gothique simple, cela signifiait qu’il nous était impossible de localiser la cible par nos propres moyens. Je réclamai également le renfort de l’escouade Retributor que Janrius avait réquisitionnée auprès des Gardiennes de Vaul. J’avais l’étrange pressentiment que nous allions en avoir besoin. L’intuition que le Carnifex n’était pas la seule arme mortelle de ce culte étonnamment nanti.
- Ne bougez plus, ordonna Velminzey.
Le Bone Stinger était en tête de file, suivi de moi-même, et arrière-gardé par Helblivion. Lorsqu’il nous enjoignit de nous immobiliser, nous obéîmes sur-le-champ.
Sans un son, il nous fit signe de tendre l’oreille.
Rien.
Puis ça parvint à nos tympans.
D’abord distant, comme une complainte sourde et confuse, un murmure étouffé et lointain. Puis ça s’affina. La plainte se fit moins bourdonnante, et nous débutâmes à capter une mélodie. Douce. Très douce. Infiniment plus suave et veloutée que tout ce qui avait caressé mon âme avant. C’était quelque chose…d’entraînant, d’harmonieux, un symphonie exquise qui apaisait mon âme et en chassait peines et tourments. Et en même temps, c’était tellement…touchant, tellement…stimulant ! Sur le coup, j’eus même l’impression que cette musique enchanteresse avait été créée pour ne provoquer que mon bien-être. Et par mon bien-être, j’entendais « bien être » mais j’entendais surtout mon.
Je tournai lentement sur moi-même pour voir si Helblivion ressentait la même chose que moi.
Figé, le Techmarine semblait perdu dans ses pensées, absorbé par une rêverie d’une sérénité sublime, angélique, parfaite. Sa charpente massive semblait oscillait lentement, au rythme de la litanie, paisible et calme, ses malheurs oblitérés eux aussi par la pureté du songe.
Toujours transporté par cet air paradisiaque qui ravissait chaque particule de mon être, je me retournai à nouveau pour faire face à Velminzey, afin de voir si l’innocence céleste de ces notes avait enfin eu raison du spectre brumeux qu’incarnait sa figure blême et décharnée.
L’horreur qui m’envahit alors annihila toute trace de tranquillité en moi pendant une fraction de seconde, tant elle était grande.
Les traits crispés à l’extrême, ses lèvres tirées dans une expression de mortelle agonie, ses pupilles exorbitées semblaient prêtes à jaillir de son crâne, cramoisies par le brusque afflux de sang, vitreux et hagards, la lueur froide les illuminant d’une cruauté coutumière ayant tout simplement disparu, comme si elles avaient perdu toute trace de vie. Des larmes coulaient de ses orbes monstrueux et inanimés, et je fis inconsciemment un pas en arrière en m’apercevant avec répulsion que c’était des larmes de sang.
- Qu…qu’est-ce que… ?
Il eut un spasme frénétique et bascula soudain en arrière.
- LUCA !
C’était la première fois que je l’appelais Luca. Je ne m’étonnai pas qu’il m’appelle à son tour par mon prénom.
- Lauvitz…!
Une gerbe de sang gicla de sa bouche et vint éclabousser la robe d’Helblivion. Aussitôt, l’Urban Striker sortit également de sa torpeur, et sembla foudroyé d’avoir soudain à ses pieds un Bone Stinger plus mort que vif. Une main bouffie et violacée vint cerner mon poignet et une sentiment alarmant me saisit à nouveau en m’apercevant que c’était celle de Verlminzey.
- Luca ! Qu’est-ce qui se passe ?
- Lau…vitz…tu…ne l’entends pas ?
Ses yeux roulaient dans ses orbites à la manière d’un dément et du sang commençait aussi à perler de sa bouche.
- Qu’est-ce que je ne t’entends pas ?! lui demandai-je sans comprendre. Cette musique ? Cette musique douce et mélodieuse qui apaise mon esprit ?
A son tour, il me lança un regard surpris.
- Quelle…musique ? Je n’entends…que le chant des morts…
Le chant des morts ?
Le Bone Stinger fut à nouveau envahi de convulsions violentes, et un hurlement inhumain s’extirpa de sa larynx tordu par la douleur, alors qu’il se contorsionnait follement sur le parterre.
Soudain, sa face de forcené se tourna vers moi et il brailla outre ses cris :
- EVISCERATOR ! EVISCERATOR !
Eviscerator ? Sans chercher à comprendre, je saisis l’épée-tronçonneuse et la tentai péniblement de la fourrai entre ses doigts se tortillant sans cesse. Je ne réagis pas en le voyant armer le mécanisme de rotation.
Cependant, lorsqu’il porta la lame à sa tempe, je me jetai brusquement sur lui et lui arrachai l’arme des mains.
- QU’EST-CE QUE TU FAIS ?! vociférai-je en envoyant voltiger l’outil de mort plusieurs mètres plus loin.
Il me dévisagea d’un air désespéré ; et sa tête tomba en arrière, inconscient.

…avant de me repousser brutalement et, avec une expression de haine consumant ses traits, de s’enfoncer les index dans les oreilles. Lorsque le sang commença à en goutter, je sus qu’il venait de ses crever les tympans.
Aussitôt, les symptômes d’agonie disparurent de son visage, et il se releva d’un bond.
L’effet de surprise et la vitesse fulgurante m’empêchèrent alors de parer son poing, lorsque celui-ci fusa vers la mâchoire comme un véritable météore.
Puis, utilisant le flux qui coulait sur ses joues et perlait sur ses lèvres, il marqua à même le sol :

J’ai failli crever à cause de toi imbécile

Après m’avoir lorgné d’un œil noir, il ajouta :

Ta ‘‘ musique ’’ est un cantique du Liber Chaotica d-

Il jura silencieusement en voyant que le sang qui tachait son doigt s’était coagulé. Après une courte hésitation, il poursuivit à haute voix :
- Ta « musique » est un cantique impie du Liber Chaotica de Slaanesh, dégénéré !
Slaanesh. Voilà pourquoi ça me paraissait si enchanteur.
- Une musique mélodieuse, hein ? ajouta-t-il en imitant l’air béat que j’avais du avoir d’une manière qui me flattait fort peu. Tsk ! Oui, évidemment ! Ces psaumes hérétiques sont faits pour s’introduire dans l’âme des mortels et les pervertir insidieusement par ses apparences charmeuses.
En tant qu’Intouchable, Velminzey n’avait pas d’âme – du moins pas celle qui interagissait avec le Warp. Ce qui expliquait pourquoi il n’avait goûté à nul plaisir impur.
- Malheureusement, la véritable nature de ces abominations est toute autre, enchaîna le Bone Stinger. En réalité, cette horreur te fore la tête et les tripes avec une efficacité incroyable. La douleur devrait être insupportable mais la mélodie mielleuse est là pour en couvrir l’effet. Un peu comme un anesthésiant. Le problème, c’est que ceux qui ne reçoivent pas cet anesthésiant ont la fâcheuse tendance à ressentir toute la véritable souffrance quand leur corps se dessèche et qu’ils commencent à se liquéfier.
Une pensée écœurante s’imposa soudain dans mon crâne.
Je tâtai mon visage. Rien. Je scrutai mes mains. Rien non plus.
- Pas la peine de chercher, me lança le sourd en me voyant faire. Ça ne peut plus vous atteindre tant que je suis aussi prêt de vous. Mon aura d’annulation empêche le Warp de vous toucher.
Je me détendis…et frémis en prenant conscience qu’à nouveau, je n’avais plus de pouvoirs.
Nous nous tournâmes alors vers Helblivion, qui observait les lignes ensanglantées sur le sol d’un œil interrogateur.
- Pour que celui qui a lancé ces incantations ne sache pas que nous sommes encore vivants, expliqua Velminzey. Mais de toute façon, même si nous restions silencieux, le blanc que je fais dans l’environnement Warp de ce lieu l’aurait fait se douter de quelque chose. Et il aurait su que nous étions toujours vivants.
- S’il a lancé ces incantations, c’est que cet invocateur savait que nous étions là ? demanda le Techmarine.
Avant de se rappeler que le Bone Stinger était sourd.
- Je ne sais pas s’il le savait réellement, répondit soudain celui-ci. Mais il s’en doutait sûrement et il a voulu vérifier. Je n’aurais pas survécu si longtemps si je ne savais même pas lire sur les lèvres, ajouta-t-il à mon intention.
Je le fixai un moment, puis il reprit :
- Bon, maintenant allons purifier cette abomination ; et restez près de moi ! commanda-t-il.
J’avoue qu’à cet instant, l’aiguillon de la frustration m’éperonna d’être ainsi obligé de dépendre entièrement d’un autre. Fût-ce un honneur de suivre l’un des plus grands de l’Imperium
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 1:33

Comme j’avais pu m’en douter, le cultiste et le Magus ne faisaient qu’un, l’être emmitouflé de rouge les incarnant tous deux à la tête des Genestealers et de la secte d’hérétiques. Ainsi, lorsque nous trouvâmes enfin l’hybride, ressentis-je une certaine satisfaction à l’idée de pouvoir purger deux cultes impies de la surface des terres de l’Empereur.
Hélas, nous arrivions trop tard.
- Il est mort…? s’étonna Helblivion en apercevant la silhouette encapuchonnée à terre, inerte.
Et il ne pouvait l’être plus, répondis-je pour moi-même. Baignant dans son propre sang, la carcasse broyée de l’impur souillait le sol de ses viscères calcinées, exposées à l’air et encore fumantes du frais massacre. Démembré, dépecé, ce qui restait de son apparence organique se résumait à un monceau de chair noirâtre, carbonisé, où peau et os se mêlaient dans une obscène et abjecte parodie d’être vivant.
S’approchant des entrailles liquéfiées, Velminzey se pencha et en saisit une pleine poignée, encore palpitante, et dont les méandres dédaléens qui s’en effilochaient indiquait qu’il s’agissait vraisemblablement d’un reste de cervelle.
- Ce n’est pas une mort naturelle, diagnostiqua-t-il en humant le bulbe crânien.
Bien vu. En effet, il fallait vraiment un discernement exceptionnel pour deviner que ce cadavre en fusion n’était pas mort naturellement.
- Je veux dire qu’il n’a pas été tué par une attaque naturelle, siffla le Bone Stinger avec vexation.
Décidément, cet homme était d’une perspicacité dérangeante.
- Ces brûlures n’ont pas été causées par des armes conventionnelles comme des lance-flammes ou des bombes incendiaires, enchaîna-t-il. Il a été victime d’une attaque psychique. D’une boucherie psychique, plutôt, ajouta-t-il en laissant l’encéphale dégouliner de sa paume ouverte.
Ça se corsait. Un psyker capable d’étriper sa cible par la pensée était assurément d’un éminent niveau.
Pas assez éminent pour percer l’aura d’un Intouchable.
Une déflagration assourdissante suivie d’un hurlement bestial nous fit soudain tourner la tête – « nous » étant Helblivion et moi. Voyons nos faces tendues, Velminzey fit de même.
- Quoi ? s’exclama-t-il en nous regardant.
J’ouvris la bouche mais Helblivion galopait déjà. Je m’interrompis et nous lui emboîtâmes le pas.

Alors que nous cavalions à travers le labyrinthe de galeries, une nouvelle explosion retentit, accompagnée d’un autre rugissement. Nous pressâmes le pas.

- Deus ex Mechanicus ! jura Helblivion en se jetant de côté.
L’imitant, je roulai en avant. Velminzey dégaina son arme et scia la lame dans toute sa longueur d’un unique mouvement vertical. Une autre plaque fendit les airs et le contour fuselé en entailla la tempe livide du Bone Stinger. Une goutte vermeil suinta et la plaie coagula aussitôt.
- Qu’est-ce que c’est que ça ? s’exclama le Techmarine en esquivant le projectile effilé, lequel vint frôler sa gorge.
Un nouvel obus fusa vers sa nuque et, faisant volte-face, il broya l’objet d’un coup de poing dévastateur. Un autre plana dans ma direction et je le démolis du coude.
- Alors quoi ? C’est ça leur défense ?
Avec un rictus d’arrogance, le Psycho-nihiliste équarrissait sans peine tout ce qui venait à lui, clivant le vide de son eviscerator dans une pluie d’étincelles ; jusqu’à ce qu’il tronçonne d’un geste frénétique la dépouille d’un Genestealer.
Se figeant, il fixa la carcasse démantelée avec surprise, avant d’en fracasser les os contre le parterre.
Au même instant, la volée de fers cessa.

- Qu’est-ce que c’était ? demanda Helblivion en arrachant son poing d’une plaque de fonte que son bras avait littéralement traversé.
Je n’en savais rien. A vrai dire, j’étais sur le point de poser exactement la même question.
- Qu’est-ce que c’était ? nous lança Velminzey d’un air distrait.
Évidemment, il était sourd. J’aurais pu trouver ça drôle, mais je n’étais pas d’humeur à rire.
Nous reprîmes notre course.

Ce qui va suivre fait partie de ses rares moments qui restent à jamais gravés dans la mémoire d’un homme. Ces quelques secondes, cristallisées dans le temps et l’espace, ces instants infimes durant lesquels l’univers tout entier semble être occulté, durant lesquels tout se résume à l’infinitude de quelques mètres et à l’éternité d’une minute.
Aujourd’hui encore, alors que mon existence toute entière se joue dans la cour du Judicii Sanctum de Talasa Prime, j’ai encore le souvenir de cet éphémère absolu, cet ouragan muet où un cœur réifié par l´exil, asséché par le désert glacé de la solitude, s´embrasa et brûla du feu ardent de la haine.
Le souvenir d´un être que la vie a ruiné et qui lutta seul contre son destin.
Un homme nu, désarmé, seul devant la mort.

C´était une montagne de muscles tuméfiés, mutilés, ses chairs sanguinolentes marquées par le tison de la guerre aussi bien que par celui des flammes, les tatouages gravés à même la peau étant le seul vêtement qu´il portait. Long, émacié, son visage était uniment couturé de cicatrices tortueuses serpentant sur sa face meurtrie telles des brandons torves et osseux. Coiffé d´une couronne blanchâtre qui cascadait en fleuve tumultueux sur ses épaules, son crâne était affublé de deux pupilles d´émeraude, dont la lueur assassine faisait miroiter sa figure de manière cadavérique. La barbe poussait dru sur son menton ravagé, brouillant son poitrail d´une traînée de brume sale. Il lui manquait un bras et ses jambes étaient couvertes de cendres.
Paradoxalement, c´est en cet état de loque humaine, dévêtue, misérable, que je vis guerroyer contre l´inéluctabilité le plus courageux, le plus fier, et le plus désespéré des Astartes.

Aux prises avec un monstrueux Lictor, le Space Marine était acculé contre un pilier. La poitrine lacérée, il saignait abondamment et ses plaies ne semblaient pas vouloir coaguler, ce certainement du aux milliers de spores infimes qui s´étaient fichées sous sa peau et qui le rongeaient de l´intérieur.
Etrangement, aucun d´entre nous ne vint lui prêter main forte. Nous assistions tous silencieusement à son duel contre son propre sort, contre la fatalité de sa destinée ; et nous sentîmes que nous n´avions aucun droit d´interférer avec cette lutte épique, cette bataille à mort contre la mort elle-même.
Non, ce combat, c´était son combat.
Le tyranide lança ses bras tentaculaires mais, comme s´il avait déjà anticipé avant même que le coup vienne, l´autre se baissa et roula de côté, alors que les appendices du monstre déchiraient l´adamantium. Se relevant, l´Astartes plongea vers la créature et, de sa paume ouverte, transperça sa garde et percuta son flanc découvert.
La puissance démentielle de l´attaque me laissa bouché bée, alors que le corps désarticulé du Lictor était projeté dans les airs à plus d´une dizaine de mètres.
Cherchant la raison d´un tel prodige, je scrutai le manchot, et m´aperçus que son avant-bras était parcouru de faisceaux incandescents, et que des étincelles dorées jaillissaient du bout de ses doigts.
Un psyker, évidemment. Je compris aussitôt que c´était ce même psyker qui avait du réduire en charpies la carcasse du Magus, et je me dis que c´était également lui qui était à l´origine des plaques de fer volantes.
Bon, au moins une bonne nouvelle, si lui aussi était contre le Culte, nous ne devrions pas avoir à le combattre, logiquement.
Logiquement.
D´autre part, je m´étonnais qu´il aie pu utiliser l´Adamantis Manus, l´apprentissage de ce pouvoir psychique majeur étant normalement réservé aux servants de la Sainte Inquisition. Pourtant, cet homme n´avait aucunement l´air d´être un Chevalier Gris. Il n´y avait donc que deux possibilités. Ou bien cet individu s´était emparé de la force d´un tome impie et y avait découvert une variante chaotique de l´Adamantis Manus - ce qui, à bien y réfléchir, me paraissait somme toute improbable, car je reconnaissais bien la forme du pouvoir standard - , auquel il devrait recevoir le juste châtiment du renégat. Ou bien...
Un mugissement tonitruant vint se répercuter en écho sur les parois gargantuesques du souterrain et nous vîmes le Space Marine soulever à bouts de bras un Guerrier Tyranide, avant de lui fracasser la colonne vertébrale contre le sol dans une explosion viscérale.
J´eus la surprise de voir un hybride ruer vers lui, lequel fut simplement éjecté par l´onde psychique d´un geste dédaigneux de la main. Il y avait donc des humains encore en vie dans le complexe ? Cette pensée était lourde de significations, car tant qu´un être humain fertile et contaminé était toujours vivant, la possibilité que le Culte renaisse ailleurs demeurait présente. Mais, sur le coup, j´étais trop absorbé par ce qui se déroulait devant mes yeux pour une traque de mutants.
Une flopée de Genestealers surgit brusquement du vide, et bondit d´un même élan sur l´Astartes. Celui-ci joignit les mains et, après une courte incantation, un cône de braises dévorantes jaillit des paumes et vint consumer la chair visqueuse des xenos. Lorsque les flammes s´évanouirent, il n´en restait plus qu´un tas de cendres fumantes.
Ce pouvoir m´était aussi connu. L´Ignis Claustra constituait en effet la fierté des Archivistes Dark Angels, car seuls ceux du premier des Chapître étaient aptes à le maîtriser, et les psykers de tout l´Imperium bavaient d´envie et d´admiration lorsqu´ils en voyaient la pleine puissance déchaînée.
Je n´y faisais pas exception et je ne pus m´empêcher de ressentir un vif sentiment de respect mêlé d´amertume lorsque quatre autres hybrides furent carbonisés de ses mains.
Un seul était encore en vie, mais il s´était figé en voyant ses pairs brûler. L´espace d´un instant, il sembla se ressaisir et leva son pistolet-mitrailleur vers le Space Marine ; mais la lueur de jade du géant parut soudain s´intensifier et l´impur poussa un hurlement de terreur avant de lâcher son arme et de fondre en larmes sur le sol.
Encore la marque de l´Inquisition. Le Purgatus était une attaque cruelle qui se résumait à un simple regard, regard empli de haine et de courroux qui pouvait embraser la culpabilité d´un homme au point de le réduire à une épave démente et misérable, sanglotant sur la honte de sa propre impiété.
Une seconde, l´Astartes fixa avec mépris la dépouille sordide que les lamentations chuintantes rendaient plus pitoyable encore, avant de le faire imploser d´un mouvement de lèvres.
Les entrailles giclèrent dans un pulsar sanglant et le silence retomba.
...avant d´être aussitôt brisé par un beuglement bestial qui fit trembler les fondations mêmes du bâtiment.

La lutte infernale que nous avions livrée quelques minutes avant m´avait déjà exténué, et le fait de se retrouver face à un Carnifex dans un lieu pareil m´avait proprement sidéré. Imaginez ma surprise en en voyant un deuxième surgir de l´ombre.

D´autant plus que celui-ci me paraissait encore plus énorme que le premier.
Affublé de cornes massives qui pointaient de chaque côté de son crâne, de quatre membres antérieurs musculeux, dont une paire était garnie de griffes effilées et l´autre de pinces démesurées, ainsi que d´une poche glandulaire proéminente sous le menton chargée à coup sûr d´un acide déraisonnablement corrosif, la bête était titanesque, et je pris la fantaisie de le classer dans la catégorie des Lucanifex.
Ce qu´il y avait de plus gros, de plus grand, et de plus dévastateur parmi les essaims de l´Esprit de la Ruche.
C´était fini, l´Astartes n´avait aucune chance.
Cependant, même à ce moment-là, nous restâmes immobiles, et j´eus même la sensation que c´eût été la pire des insultes possibles que d´aller prêter main forte au Dark Angel, même dans ces conditions.
C´était son combat.
Avec un nouveau rugissement, le tyranide fit un pas en avant, sa forme démesurée creusant des cratères dans le sol à mesure qu´il se déplaçait.
Sans hésiter, l´Archiviste marcha vers lui, son corps nu nimbé d´un halo flamboyant, ses paumes parcourues d´étincelles écarlates.
Le Carnifex fit claquer ses griffes et chargea. Réagissant au quart de tour, le Dark Angel croisa les bras sur sa poitrine et une volute de fumée blanche l´enveloppa. Le monstre ralentit et essaya de percer l´écran brumeux, lorsqu´un trait de feu fusa du brouillard et vint percuter son front. Aussitôt, une rafale de projectiles enflammés jaillirent du nuage trouble jusqu´à ce que le Space Marine lui-même en bondisse, mains jointes, pour libérer à nouveau la fureur de l´Ignis Claustra sur la créature. Un instant, celle-ci sembla déflecter les flammes...avant d´être engloutie dans un véritable torrent de feu.
L´Astartes recula pour ne pas être touché par les coups de pinces déments de la bête, tout en continuant à la mitrailler de faisceaux vermeils, afin de la maintenir à distance.
En fin de compte, il parvenait à tenir tête au Lucanifex...mais pour combien de temps ?
Car, je le voyais bien, le psyker commençait à faiblir. Son visage décharné était tendu par la haine, mais aussi par l´épuisement, et la sueur suintait en gouttes salées par chaque pore de sa peau. Les traits de feu s´éclaircissaient et ses attaques devenaient de moins en moins virulentes. Il commençait à perdre sa concentration, et ne tarderait pas à succomber à l´exhaure.
Il y eut un bourdonnement et son aura charnelle se clairsema, jusqu´à s´éteindre totalement. De ces doigts jaillirent encore quelques étincelles puis son esprit l´abandonna tout à fait.
Ereinté, il fit un pas en arrière, et s´affala contre un mur, haletant péniblement alors que le Carnifex hurlait toujours, lentement consumé par le brasier psychique.

Brusquement, le monstrueux flambeau se cambra et, d´un borborygme sonore, projeta une gerbe de fluide verdâtre en direction de l´Astartes. Celui-ci leva lentement les yeux vers la bête ; et les écarquilla en surprise alarmée en voyant le projectile fuser vers lui.
Le cri déchirant qu´il poussa lorsque le venin liquéfia son torse crissa dans ma tête en une lamentation lancinante et j´eus l´impression que mon crâne allait exploser tant cela me faisait mal.
Je n´en suis plus très sûr mais je crois que sur le coup, j´ai hurlé moi aussi à cause de la douleur.
Bouleversé par l´élégie psychique du mourant, je discernai avec peine son poitrail d´acier fondre à vue d’œil, exposant la chair à l´air alors que sa cage thoracique se ratatinait sur elle-même.
Mais ça ne s´arrêtait pas là.
Toujours brûlant, le Lucanifex se rua vers le psyker et, dans un gargouillis écoeurant, l´embrocha sur ses griffes tranchantes. Le sang gicla du thorax du Space Marine, et j´aperçus avec horreur son cœur qui commençait à jaillir de l´omoplate, à moitié pendu à ses veines et à moitié accroché à une lame.
Je me dis avec appréhension qu´au moindre mouvement, l´organe serait arraché des capillaires sanguins ; ce qui signerait l´arrêt de mort du Dark Angel.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 1:37

# Ça se corsait pour l´Astartes. Maintenant qu´il n´avait plus la force d´utiliser ces pouvoirs psychiques, il semblait condamné, étant donné qu´il n´avait plus ni armes, ni armure.
C´est ce que je crus tout d´abord. Je me trompais.
Avez-vous déjà entendu parler des glandes de Betcher ?
Parmi les dix-neuf implants organiques qui font d´un Space Marine ce qu´il est, les glandes de Betcher sont le numéro dix-sept. On les insère à l´organisme humain vers la seizième année de formation, alors que le processus d´ « Astarterisation » est déjà bien avancé.
Placées à l´intérieur de la lèvre inférieure, à côté des glandes salivaires, ou dans le palais buccal, ces petits organes fonctionnent de manière semblable aux glandes de poison des reptiles venimeux. Elles synthétisent et stockent un venim mortel, auquel les Space Marines deviennent alors immunisés. Une qualité déjà fort appréciable, mais certainement pas la meilleure, n´est-ce pas ? En effet, celui qui est équipé de ces glandes à également la faculté de cracher ce fameux venin qui, en plus d´être acide et corrosif, aveugle et paralyse la cible. Ainsi, même nu et sans armes, un Astartes peut malgré tout demeurer létal, et plus d´un ennemi trop confiant a péri par un jet d´acide de la part d´un Marine qu´il pensait innofensif.
Quoique...le nombre de cas pareil à celui-ci était tout de même d´une extrême rareté et il arrivait même souvent que certains Space Marines s´interdisent d´user de ce genre de stratagème, le considérant ou trop barbare, ou trop rabaissant car les comparant à des bêtes sauvages ou - pire - à certaines espèces xenos.
Dont les tyranides.
Cependant, aveuglé par la rage et l´agonie mordante, manchot, épuisé, encore maintenu en vie seulement par l´énergie du désespoir, le Dark Angel ne sembla pas s´embarasser de telles considérations. Les traits distordus par la souffrance, il baissa les yeux vers le monstre toujours en flammes et, visant les yeux, contracta la poitrine...et à son tour cracha une gerbe de poison sur le tyranide.
Surpris, celui-ci se figea ; et vociféra à nouveau sous l´assaut de la douleur. Il tenta de broyer l´Astartes sous ses griffes, mais il sentit avec stupeur son corps se rigidifier, jusqu´à se pétrifier complètement au bout de quelques secondes.
Je demeurai hagard devent cet acte fou mais brillant, qui venait de ralonger de manière drastique l´espérance de vie de l´Archiviste.
En effet, elle venait de passer de quelques secondes à quelques minutes. Pas si mal.
Pourtant, le temps pressait toujours, la durée de paralysie du venin n´était pas infinie et, étant donné la résistance naturelle que possédait assurément la bête, elle ne tarderait pas à recouvrer rapidement ses moyens, encore plus folle de rage qu´auparavant.
Mais voilà, comment triompher d´un Lucanifex, même inerte, alors que l´on était soi-même désarmé, mourant, que l´on avait une lame d´un mètre de long dans le corps, au bout de laquelle pendait dangereusement le cœur qui nous maintenait miraculeusement en vie ?
Là encore, l´originalité de l´Astartes m´ahurit, autant qu´elle m´horrifia.
Celui-ci, ruisselant de sueur et de sang, saisit à deux mains le bras musculeux qui le suspendait en l´air et, sollicitant les dernières forces que son corps meurtri lui procurait, commença à se tracter plus avant vers le monstre. L´hémoglobine gicla alors que la griffe s´enfonçait plus profondément et - comme je m´en étais douté - les rares artères qui joignaient encore le cœur au reste des chairs cédèrent dans un claquement sec.
C´était terminé.

Coeur auxiliaire.
Le tout premier implant, le plus simple et le plus basique de tous, le premier implant que recevait un Astartes lors de sa formation était le cœur auxiliaire. Destiné à décupler la vitesse de circulation sanguine dans l´organisme, il agissait également comme filtre de dioxygène, capable de capter les plus infimes parcelles de cette molécule dans l´air, permettant ainsi à son possesseur de survivre dans des environnements à très pauvre atmosphère ou dans les vapeurs souillés des mondes stérilisés.
Une question que je m´étais toujours posé était de savoir si, s´il arrivait par hasard que ledit coeur soit malencontreusement arraché du corps Space Marine, celui-ci survivait à l´amputation non-consentante, ou bien s´il agonisait misérablement sur le sol en se tordant de douleur et en maudissant le nom de son chirurgien ? Ou encore s´il survivait, mais qu´il était soudainement victime d´une anémie spectaculaire, devenant alors, comme le disaient si bien les peaux-vertes « tou mou et tou roz » ?
J´avais désormais ma réponse.

Encore palpitant de ses dernières gouttes de sang, le coeur secondaire pendait désespérément au bout de la griffe du monstre, alors que l´Astartes continuait à s´embrocher toujours plus profondément, au mépris du liquide écarlate qui ruisselait de sa poitrine.
Froootch !
D´un élan macabre particulièrement sonore, il parvint finalement à se hisser jusqu´à la gueule toujours ouverte du Carnifex.
Son souffle n´était plus qu´un râle misérable à présent. Pourtant, les mots qu´il prononça en engouffrant ses bras dans le gosier de la bête me parurent aussi clairs que s´il les avait scandés devant moi.
- Ignis...Claustra...!
Un instant, l´intérieur de la bouche irradia une vive lueur blanche...avant que les flammes en jaillissent comme l´enfer, l´immolant intégralement de l´intérieur dans une vocifération furibonde. Complètement fou furieux, le tyranide était sorti de sa torpeur et, agité de spasmes démentiels, beuglait, grondait, alors que sa cervelle se consumait sans qu´il puisse rien y faire.
Le Dark Angel fut déchiré, écartelé, littéralement réduit en charpies au sens le plus gore et le plus crû du terme, ses entrailles volant en tous sens, répandant des litres et des litres de sang dans l´air lourd de haine.
Et de triomphe.
Car, malgré tout, c´était lui qui avait finalement gagné.
Il avait vaincu le Lucanifex.
Dans un dernier soubresaut, l´animal poussa un ultime mugissement, et s´effondra sur le sol dans un fracas assourdissant, sa carcasse pantagruélique gravant sa monstrueuse empreinte dans l´iridium.
Il y eut un gargouillis, et le silence retomba.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 1:44

Ni moi, ni aucun d´entre nous ne prononcèrent un mot. Nous demeurions de marbre, immobiles, scrutant toujours les restes ensanglantés du plus courageux, du plus fier, et du plus désespéré des Astartes. Seul face à sa destinée, face à la personnification même de la violence bestiale, il avait triomphé, avant d´être finalement englouti par la mort inéluctable.
Velminzey me tapota doucement l´épaule, et je me retournai. Imité par Helblivion, je le suivis jusqu´à ce qui me parut être une petite pièce sordide, cernée de quatre murs sales et ternes, lesquels étaient parcourus de lézardes. La grille qui avait du autrefois l´obturer gisait sur le sol de manière misérable, et je vis à la façon dont elle avait été défoncée que celui qui l´avait forcée devait avoir une force extraordinaire.
Ou des pouvoirs psychiques dévastateurs.
Je ne mis pas longtemps à deviner qu´il s´agissait là d´une cellule, bien que la présence de telle installation dans le sous-sol d´un complexe Arbites me surprit. Cependant, ce n´était pas là la raison pour laquelle le Bone Stinger nous y avait amenés.
D´un geste de la main, il nous fit signe d´entrer à l´intérieur. De près, les parois étaient encore plus déplorables qu´elles n´en avaient l´air. Grossièrement bâties, parcourues de fissures en maints endroits, les moellons grisâtres qui les constituaient étaient enfoncés de manière inégale, certains complètement incrustés dans d´autres qui, au contraire, ressortaient.
Quand bien même, je ne voyais toujours pas l´intérêt de ce trou.
Attirant mon regard sur une pierre qui saillait particulièrement, Velminzey la saisit à deux mains ; et d´un coup sec, l´arracha de la construction. Sur le coup, je fus convaincu que l´entièreté de la pièce allait crouler sur elle-même, si l´équilibre déjà précaire du matériau était ainsi perturbé. Il n´en fut rien.
Voyant mon regard interrogateur, le Bone Stinger plongea sa main dans la cavité, et j´eus la surprise de l´en voir sortir un rouleau de parchemin jauni, poussiéreux, et - ce qui me troubla le plus - taché de sang. D´un geste leste, il défit le pli, et nous nous approchâmes pour voir ce qui y était inscrit.
A première vue, le document semblait avoir un certain âge, la couleur du support y prétextant bien sûr, mais les blancs - si l´on pouvait appeler cela des blancs - dans l´écriture témoignant également de l´usure de l´encre.
De l´encre ? Non. Du sang.
Nous lûmes.

Je suis Exsulius, Archiviste Epistolier de la Quatrième Compagnie du glorieux, du p-_-´ et du premier de tous les Chap_ celui des Dark Angels.
Je suis détenu ic_ -epui- bientôt hui_

La suite était illisible.
Ainsi donc, je ne m´étais pas trompé. Cette loque humaine nue et décharnée était bien Archiviste Dark Angel. Connaissant le caractère stoïque et opiniâtre - et, oserai-je le dire, fortement obtus - de ce Chapître, nul étonnement qu´il aie été prêt à risquer jusqu´à sa vie pour triompher de l´ennemi.
Après avoir vainement tenté de déchiffrer la suite des caractères séchés, nous reposâmes avec précaution le rouleau dans son trou, avant d´y replacer la pierre.
Bon. Voilà, il s´appelait Exsulius, il était détenu ici depuis huit...? Mais en quoi cela nous aidait-il ?
Une seule manière de le savoir.
Attrapant un autre moellon, j´imitai Velminzey et l´extirpai du mur d´une traction de bras. Je sondai la faille et - c´était à parier - en arrachai un second parchemin. Un sentiment de frustration m´envahit en voyant que quasiment toutes les lettres en étaient déjà à demi-éffacées.
- La belle affaire ! lança Helblivion en scrutant le rouleau. Tsk ! Pas un mot de lisible et...Terra !
D´un geste brusque, il m´arracha la feuille froissée des mains, et je vis soudain ses pupilles s´agrandir.
- Là ! s´écria-t-il en me plaquant le papier sous le nez.
Quoi, là ?! Plissant les yeux, j´essayai péniblement de lire, mais les lignes étaient brouillées et c´était presque impossible. Sans grande conviction, je déchiffrai lentement un U - ou un V, plutôt - ...un A... Et alors ?! Un L... Un K... Je commençais à perdre patien...
Un K ?
Ecarquillant au maximum les yeux, je me repenchai sur mon ouvrage, avec plus d´ardeur à présent.
Y. R. I.
La dernière lettre était réellement effacée, mais je n´eus aucune peine à la deviner.
V.A.L.K.Y.R.I. Et E.
- Alors ?
Je me retournai, et fus confronté à l’œil interrogateur de Luca Velminzey. Pour toute réponse, je lui tendis le parchemin.
Il eut d´abord la même réaction que moi. Puis je vis ses traits se tendre, et il s´exclama après quelques secondes :
- Valkyrie !
Le Commandeur Valkyrie.
Ainsi donc, Exsulius y avait également eu affaire... Voilà qui rendait subitement les choses bien plus intéressantes.
- Regardez ça.
Dans sa main, Helblivion tenait ce qui semblait être une sorte de puce électronique. De la taille d´un ongle, le composant semblait avoir été admirablement bien conservé, car toutes les soudures étaient en place et aucun grain de poussière n´obstruait l´objet.
- C´est un module de mémorisation numérique Mk VII, expliqua le Techmarine. Il s´insère dans la partie frontale du heaume, juste au-dessus de l´optique droite, et est relié à un système de photo-réception situé dans la visière. Il permet d´enregistrer des séquences vidéos simplement en les regardant, afin d´agrémenter un rapport de bataille, de revisualiser le déroulement d´un combat pour des simulations ou des briefings, ou au cas où...
Il marqua une pause.
- Au cas où le possesseur meurt, le module enregistre le son et les images pour qu´on puisse revisionner avec précision les conditions de sa mort, termina-t-il. Une telle installation est normalement réservée aux officiers de haut rang, ajouta-t-il.
- On peut visionner ce qu´il y a dessus ? questionna Velminzey.
- Hum...il n´a pas l´air en trop mauvais état, alors ça pourrait être possible, répondit Helblivion. Si nous avions un casque...
Le Bone Stinger comprit et, avec une moue agacée, décrocha l´armet qui pendait à sa taille.
Laquée d´un noir de jais, l´objet était une oeuvre de maître, ornée de symboles macabres et de divers gravures, la plupart des rites de bannissement démoniaque ou des glyphes de résiliation psychique destinées à consumer l´âme des psykers auxquels était confronté le Psycho-nihiliste - j´ignorais de quelle manière fonctionnaient ces glyphes, mais je ressentis une vague appréhension en pensant à ce qu´elles pourraient causer comme effet à un être aussi dépendant du psychisme que moi... Les fentes de la visière semblaient des puits de ténèbres, et j´eus une impression étrange en essayant de scruter à travers... Et au-dessus, en lettres de feu, Bone Stinger, surplombée d´un ankh ailé. La croix ludienne, le symbole du Chapître.
Je fus fasciné de voir avec quelle dextérité et quel savoir-faire le Techmarine déboulonna l´intérieur du heaume, plaça le module à l´emplacement requis, avant de remonter le mécanisme du plat de la main, tout en marmonnant les psaumes incompréhensibles que le Clergé de Mars lui avaient enseignés. Tout ça sans outils.
Décidément, Cortecon avait raison. Si nous n´avions pas l´Adeptus Mechanicus pour rythmer la vie de l´Imperium, nous voyagerions dans l´espace à bord de rafiots délabrés et nous lancerions la conquête de planètes avec des galets et du sable.
- Terminé, lança l´Urban Striker en rendant le casque à son possesseur respectif. Maintenant, il faut activer les circuits de la machine en la revêtant, et nous pourrons voir ce que nous cache ce petit bijou.
Velminzey reprit l´armet. Mais il ne l´enfila pas.
- Un problème ? demanda Helblivion.
- Je dois...le mettre ?
- Et bien...oui, c´est à peu près le but de la manœuvre, répliqua l´autre, une pointe d´ironie dans la voix.
Le Psycho-nihiliste siffla entre ses dents et, après un instant, se tourna vers moi.
- Sors d´ici.
- ...?
- Sors d´ici, répéta-t-il plus fermement.
Soit. Reculant, je sortis de la cellule.
- Et maintenant ? lançai-je avec un haussement de sourcils.
Pour toute réponse, il poussa un soupir exaspéré, ramassa sa chevelure d´argent...et revêtit le heaume.

Je m´étais demandé quels effets pouvaient bien avoir les glyphes de résiliation sur mon âme. La réplique fut violente.
L´éclat de lumière bleuté qu´irradièrent les runes fut si puissant que je dus détourner la tête pour ne pas être aveuglé. Une fraction de seconde, et une détonation tonitruante retentit, suivie d´une explosion assourdissante qui m´envoya valser en arrière, me fracassant le corps contre un adamantium qui me parut beaucoup plus dur lorsque je le percutai, que lorsque je m´en servais comme armure. La déflagration me broya contre le mur quelques secondes...
Puis tout s´arrêta.

- Engelson ?
Une poigne d´acier attrapa ma main, et me remit sur mes jambes d´une traction. Le monde était encore flou pour moi, et il me fallut quelques secondes pour reconnaître les traits de Varlimos Helblivion.
- ça va ? demanda-t-il en me laissant récupérer du choc.
Si ça allait ? A première vue, je n´avais aucun os cassé, et je sentais encore mes membres.
- C´est bon, articulai-je en le repoussant.
- C´était...spectaculaire, commenta-t-il en haussant les sourcils.
Je ne savais pas si je devais le remercier ou lui envoyer mon poing dans le visage.
Je m´abstins et restai immobile. Quelques mètres plus loin, toujours debout dans le cachot, Velminzey était tourné vers moi. Les glyphes sur son casque continuaient de miroiter, plus faiblement, et je pus le regarder en face - demeurant tout de même à bonne distance.
Je vis que les optiques de sa visière jetaient à présent des reflets luminescents, d´une couleur semblable aux runes mais de manière plus vive. Je tentai de le regarder dans les yeux, mais je me surpris à détourner involontairement les miens. Je réessayai mais mon corps ne m´obéissait plus, et je ne pus soutenir la pleine intensité de son regard.
- Voilà pourquoi ça me gênait d´avoir à le mettre, me lança-t-il d´une voix encore plus caverneuse que de coutume.
Pas d´excuses. Si j´avais pu, lui aussi je lui aurais mis mon poing dans le visage.
- Ah ?
Il tapota la partie frontale de l´armet, plusieurs fois, avant de s´exclamer :
- Je l´ai trouvé. L´enregistrement qui précède sa capture. Le dernier du séquenceur, daté de huit jou...huit mois ?!
- ça concorde, approuva Helblivion. Ce doit être celui-ci.
Le Bone Stinger hocha la tête et tapota une dernière fois.
Aussitôt, une projection holographique semblable à celle qu´il m´avait montrée dans sa crypte quelques heures plus tôt se matérialisa à nos pieds. Réglant la molette d´ajustage, il donna à l´image les dimensions suffisantes pour que nous puissions la visualiser tous les trois de la manière la plus optimisée possible.

***

- FEUUU !
- Maître Exsulius, attaque sur le flanc droit !
- Envoyez l´escouade d´assaut Tyrius pour contrecarrer ces abominations !
- Frère-sergent Tyrius est déjà engagé par les gaunts !
- Alors nous enverrons ces horreurs en enfer nous-mêmes.
- A vos ordres, Maître.
- POUR LE LION ET L´EMPEREUR !

***

- SUBISSEZ LE COURROUX DE L´EMPEREUR DE L´HUMANITE !

***

- Maître, ils sont trop nombreux, nous ne tiendrons pas !
- Alors maintenez-les à distance, au moins !
- Nous usons nos dernières munitio...ATTENTION !
- Crève, insulte à l´Empereur !
- Hungh...!
- NARAËL !

***

- IGCRZZTIS CLAUSTRRRZZ...!

***

Le module crépita encore pendant quelques secondes, avant que le son s´évanouisse définitivement.
Les dernières images présentaient un indicible chaos.
Cerné de manière alarmante par une masse grouillante de gaunts en furie, Exsulius luttait, au pied des batteries ronronnantes des bolters lourds d´un Predator Destructor. L´une des chenilles en était endommagée, et un amas de brume grisâtre annonçait que le mécanisme était hors-service.
Ce qui signifiait que le véhicule était immobilisé.
Les canons-mitrailleurs rugirent encore un peu, fauchant tyranide sur tyranide, avant de brusquement se taire. Plus de munitions. Ils étaient mal.
Très mal.
A peine le tonnerre de bolts avait-il expiré ses dernières balles que la rampe arrière du char s´abattit dans un fracas silencieux mêlé de clameurs vides, auxquelles s´adjoignirent bientôt le roulement tonitruant des bolters ; vociférant leur ardente soif de haine, les Dark Angels s´extirpaient de la bouche d´acier pour faire hurler la mort sur les ennemis de l´Empereur.
Hélas, très vite, les chargeurs tombèrent à vide eux aussi.
Et la cohue de gaunts semblait n´en pas finir. Un océan de griffes, de pinces, et de crocs, bavant et raclant le sol de leurs pattes crochues, prêts à se jeter sur le carré d´Astartes au moindre signal, et à les réduire en chair à pâté sans aucune échappatoire.
Décidément, ils étaient vraiment mal.
Wooosh !
Brusquement, un hormagaunt bondit sur l´un des Space Marines, ses membres grêles et effilés tendus vers sa gorge avec la ferme intention de la faire tomber de ses épaules. D´un geste leste, le géant d´airain dégaina son épée-tronçonneuse et trancha net le tronc du tyranide, sciant sa cage thoracique dans le sens de la largeur, et la séparant du bassin dans un pulsar sanglant.
Aussitôt, la marée noire rua comme un seul homme - ou plutôt, comme un seul Esprit de la Ruche - , et tout ne fut plus que folie.
L´enregistrement continua à se dérouler, mais une forme floue jaillit soudain au centre de l´image et, en une fraction de seconde, nous vîmes en un gros plan louable de précision un obus de forme elliptique obstruer le champ de vision du module, avant de percuter l´optique dans un flash éblouissant.
Des débris de métaux saturèrent le paysage, et le monde tangua un instant...avant de basculer en arrière pour s´écraser lourdement sur la glaise. L´Archiviste tenta de se relever, mais un autre projectile fusa dans sa direction, et pour la seconde fois, nous aperçûmes l´iridium voler en éclats.
Cette fois, plus rien ne se mut, et tout fut englouti par les ténèbres.

Je demeurais interdit ; car, bien que la confusion de la lutte aie brouillé les dernières scènes, la forme ovoïde qui avait mis à bas Exsulius était reconnaissable entre mille pour mon oeil Deathwatcher.
En effet, une seule race dans toute la galaxie utilisait le noyau de combustion photonique pour ses missiles.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 1:52

CHAPITRE 7

Mais c´était absurde !
C´était absurde, c´était aberrant...c´était...totalement insensé !
Pourquoi est-ce que des Tau s´allieraient-ils à des tyranides ?!
Le principe même d´une quelconque alliance avec les machines à tuer de l´Esprit de la Ruche me semblait déjà de la pure démence, mais avec des Tau...
Le Chaos.
C´était l´unique solution. Le Chaos, tout y était forcément lié.
La possession de l´Aun, le cultiste de Slaanesh...tout concordait. C´était Eldohstan qui était aux commandes de ce maëlstrom de folie, j´en eus la conviction. Eldohstan. Il était la clé de tout.
- Valkyrie...avec des tyranides...?
Je levai les yeux pour me retrouver face à face avec le visage perplexe d´Helblivion.
- Mais...pourquoi ?
A son tour, il me fixa du regard mais, à en croire son expression, il devina que je me posais exactement la même question.

Hein ? Un instant...mais...
Comment savait-il qu´il s´agissait de Tau ?
En effet, le lance-missiles photoniques était une technologie toute propre à la race des xenos collectivistes.
Basée sur le modèle XV8 qu´avait normalisé les Fio´O sur les exo-armures Crisis, cette version moins conventionnelle consistait à remplacer les obus explosifs standards par des charges photoniques concentrées, doublées d´un système d´induction plasmique semblable au procédé qui donnait leur puissance aux redoutés fusils à impulsions.
Cependant, en temps qu´arme encore prototypique, ce dispositif n´avait pas encore été officiellement répertorié par le Departemento Munitorum et, à dire vrai, seuls quelques rares serviteurs de l´Imperium l´avait vu à l´oeuvre - dont les plus évidents étaient bien entendu les Deathwatchers. J´en avais moi-même fait les frais, quelque huit ans auparavant, lors d´une mission d´assassinat sur la personne d´un Por haut placé dans la hiérarchie de l´Empire.
Ce que je ne m´expliquais pas était la raison pour laquelle un simple - si tant est qu´un tel oxymore puisse être viable - Space Marine était-il au courant d´un tel secret, lequel était habituellement jalousement gardé par les agents de l´Ordo Xenos.

Mais Varlimos Helblivion n´était pas un simple Space Marine.
- Tu sembles surpris, murmura-t-il en voyant mon oeil interrogateur. Tu ne pensais tout de même pas que le Clergé de Mars n´était pas constamment au courant des découvertes technologiques de l´Imperium ?
Je ne répliquai pas.

***

- Des Tau ?
- C´est cela même, Monseigneur.
Sous son bandeau éffilé de pointes, je devinai les traits d´Ignifistus Traed se tordre, alors que l´embarras du trouble faisait bouilloner sa vétuste cervelle.
Nous étions tous à nouveau réunis sur l´octogone dallé du strategium ; tous, à l´exception de Janrius - qui, sous les ordres avisés de Loriel, avait immédiatement été transféré au Deck Médical. A sa place se tenait un homme que je ne connaissais pas.
De grande taille, ses courts cheveux grisâtres tirés vers l´arrière, laissant ainsi son optique de visée miroiter de sa lueur métallique, il était vêtu d´une armure carapace pourpre, ainsi que d´un long manteau de cuir brun qui lui tombait jusqu´aux chevilles. La Croix de Macharius étincelait sur ses pectoraux cramoisis, et je reconnus la Médaille Pourpre qui pendait fièrement à son col.
Sur son holster, en lettres noires, le numéro quarante-sept était gravé.
D´un coup d´oeil discret, je demandai à Selm l´identité de ce nouvel inconnu. D´une moue éloquente, l´Arbitrator me fit comprendre qu´il l´ignorait lui-même.
- Vous interrogeriez-vous sur la nature de cet homme qui sied aujourd´hui sur le siège de notre regretté Vegas, Lauvitz ?
Son regard aveugle tourné vers moi, Traed semblait s´être remis de l´impact de l´alliance xenos contre-nature.
Regretté Vegas ? Alors, comme ça, il ne pensait pas que l´Inquisiteur survive...?
- Je m´excuse que l´hardiesse d´une telle ignorance aie pu paraître si évidente, Monseigneur, mais je suis dans l´obligation de vous avouer ma perplexité, répondis-je.
La place de Père Supérieur me tenait réellement à coeur, et la préciosité était de mise lorsque l´on ne voulait pas froisser le Tenant du Cathèdre.
Sans réponse, le vieillard fit un signe de tête à l´étranger. Celui s´avança, et c´est la voix amère et rocailleuse d´un homme qui a connu les atrocités de la guerre qui s´extirpa de sa gorge :
- Salutations, Deathwatcher, commença-t-il en venant me faire face. Je suis le Colonel Recruos, et je sers l´Immortel Empereur de l´Humanité aux ordres du 47e Régiment de Killbarof.
Recruos. Ce nom ne m´évoquait rien de connu.
Cependant, je sentis une montée d´intérêt au son du 47e Régiment de Killbarof.
Assez méconnu, le 47k - tel que ceux qui y officiaient se plaisaient à le nommer - était en service aux frontières du Segmentum Solar, à proximité de l´astre pollué d´Armageddon. Ces membres, à l´image de la Garde Impériale, étaient fiers et hardis, courageux et zélés, sans pour autant s´élever au rang de troupes aussi légendaires que les soldats de Cadia, la Légion d´Acier, ou encore les armées arctiques du Valhalla.
Mais alors, pourquoi cette soudaine attention pour ces unités non plus méritoires que d´autres ?
C´est très simple.
Quinze ans auparavant, le 47k avait guerroyé contre le rouleau compresseur grouillant de haches et de crocs qui se nomme lui même Waaagh !, au cours de ce que les Scriptoria conservent aujourd´hui sous le nom de Massacre de Vendel. Acculées sur l´orbe du même nom, les forces impériales y avaient en effet subi une défaite majeure, et les très rares survivants de cette bataille mémorable avaient du s´extraire des ruines fourmillant d´orks par leurs propres - et forts pauvres - moyens. Ainsi, sur les treize mille hommes qui avaient été envoyés au front à l´appel des conflits, seuls cinq cents furent aptes à se traîner péniblement jusqu´aux dernières bases retranchées du régiment, afin d´être rapatriés sur Killbar´ pour y arracher aux griffes de la mort ceux qui pouvaient encore l´être.
Et il y en eut peu.
Car, sur le demi-millier de mourants, pestiférés par la fange des tranchées et traumatisés à vie par l´horreur de la guerre, " 101 " fut le nombre affiché sur le dossier de ceux qui demeurèrent aptes à se battre.
Sur ces cent un, un était un Deathwatcher, de l´Ordre spécial de Vengeful Fists ; les cent autres étaient les gardes impériaux que le 47k nomme à présent " Vétérans de Vendel ".

Et, malgré le temps qui passa depuis lors, et malgré les quinze années durant lesquelles jamais plus il ne les revit, Lauvitz Engelson n´oublia jamais le courage d´une poignée d´hommes dont l´énergie du désespoir avait vêtus d´une étoffe d´héroïsme digne des plus vertueux Space Marines.

Ainsi me suis-je - dans les grandes lignes, je concède - toujours maintenu plus ou moins au courant des agissements et du devenir du 47k, non pas dans l´espoir injustifié de les revoir un jour - pourquoi en aurais-je envie ? - , mais plutôt par une sorte de devoir moral, d´honneur fait à la mémoire des douze mille neuf cent soixante-treize serviteurs de l´Empereur qui périrent sur Vendel, quinze ans plus tôt.
Et toujours était-il que je ne connaissais pas cet homme.
- Salutations, Colonel, me contentai-je donc de répondre en exécutant rapidement le signe de l´aquila.
Il devait s´attendre à ce que j´enjolive ma réplique de quelque politesse, mais je ne perdis pas de temps sur de tels détails.
- Venez-en au fait, poursuivis-je d´une voix froide.
Son oeil visible prit une teinte surprise mais, sans se démonter, il prit un pas de retrait et, toussotant légèrement pour attirer l´attention de l´assemblée :
- Et bien, commença-t-il d´un ton austère, puisqu´apparemment, on ne s´encombre guère plus ici que de connaître le nom et le rang de chaque nouvel arrivant, je n´irais pas plus loin, et vous exposerai-je donc directement l´objet de ma visite.
Sa vexation implicite n´échappa à personne, sans que quiconque ne traduise pour autant la moindre approbation. Si s´avachir en moult courbettes jusqu´à renifler le parterre comptait plus pour lui que l´imminence du conflit, c´était son problème après tout.
- Je suis donc ici pour la même raison que vous, poursuivit-il gravement. Nous sommes actuellement à la poursuite du dénommé Commandant Tau Valkyrie. Cela fait maintenant plusieurs semaines que nous le traquons, suite à la bataille qui confronta les Dark Angels aux...
- Les Dark Angels ? coupai-je brusquement.
Les yeux d´Helblivion et Luca s´étaient eux aussi agrandis.
- Les Dark Angels, oui, confirma Recruos, légèrement étonné par cette soudaine curiosité. Ils combattaient les Tau au sol lorsque notre flotte est arrivée en orbite,pour leur porter assistance. Malheureusement, quand nous avons essayé d´établir le contact avec eux...
- Ce sont eux qui vous ont demandé de l´aide ? interrompit Velminzey.
- Hem...en vérité, non, avoua le Colonel. Nous étions sensés contrer la menace Tau ensemble, mais dès qu´ils en ont eu l´occasion - vous connaissez leur légendaire orgueil - , les Dark Angels nous ont laissé en plan pour partir se battre seuls. Nous savions depuis le début qu´ils ne voudraient jamais que nous leur prêtions main forte, mais les ordres sont les ordres et nous les avons tout de même poursuivis...
- Et ?
- Et bien, lorsque nous arrivâmes en orbite, nous avons essayé de les contacté via Astrotelepathicus, mais...n´ayant aucune réponse après plusieurs essais, nous prîmes le parti pris de lancer un bombardement orbital sur la planète.
- Au risque de réduire en poussières tous les Astartes qui y étaient encore ?
- Il n´y avait plus d´Astartes à ce moment-là, Deathwatcher, siffla-t-il d´une voix acide.
- Vous vous trompez, Colonel, il en restait un, rétorquai-je, le toisant dur regard. Un Archiviste Épistolier du nom d´Exsulius.
- Un Archi...
- Pourquoi n´avez-vous pas tenté de le contacter lui, Colo...
- Suffit, Lauvitz ! s´exclama brusquement Traed. Ceci n´est pas un interrogatoire, laissez le Colonel s´exprimer !
- Pardon de mon insolence, Seigneur, mais il a raison, continua cependant Recruos. Nous ne savions pas qu´il y avait toujours un officier supérieur au sol lorsque nous avons lancé le bombardement. Et je prends l´entière responsabilité de sa mort, poursuivit-il en se tournant vers moi, et vous offre ma tête si je dois être exécuté pour avoir précipité dans les abysses du vide spatial un tel héros.
- Gardez votre tête, Garde Impérial, rétorquai-je, vous en aurez besoin très bientôt, je vous l´assure. Car, bien que ce Dark Angel sied à présent à la table de l´Empereur, sachez qu´il n´est pas mort de votre main, mais de celle d´un Lucanifex, sous mes yeux, après avoir fait preuve d´une bravoure et d´une noblesse d´esprit que vous ne verrez probablement jamais dans toute votre vie.
Le Killbarof ne releva pas l´affront, mais me dévisagea avec consternation.
- Un...Lucanifex ?
- Et des plus féroces, Colonel. Avez-vous vu détecté la moindre trace d´organisme tyranide lorsque vous avez - car vous l´avez fait, bien entendu - scanné la surface du champ de bataille ?
- Hum...non. Non, aucune, répliqua-t-il avec perplexité.
Pas de tyranides ? Étrange. Nous avions pourtant très nettement vu la masse de gaunts qui s´était précipitée sur Exsulius et les derniers rescapés de l´armée Dark Angel.
- En êtes-vous réellement sûr, Colonel ?
- J´en suis sûr, oui, soutint le soldat avec plus de détermination.
Voyons...souvenirs proches...plus tôt...
BAM !
Une douleur lancinante me taillada la cervelle, interrompant brutalement mon examen psychique des mémoires de Recruos. Lorsque je repris mes esprits, toujours sous le choc, ce fut pour sentir l´aura de colère flamboyante qui émanait du corps ruiné de Traed.
Nous ne sommes pas en interrogatoire ! martela-t-il mentalement dans ma tête en insistant avec une véhémence tonitruante sur chacune des syllabes. Et n´essayez même pas de vous rapprocher du Psycho-nihiliste, sinon...
Deuxième fois qu´il me prenait en faute. ça s´annonçait mal pour le Saint-Cathèdre.
Et le problème des tyranides était toujours entier.
Comment est-ce qu´une telle foultitude de créatures avait-elle pu passé inaperçue auprès des radars géothermiques ?
-Valkyrie débarquera ici dans vingt-huit heures.
- Comment ?
- Vingt-huit heures, répéta le Colonel. Nous les avons pourchassés pendant dix-sept jours, avant d´être piégés par un champ de force holo-magnétique qui a brouillé nos appareils huit heures durant. Assez de temps pour permettre à leur vaisseau de nous semer et de s´enfuir.
- Leur vaisseau ? Il n´en ont qu´un ?
- Il y a eu une escarmouche spatiale après le bombardement. Nous avions eu la présence d´esprit d´anéantir leur spatioport principal afin de les empêcher de quitter le sol, mais ils avaient un appareil de secours entreposé dans un avant-poste dissimulé.
- Quel genre d´appareil ?
- Un cuirassé de guerre. Destroyer Manta, selon l´Aeronautica Imperialis. Super lourd. Nous lui avons envoyé plusieurs bordées lorsqu´il a décollé, mais il a réussi à s´en tirer et trois de nos croiseurs ont été abattus par les tirs de railguns.
Un Manta. Les choses se corsaient.
- Comment savez-vous qu´ils vont arriver ici ?
- Juste avant de les perdre, on a réussi à leur plaquer un missile traqueur avec un émetteur-récepteur astrotélépathique dessus. C´est grâce à ça qu´on peut les suivre à la trace depuis notre vaisseau mais, lorsque nous avions enfin rétabli nos systèmes de communication, il était déjà trop loin pour qu´on puisse l´intercepter nous-mêmes. On a donc bien observé sa trajectoire, et on en a déduit qu´il se dirigeait vers le système de Vaul.
- Ils attaqueraient Vaul Premium ?
- Je ne crois pas. Ils sont trop faibles pour l´instant pour s´attaquer à un si gros morceau avec seulement un vaisseau. Non, j´opte plutôt pour Vaul Secundus, étant donné que c´est la planète la plus proche des frontières du système, et que s´ils réussissent à en percer les défenses et à y établir une position, ils auront un arsenal entier à disposition, et assez de ressources pour attendre les renforts d´une autre flotte.
Effectivement, ça semblait cohérent.
Recruos s´arrêta là, immobile, attendant notre réponse. Un long silence plana avant que Selm - à défaut de Janrius - ne le brise enfin :
- Alors, qu´est-ce qu´on fait ? On émigre tous vers Vaul Secundus et on attend pour les cueillir ?
- J´ai une meilleur idée.
Me levant de mon siège, je m´avançai à mon tour.
- Cortecon, lançai-je au Magos. J´ai besoin que tu ailles chauffer les machines pour moi. Vingt-huit heures, vous dites ? enchaînai-je en direction du Colonel.
- Vingt-huit heures, confirma-t-il.
- Bien, ça devrait être suffisant...
- Qu´est-ce que tu prévois ? questionna Selm. D´aller pêcher le Manta nous-mêmes ?
- Pas exactement, répondis-je en me tournant vers lui. L´Excruciator va avoir du sport, ajoutai-je en souriant, face à son oeil inerrogateur.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 1:54

# Jacen Tyger. Quarante-quatre ans, un mètre quatrevingt-six, quatrevingt-quatre kilogrammes. J´avais vaguement entendu parler de lui, lors de mes contrôles réguliers du 47k. En bien principalement. Rescapé de la légendaire escouade Emperor´s Hand - laquelle était dite avoir investi une cité ruineuse où les orks s´étaient établis, et avait exterminé l´entiereté peau-verte en sept jours, sans aucune perte ; il va sans dire que j´étais particulièrement sceptique sur un tel exploit - il était le plus hardi et le plus sanguin des huit. Il était alors à la tête d´une équipe de Vétérans de Vendel, tous s´étant plus ou moins couverts de gloire durant le massacre de la Waaagh ! , quinze ans plus tôt, agissant à l´époque comme meneurs et tacticiens durant le retrait des Killbarof défaits. Ainsi, lorsque les dix soldats posèrent pied sur l´Excruciator, en connaissais-je déjà neuf, ayant combattu à leurs côtés alors que le sort jouait contre nous. Pour ceux-ci, ce furent embrassades et retrouvailles émues. Il y eut des poignées de mains réjouies, des souvenirs enfouis dans les mémoires révélés à la lumière du jour, jadis funestes et sans espoir, aujourd´hui flambant d´héroïsme et bouillonnants de l´envie de revanche.

Mais pour le dixième, il n´y eut qu´un salut strict, un signe de l´aquila sentencieux, et les regards froids de deux hommes d´honneur se retrouvant face à face. La présentation fut sobre et formelle.
Et, dans la plus grande tradition Vengeful Fist, toute présentation commençait sur l´aire d´entraînement.

L´homme était d´une adresse surprenante. Déviant une nouvelle fois ma ruade, Tyger se fendit en une botte ascendante, fusant à une vitesse fulgurante vers mon torse.
L´attaque était bonne, mais la portée trop courte.
Profitant de l´allonge hautement supérieur que ma charpente d´Astartes me donnait, je le repoussai d´un simple coup de pied qui l´envoya voltiger une dizaine de mètres plus loin.
- Hungh !
Se réceptionnant tant bien que mal, le Killbarof dégaina son fulgurant et, avant même d´avoir pu esquisser un geste, la bouche carnassière de l´arme cracha deux crocs acérés qui s´élancèrent vers moi.
Il était trop tard pour esquiver. Avec un rugissement bestial, je brandis ma lame de force et, d´un coup sec, fendis les bolts dans toute leur longueur d´une frappe descendante crépitante d´étincelles.
- Tu triches ! lui lançai-je, alors que nous nous jetions l´un sur l´autre pour nous entre-tuer à nouveau.
- Personne n´a jamais dit que les armes à feu étaient interdites, répliqua-t-il.
Les fers s´entrechoquèrent dans un fracas tonitruant, et les foudres disruptrices s´entremêlèrent dans un pulsar bleuté. Tyger tenait l´épée à deux mains, tandis que je n´en utilisais qu´une. De l´autre, je condensais toute la force de destruction que les fonderies de Mars avaient confiée au terrible et cruel gantelet énergétique.
Brusquement, il décroisa l´étau et, d´un pas de côté, se dégagea de la prise mortelle. Surpris par ce mouvement, je n´eus pas le temps d´anticiper, et me retrouvai soudain emporté par le poids de mon propre corps. Destabilisé, je parai in extremis la rapière qui volait vers ma gorge et repoussai l´acier d´une poussée vigoureuse.
- C´est un combat, Deathwatcher, pas une danse ! persiffla Jacen d´un ton goguenard, se lançant dans une combinaison complexe d´attaques frontales, me forçant à reculer de plus en plus.
Quoi ?! Piqué au vif, je pris un pas de retrait et, vociférant, levai le poing d´airain qui bourdonnait à mon bras.
- Ah..., commença le garde d´une voix mal assurée, en voyant l´énorme silhouette grésillante d´azurite se dirigeait dangereusement vers lui.
- CRÈVE ! tonnai-je en mettant toute ma force dans un direct foudroyant au crâne.
Exactement comme il l´avait espéré.
Roulant de côté, Tyger prit une garde à deux mains et décrivit un large arc de cercle vers ma taille. Prévenu par mes réflexes, j´intercalai ma lame de force pour bloquer.
Feinte.
Sans que j´aie pu le prévoir, le Killbarof changea brusquement sa prise pour un one-hand´, et j´eus la surprise de voir sa rapière se figer à quelques centimètres de la mienne. Je m´aperçus soudain qu´il venait de m´immobiliser.
De sa main libre, il dégagea son fulgurant et, le pointant directement vers ma tête
- Bye bye, souffla-t-il d´une voix doucereuse.
BANG ! BANG !
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 1:56

Embrasant sa paume gantée dans un flash aveuglant, l´arme sauta des mains du garde pour aller se perdre sur le parterre de l´aire, une dizaine de mètres plus loin. Bondissant en arrière , Tyger étouffa un juron en étreignant son gant roussi, me dévisageant avec stupéfaction.
- Ce n´est pas lui, lança une voix derrière nous.
D´un même geste, nous fîmes volte-face pour nous retrouver nez à nez avec l´ombre macabre, couverte de crânes, de Luca Velminzey.
- Ce n´est qu´un vulgaire humain, m´adressa-t-il en rengainant son pistolet bolter. Qu´est-ce que tu attends pour l´écraser ?
- C´est de moi que tu parles ?
Son ton était acerbe, et la lame du Killbarof était pointée vers le Bone Stinger. Celui-ci ne le regarda même pas.
Toujours à moi :
- Ne me dis quand même pas que tu viens de te faire battre...par ça ? murmura-t-il d´un sifflement plein de mépris.
Cette fois-ci, le garde s´élança directement et, plongeant sur l´Astartes, abattit son arme de toutes ses forces sur l´albinos.
D´un geste fulgurant, le Space Marine lui saisit l´avant-bras et, l´air atone, l´envoya mordre la poussière d´un simple coup de coude.
- ...!
Le scapula brisé, l´homme s´écrasa sur le sol avec un son mat, une gerbe de sang giclant de sa bouche alors que son sabre était projeté dans les airs par l´impact de l´attaque.
Je constatai alors que je ne m´étais jamais battu contre Velminzey. Nous ne nous étions en effet pas rencontrés sur l´Excruciator, mais dans les ruelles glauques et sordides de Vlader Thrime. Les premiers mots avaient été rudes et pressés, avant d´être presque aussitôt changés en clameurs guerrières scandées contre un Carnifex déchaîné.
Aussi n´avais-je guère eu l´occasion de le défier en joute amicale sur l´aire d´entraînement, comme le préconisaient les antiques coutumes Vengeful Fists.
- J´ignore ta réponse, Deathwatcher, mais si elle a l´effronterie d´être affirmative, alors je suis satisfait d´être toujours sourd.
Il achevait sa phrase que Tyger se releva brusquement et, saisissant sa rapière en plein vol, s´ouvrit en un estoc foudroyant vers le cœur du géant. Plus vif encore, celui-ci dégaina à nouveau son pistolet et, du fil de l´arme, bloqua celle du Killbarof.
- Attention à ce que tu fais, humain, lui susurra le Psycho-nihiliste d´une voix glaciale. Ce pourrait bien être ta dernière action.
Sans répondre, l´autre passa en one-hand´ et, reculant d´un pas, fondit en une nouvelle botte, vers le foie. Mais, toujours plus leste, l´Astartes tendit son feu droit devant lui et, avant d´avoir eu le temps d´allonger le coup fatal, le garde fut soudain percuté de plein fouet par un bolt dans une déflagration éblouissante, son pectoral volant littéralement en éclats sous la puissance du choc, et son corps s´élevant dans les airs sous l´œil impavide et lugubre de Luca Velminzey.
Je fus saisi, tant d´horreur que d´admiration, lorsqu´un nouveau bolt jaillit du canon et vint imploser pile là où l´armure s´était gâté, et où la chair était à présent vulnérable.

L´hémoglobine gicla à nouveau et, précipité à terre, la carcasse inerte de Jacen Tyger alla frapper le sol avec le craquement caractéristique d´une colonne vertébrale qui éclate.
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dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a Empty
MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 2:00

Il fallut plusieurs minutes avant qu´un Apothicaire, en truel féroce avec deux Chapelains, ne se décide enfin à amener le Killbarof exsangue au Deck Médical.
A l´image de maints Chapîtres, l´Ordre des Vengeful Fists était fier, et son orgueil le portait bien souvent à ignorer, et même mépriser tout ce qui n´était ni Astartes, ni même de l´Ordo Xenos. Tyger avait eu de la chance de tomber sur l´un des rares à daigner encore se préoccuper de bas officiers de la Garde - le fait que ledit Marine aie failli trébucher sur sa carcasse en reculant y étant peut-être pour quelque chose.

***

- Dans combien de temps sera-t-il sur pied ?
- Deux heures. Peut-être trois.
- Deux heures ?
- Ses blessures sont somme toute assez superficielles. C´est la douleur qui a du lui faire perdre connaissance.
- ...
- Ces gardes sont vraiment faibles.
Je m´étonnai de ressentir dans les paroles de l´Apothicaire le même sifflement méprisant que celui que Luca Velminzey avait éprouvé pour Tyger, une demi-heure plus tôt.
- Et ensuite ?
- Ensuite ? Il sera comme neuf, prêt à être utilisé de manière optimale.
- C´est tout de même surprenant que ses lésions soient si bénignes. Je pensais qu´il était plus résistant que ça...
- Douterais-tu de mon diagnostic, Lauvitz ? Douterais-tu de mes compétences ? Depuis treize années que tu fais partie de notre ordre, m´as-tu vu une seule fois échouer dans mon œuvre ?
Je plongeai mon regard dans ses pupilles mauves, et nous nous fixâmes l´un l´autre un moment.
- Non, jamais, fus-je forcé de reconnaître en me tournant à nouveaux vers le corps inanimé du Killbarof.

Plus que pour tous, le fardeau des Vengeful Fists pesait plus sur les épaules d´un Apothicaire que sur celles de chacun d´entre nous. En effet, tous étions le tout dernier vestige d´un Chapître tombé dans l´oubli, la disgrâce, ou tout simplement réduit en miettes par le cruel marteau que certains nomment le destin. Ainsi, tous, nous avions perdu à jamais nos frères, nos amis, nos camarades avec lesquels nous avions guerroyé, des siècles, parfois même des millénaires durant. C´était une partie intégrante de notre âme qui se déchirait de nous pour aller se perdre dans les ténèbres brumeuses du tourment et de la mélancolie.
Mais pour un Apothicaire, c´était pire ; car le devoir de ceux qui avaient choisi la voix de l´Apothecarion était non seulement d´apporter la mort, mais aussi d´apporter la vie. Eux étaient chargés de recueillir sur les défunts le trésor suprême du Chapître, la semence de l´Empereur : les glandes progénoïdes ; car à eux était attribuée là lourde tâche de perpétuer le Chapître en perpétuant les âmes de ceux dont le corps avait été sacrifié sur l´autel de la guerre, et en donnant naissance au maul nouveau qui continuerait à broyer par sa juste fureur les innombrables et terribles ennemis de l´Humanité.
Par conséquent, être l´unique survivant des mille Astartes dont la mission d´assurer la pérennité nous avait été incombée, était bien plus qu´un effroyable coup du sort. C´était un monumental échec.
Tous parmi nous en avaient conscience, mais seuls nos Apothicaires s´en rendaient coupables, et portaient sur leur conscience le poids de l´opprobre, du déshonneur, et de la responsabilité d´avoir précipité dans les abysses un millier des meilleurs de l´Empereur.

Avec une telle pression pesant sur eux, nul étonnement que les gardiens de notre prospérité soient parmi les plus véhéments et les plus acharnés de toute la galaxie. En effet, depuis l´histoire millénaire de l´ordre, jamais une seule glande progénoïde n´avait été abandonnée sur un champ de bataille, bien que celles-ci ne soient plus employées pour la génèse de nouveaux Space Marines, mais conservées dans le plus grand respect à l´intérieur de ce que l´Excruciator contenait comme le Memorium.
Une antichambre dissimulée, hermétiquement close, dont seul le Père Supérieur Vengeful Fist connaissait l´emplacement exact, et dont seul avait le droit d´y pénétrer, afin d´y placer révérencieusement ceux dont le Chapître avait sombré en des temps immémoriaux, mais dont le nom et les actes resteraient alors à jamais sacrés par ceux qui leur avaient servi d´ultimes confidents.

- Et Janrius ?
- L’Inquisiteur ? Il en a encore pour au moins cinquante heures ici.
- Cinquante ? Valkyrie abordera Vaul dans moins de vingt-huit heures ! N’y a-t-il aucun moyen de le rétablir d’ici-là ?
- Et bien, répondit l’Apothicaire d’une voix pensive, si vous n’avez besoin que de la jambe droite, c’est possible, oui. Dans vingt-huit heures, c’est le seul membre qui sera à peu près en état de marche, poursuivit-il avec une acide ironie. Mais s’il veut avoir une chance de s’en tirer en un seul morceau, c’est cinquante heures.
Je poussai un soupir résigné.
- Très bien, abdiquai-je.
L’Astartes afficha une mine satisfaite. Je partis.

***

Vingt-cinq heures avant arrivée sur la cible.

- Alors c’est ça ton plan ?
Oui, c’était ça mon plan.
- Attends, attends, s’exclama Selm, l’air ahuri. En gros, ce que tu dis, c’est : on attaque leur Manta avec l’Excruciator, on fait de jolis feux d’artifices histoire d’épater la galerie, on les éperonne, ils s’enfuient et atterrissent en catastrophe sur Vaul Secundus, et là…
- Les troupes du 47k les attendent sur terre et les interceptent dans une gigantesque embuscade, termina Helblivion. Effectivement, c’est pas mal pensé…
- Ouais, je suis d’accord avec ça, approuva Selm, mais y a une étape du plan que je suis pas sûr d’avoir saisi : tu as dit qu’on allait les aborder ?
- Exactement, confirmai-je.
- Mais…c’est qui « on » ? demanda l’Arbitrator d’une voix mal assurée.
- On, c’est Loriel, Helblivion, Luca, le squad Premium, toi, et moi.
- Ah ouais ? Donc, si j’ai bien compris, on est neuf – non, dix – pour aborder un vaisseau de plusieurs centaines de Tau, tous possédés, dont un Éthéré qui est en fait un démon capable de tous nous vaporiser d’un souffle, c’est ça ?
- C’est exactement ça, acquiesçai-je.
Reculant d’un pas, le Lieutenant jeta un regard circulaire autour de lui, cherchant la moindre rampe de réprobation à laquelle s’accrocher. En vain. Nous étions tous de loyaux serviteurs de l’Empereur, et chacun de nous était prêt à sacrifier sa vie sans hésitation pour débarrasser le Maître de l’Humanité de l’Arch-Ennemi.
- Si tu te sens trop faible pour cette mission, personne ne t’oblige à venir, siffla Velminzey avec froideur.
- C’est vrai ?
- Non.

***

Dix-huit heures avant arrivée sur la cible.

Tyger était à nouveau sur pied et – comme il fallait s’y attendre avec un Killbarof – la première idée qui lui était venue à l’esprit était de prendre sa revanche contre Velminzey.
- Encore toi ? demanda le Bone Stinger avec mépris, en voyant le garde se ruer sur lui, sabre à la main, au tournant d’un couloir.
Sans même stopper sa marche, l’Astartes ne fit qu’un pas de côté, esquivant l’attaque avec une aisance humiliante. Clivant le vide, l’autre se releva vivement mais, avant même qu’il aie eu le temps de frapper à nouveau, une voix impérieuse scanda son nom, quelques mètres derrière.
- Colonel ? s’étonna Tyger en rengainant aussitôt son arme, et en exécutant vivement le signe de l’aquila comme salut.
- Jacen Tyger, vous voilà enfin ! Ça fait des heures que je vous cherche ! J’ai de nouvelles directives pour vous…
Recruos expliqua brièvement le plan que j’avais moi-même établi, et la mission qui avait été confiée au convalescent durant son inconscience.
A voir l’ébahissement croissant de son visage, il n’avait pas l’air d’apprécier le rôle que je lui avais assigné.

***

Onze heures avant arrivée sur la cible.

Les machines de l’Excruciator ronronnaient bruyamment alors que nous passions à proximité de Vaul Quintus, un agri-monde situé environ à mi-chemin entre Vaul Premium et Vaul Secundus. Le 47k avait déjà une barge prête à décoller lorsque le Colonel Recruos était venu se présenter à nous, et la Première Compagnie du régiment était déjà en route depuis six heures.
Ils arriveraient avant nous, ce qui leur permettrait de faire les préparatifs nécessaire afin que le…festival se déroule comme je l’avais prévu.
En effet, il fallait que chaque acteur exécute son rôle à la perfection, si l’issue de cette tragédie spatiale voulait être à la hauteur des attentes des spectateurs.

Une tragédie ? Non, un carnage. Je me surpris à sourire d’aise.
***

Trois heures avant arrivée sur la cible.

- Un corps céleste d’origine artificielle se dirigeant à grande vitesse vient d’entrer dans le champ d’action des radars thermiques, Maître.
- Nature ?
- Un vaisseau spatial, Maître. D’architecture non-normée par l’Aeronautica Imperialis, Maître.
- C’est lui.
Renvoyant le serviteur d’un geste de la main, Ignifistus Traed se tourna vers nous.
- Ils arrivent, annonça-t-il avec gravité.
- L’éperon est prêt ? demandai-je.
- Tous les générateurs thermo-plasmiques sont en marche, l’Esprit de la Machine est prêt à déchaîner sa toute-puissance contre le xenos à tout moment, répondit Cortecon avec zèle, ses pupilles flamboyant d’une lueur sanguinaire dans l’ombre de son capuchon.
- Je viens de voir notre…nacelle d’abordage, remarqua Selm.
- Elle te plaît ?
- Je l’espérais…plus spacieuse, se lamenta-t-il avec un soupir déçu. Vous êtes sûrs qu’on tiendra à dix là-dedans ?
- On se serrera, répliqua Helblivion avec fermeté. Il nous faut un engin suffisamment solide pour résister aux éventuelles bordées – quoique avec ce qu’on a, si on se prend plus d’un missile, c’est fini – et suffisamment compact pour ne pas être remarqué trop tôt.
- Et le champ de diffraction spectrale, ça suffit pas ?
- Ça ne fait que brouiller l’image pour qu’on ne nous aperçoive pas, quand on entrera dans la faille créée par l’éperon, mais une fois qu’on sera à l’intérieur du vaisseau ça se corsera beaucoup plus.
Une fois de plus, l’Arbitrator se résigna, et Traed reprit la parole.
- Une fois que vous serez dedans, par contre, il faudra absolument que vous réussissiez votre coup. Vous êtes la pierre angulaire de cet assaut, et votre rôle dans cette opération est crucial pour que le 47k remplisse sa tâche et pour que Tyger puisse agir comme prévu.
- Je me dis un truc, intervint Selm. Si ce Tyger n’arrive pas à « agir comme prévu » , on fait quoi nous ? Parce que c’est quand même pas une promenade de santé, ce que vous lui demandez.
Tous se figèrent soudain. Nous le dévisageâmes.
Pour une fois, il avait raison.
Effectivement, si l’escouade Tyger ne se révélait pas à la hauteur, que faire ? Car, à bien y réfléchir, c’était à eux qu’était indue la mission la plus capitale – et la plus corsée – de tout mon plan.
- Dans ce cas, il nous faudrait un Speeder, proposa Loriel. Une fois que le Manta aura atterri et que nous aurons rejoint les forces à terre, il faudra qu’on demande au 47k de nous en fournir un.
- Pourquoi est-ce qu’on ne va pas avec Tyger, tout simplement ? demanda le Lieutenant.
- Le gros des troupes Tau se battra contre les Killbarof, lança Traed. Si en plus ils ont des tyranides avec eux, vous serez tous les dix bien plus utiles aux côtés du 47k qu’avec Tyger et ses hommes, croyez-moi. Votre expérience en temps que chasseurs de l’Ordo Xenos se révèlera plus qu’utile à ce moment-là.
- Donc on prend un Land Speeder, c’est réglé, conclut Helblivion avec autorité.
Personne ne releva et nous méditâmes tous en silence la tâche que chacun avait à accomplir.
Velminzey tâtait frénétiquement son pistolet bolter, l’air grave.

***

Treize minutes avant arrivée sur la cible.

- FEUUU !
Le sol trembla alors que l’Excruciator tout entier grondait à nouveau par les bouches de ses colossaux canons lasers.
- L’UN DES CANONS A ÉTÉ ARRACHÉ PAR UN TIR DE RAILGUN !
- RIPOSTEZ ! RIPOSTEZ !
Hurlant ses ordres aux dizaines de serviteurs qui se précipitaient aux postes de visée du vaisseau, Traed se tourna vers Cortecon.
- Alors ?!
- L’éperon est prêt !
- Lauvitz ! Selm ! Emmenez les autres dans le sas d’abordage et embarquez !
Acquiesçant en silence, nous nous dirigeâmes d’un pas pressé en direction du hangar à nacelles.
- Ça y est ? lança Helblivion en nous voyant arriver.
Il nous emboîta le pas, et nous prévînmes les autres.

***

Quatre minutes avant arrivée sur la cible.

Je me moquais des réticences de Selm tout à l’heure, à propos de l’exiguïté de la nacelle. Cependant, il fallait bien le reconnaître : l’engin était réellement peu spacieux. Nous étions tous collés les uns aux autres, Helblivion, Velminzey, et moi-même devant se cambrer pour pallier à la bassesse du plafond.
- Mais…il n’y a pas de commandes ? s’étonna Invidia Seeral, la Sœur de Bataille qui remplaçait sa supérieure à la tête du squad Retributor Premium.
- Bien sûr que non, répondit Selm, on est directement catapulté à travers l’espace par les serviteurs qui sont spécialement pourvus pour ça.
- Pas cette fois, corrigeai-je. J’ai spécialement demandé à Cortecon de faire ça pour nous aujourd’hui.
- Le vieux Magos ? grimaça l’Arbitrator. J’espère qu’il vise mieux que ses machines, alors, parce que la dernière fois on a quand même failli s’écraser contre la paroi du Space Hulk, tu te souviens ?
Je me souvenais. Un abordage lancé sur un vaisseau en ruines rempli de Hruds. Le serviteur qui avait programmé notre catapultage était totalement déficient, et si Cortecon ne s’était pas aperçu au dernier moment qu’il avait inversé les coordonnées d’abscisse et d’ordonnée…
- Mais…il y a un champ de déflection qui amortit notre chute, n’est-ce pas ? demanda la Sœur de Bataille, mal assurée.
- Et un Amasec avec ça, Majesté ? On a des ceintures de sécurité, c’est déjà bien assez, non ? rétorqua Selm d’une voix sèche. C’est votre premier abordage, à toi et à tes soeurs ou quoi ?! enchaîna-t-il avec irritation.
Seeral ne répondit pas, et le Lieutenant détourna les yeux en soupirant.
Avant de brusquement se retourner vers elle.
- Euh…c’est votre premier abordage ?
Cette fois-ci, la Retributor acquiesça légèrement, et l’Arbites se prit la tête entre les mains.
- Bon sang, et en plus ils nous envoient de la bleusaille ! souffla-t-il, exaspéré. Et t’as quel âge, alors ?
- Vingt-deux ans, répondis-je au quart de tour.
La jeune femme me fixa avec des yeux ronds.
- Tu sais que c’est franchement indiscret de fouiller comme ça dans le cerveau des gens ? me lança l’officier.
- C’est tout aussi indiscret de poser la question, répliquai-je.
Il sourit nerveusement, et une voix de stentor résonna dans la nacelle.
- Ici Cortecon. Tout va bien ?
- Ouais, c’est super confortable et on s’amuse comme des petits fous, rétorqua Selm avec une ironie hargneuse.
- … De toute façon, vous n’êtes pas ici pour sommeiller.
- On aura remarqué !
- … Bon, je vous catapulte.
Il y eut un grésillement et le canal s’éteignit.
- Voilà, tu l’as vexé, lança Loriel.
- Tant pis pour ce vieux grincheux, il n’avait qu’à nous mettre des sièges, ou des banquettes au moins.
- Et un Amasec avec ça, Majesté ? ajouta Helblivion d’un ton moqueur.
Velminzey et moi sourîmes, et la nacelle trembla soudain.
- Oh non, c’est le moment que je déteste le plus…, se lamenta Selm.
- Dix…neuf…huit…sept…
- Arrête, Lauvitz, ça m’énerve.
Je me tus et poursuivis mon compte à rebours dans ma tête.
Il y eut un son de glissière lorsque le sas s’ouvrit vers l’infinitude spatiale.
- Il n’y a pas de vitre pour voir dehors ?
- Non, ça te ferait peur si tu voyais.
- Trois…deux…un…
- LAUVITZ, ARRÊTE !
- ARRIVÉE SUR LA CIBLE ! scanda la voix de fer de Cortecon.
Nous nous recroquevillâmes tous sur nous-mêmes et la nacelle fut expédiée dans le vide dans un vacarme tonitruant.
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 2:06

Le choc de la nacelle contre la faille béante qu’avait ouvert l’Excruciator dans le blindage du Manta était sommes toutes passablement semblable à ce que l’on pouvait éprouver lorsque l’on était parachuté en module d’atterrissage directement sur un champ de bataille.

Et quiconque a déjà vécu cette expérience sait à quel point une telle opération est traumatisante pour l’âme humaine.

- TERRA…!
Débouclant vivement son harnais de sécurité, Selm se dirigea vers le sas d’ouverture de la nacelle, lorsque ses jambes l’abandonnèrent soudain, le faisant s’étaler de tout son long devant l’entrée.
Jurant, il se releva d’un bond, tangua légèrement, avant de s’affaler à nouveau sur le sol.
- ET…!
Il s’apprêtait à un troisième essai lorsqu’une explosion retentit derrière les parois de l’engin.
- Ils nous ont repéré, siffla Velminzey entre ses dents.
Ses tympans mutilés avaient été remplacés par des prothèses auriculaires, et il avait recouvré son ouïe.
Un deuxième choc se fit entendre, mais cette fois, ce fut la nacelle elle-même qui trembla.
- SORTEZ ! hurla Helblivion en arrachant les courroies de son harnais.
D’un même geste, lui et moi défonçâmes le sas de la nef, et tous nous précipitâmes hors de l’appareil.
Une seconde plus tard, la navette volait littéralement en éclats, percutée de plein fouet par un faisceau bleuté dans une déflagration éblouissante.

A une dizaine de mètres devant nous, une forme gigantesque se détachait de l’ombre, menaçante, massive, et je sentis quelque chose en moi frémir en reconnaissant le monstre de métal.
- Une…Broadside ?
Même Velminzey semblait atterré par l’éléphantesque exo-armure, ses railguns jumelés encore fumants braqués sur nous, prêts à déverser la mort par leurs accélérateurs linéaires à électrodes supraconductrices à tout instant.

Pourquoi est-ce qu’où que nous allions, nous étions toujours confrontés aux adversaires les plus énormes ?

- Soumettez-vous au Bien Suprême, intrus. Il n’y aura pas d’autre sommation.
A peine sa formalité terminée qu’une rafale de missiles fusa dans notre direction.
- Et si l’autre voulait dire « Oui » , comment il font pour savoir ?! lança Selm en roulant de côté pour esquiver un obus qui le poursuivait de manière particulièrement agaçante. Terra, je hais ces missiles à tête chercheuse ! ajouta-t-il en roulant à nouveau.
Il bondit vers la gauche et le projectile alla s’écraser contre le sol.
- Deus ex Mechanicus, da me te imperium…
Figé, Helblivion récitait les litanies de l’Omnimessie, ne semblant prêter aucune attention à l’obus qui se ruait vers lui avec une férocité pour le moins préoccupante.
- …ANIMI MORTEM !
Les optiques de son casque scintillèrent tout à coup et je fus sidéré de voir le missile stopper brutalement sa course à à peine quelques centimètres de sa tête. Comme brusquement vidé de vie, l’engin se contenta de tomber à ses pieds avec un son mat, sans même exploser.
Au même moment, deux détonations simultanées retentirent.
Je ne fus même pas surpris de voir Velminzey, impassible, deux cratères encore fumants le cernant.
- Mal’caor i Gue’la…
- Crève !
Se jetant sauvagement sur le Tau, le Bone Stinger l’embrocha tout entier sur son eviscerator, un rictus sadique déformant son visage.
CRAAATCH !
D’un geste ascendant, il trancha vertement l’exo-armure dans le sens de la longueur, offrant une coupe admirable de l’anatomie interne d’un Shas alors que les deux moitiés crépitantes s’écroulaient avec un son mat.

- Il était pas si fort que ça, finalement, remarqua Selm d’une voix nonchalante.
Nous arpentions les corridors du vaisseau à la recherche de la salle des machines.
- A dix contre un, en même temps…
- Dites, tous les deux, ça vous ferait rien d’arrêter de jacasser et de vous dépêchez un peu ?
Me lançant un regard acide, l’Arbites et le Techmarine pressèrent le pas.
- Mais où est-ce qu’ils cachent cette satanée salle des machines ?! s’exclama Loriel avec irritation.
- Taisez-vous ! siffla Velminzey.
Nous nous figeâmes aussitôt.
Toc, toc, toc, toc.
Des bruits de pas. Et, à entendre la rigueur martiale de la marche, il y avait fort à parier qu’il s’agissait d’un peloton de Shas, des
Dégainant chacun une arme aussi silencieusement que possible, nous nous mîmes en embuscade au coin d’un virage.
Toc, toc.
Ça se rapprochait.
Brandissant son arme au-dessus de sa tête, Velminzey se déporta un peu plus vers l’arête du tournant.
- Gue’la ? Yr’y, nae’sha ?
- Dra es ro fer’ kunases !
Un caquètement irrégulier se fit entendre, et je l’interprêtai comme un rire goguenard.
En effet, d’après ce que j’avais compris de la conversation, l’un des Tau s’étonnait qu’il y aie des Space Marines à bord du vaisseau, tandis que l’autre lui répliquait que, de toute manière, les Astartes n’étaient que – l’Empereur les damne ! – de gros lourdauds sans cervelle.
Je salivai d’avance en pensant au point auquel ils allaient bientôt réaliser leur erreur.
- Dra Aun’el Shia’zel…
- DORANES !
Une expression de surprise sur son visage, le premier Tau tourna son regard dans la direction que pointait avec effroi le second…pour contempler avec horreur l’énorme eviscerator dégoulinant de sang de Velminzey fondre sur lui en bourdonnant.
Les deux xenos furent tous deux atrocement démembrer sous les yeux hagards de douze autres qui se pressaient derrière.
L’un d’entre eux voulut hurler de terreur, mais les sons restèrent cloîtrés dans sa gorge et, pétrifié, il ne mourut sans un mot lorsque le Bone Stinger le réduisit littéralement en charpies.
Aussitôt, nous surgîmes de l’ombre à notre tour, et nous jetâmes farouchement dans la mêlée – la mêlée ? non, le massacre à sens unique !
De mon gantelet énergétique, je saisis un Shas et le broyai jusque sa cervelle gicle de sa boîte crânienne.
D’une frappe transversale, Helblivion faucha d’un coup trois Tau terrifiés, avant d’en écraser un quatrième d’un coup de servo-bras.
Loriel avait dégainé sa masse énergétique – un terrible outil de mort dont la tête était le crâne même de l’Inquisiteur qu’elle avait servi il y avait deux siècles de cela, maintenant cerclé de fer et percée de runes et de sarisses qui en faisaient une arme mortelle – et brisait dans une folie furieuse tous les Shas qui s’offraient à elle.
Selm, épaulé par les sœurs Premium, mitraillait férocement les fuyards et les lâches, grillant leurs cervelles de son Pacificator, tandis que les Sororitas faisaient pleuvoir les bolts sur les nouveaux venus.
Car en effet, il y avait des nouveaux venus.
Alertés par le vacarme de l’épée-tronçonneuse et les hurlements, des Shas’la commençaient à surgir d’un peu partout pour appuyer leurs camarades.
Tout en laissant son bolter lourd hurler la mort, Seeral scandait à ses sœurs les litanies de haine que le Ministorum avait cœur à apprendre aux serviteurs zélés :

“ Nous exterminons ceux qui insultent Son nom,
Car pour de tels impurs, il n’existe nul pardon.
Nous les purifierons par le bolt et par la lame ;
Filles de l’Inquisition, nous sommes les Sœurs de Bataille ! ”

Reprenant toutes en chœur le chant d’exécration, le squad Premium rechargea méthodiquement ses instruments de châtiment, et une nouvelle volée de flammes vint faucher les Guerriers de Feu, toujours plus nombreux.
- Ne vous enlisez pas ! hurla Velminzey à notre attention, décrivant de larges arcs de cercle de son eviscerator pour écarter les renforts terrorisés.
Effectivement, il était absolument proscrit que nous nous engluions ici. Nous n’avions que peu de temps pour remplir notre mission, et nous étions l’un des éléments-clés du déroulement optimal de mon plan.
Actuellement, nous nous en sortions relativement bien dans notre assaut, les couloirs restreins du vaisseau empêchant les Tau de se positionner convenablement pour nous écraser.
En revanche, la topographie du lieu convenait parfaitement au corps à corps, et nous percions à travers les rangs désorganisés comme dans du beurre.
Cependant, la primauté était à notre célérité.
- Luca, Varlimos, appelai-je en démembrant un Shas’ui d’une botte frontale, partez devant !
- Tu te sens capable de les retenir tout seul ? rétorqua Helblivion en rôtissant sur place un Shas’la qui avait eu l’imprudence de s’approcher un peu trop près.
- Tu te moques de moi ?
- Oui.
S’élevant brusquement sur ses quatre servo-bras, le Techmarine rua hors de la mêlée, se frayant un passage à coups d’hallebarde et de lance-flammes.
- Tricheur !
- Ne me dis pas que tu n’as jamais entendu parler du Sagittaire ? répliqua-t-il narquoisement.
- Il te manque un arc, fis-je remarquer.
Il ne releva pas et, toujours en centaure, s’éloigna à grands pas de la rixe. Étripant un dernier Tau d’un estoc, Velminzey lui emboîta le pas, et tous deux disparurent de mon champ de vision.

Très bien. A présent que le Bone Stinger avait quitté les environs, je pouvais enfin en finir avec toute cette vermine xenos.
- ÉCARTEZ-VOUS ! vociférai-je à Loriel et Selm, en attrapant un Shas par le col pour l’envoyer se fracasser le crâne contre le sol.
Obéissant sans questionner, l’Arbites et l’Inquisitrice s’extirpèrent à leur tour de la masse grouillante de Guerriers de Feu.
Ceux-ci étaient une trentaine à présent, affluant confusément tel un troupeau de bétail, gênés par l’exigüité du lieu.
Une trentaine. C’était jouable.
Saisissant l’un d’eux dans mon énorme poing énergétique, je le pressai si fort que son corps vociférant implosa de lui-même, répandant ses boyaux partout alentour, éclaboussant de son hémoglobine bleuâtre mon visage.
- Lex imperatoris ducat me…
Le renversant au-dessus de mon épée de force, je pétris sa dépouille exsangue à la manière d’un fruit dont on cherchait à récolter le jus, faisant gicler en gerbes irrégulières son sang sur ma lame assoiffée de carnage.
- … in mortis igni arma mea splendat et xenos corpus menti lumen clarissimum…
Tout en récitant l’incantation, je brandissais mon arme à deux mains, me plaçant au centre de la foule interloquée d’impurs.
- ...PRAEFERRAT !
D’un large mouvement circulaire, je balayai d’un seul coup une demi-douzaine de Tau, leurs corps brûlés et calcinés par la puissance brute du Warp.
- VASH’AUN’AN !
Oui, Vash’aun’an. L’Empyrean, l’Immaterium, le Warp dans le langage Tau.
Il est dit que les organismes Tau ne possèdent quasiment aucune résonnance Warp, que leur esprit n’émet qu’une ombre diffuse et extrêmement faible là où les âmes humaines sont des flambeaux miroitants de chaleur gourmande, mets de choix pour les créatures psychophages et autres Asservisseurs.
Une minuscule et insignifiante part d’ombre dans l’être profond d’un Tau. Cette perspective rendait dès lors pratiquement impossible toute tentative de possession ou d’agression psychique, de la part d’un quelconque démon – hormis les plus puissants, ce qui me troublait au plus haut point, concernant Eldohstan – ou psyker.

Mais, se glisser, s’immiscer, profiter de la moindre et de la plus invisible part d’ombre pour faire jaillir les choses à la lumière, n’était-ce pas là le propre d’un Inquisiteur ?

Mon glaive était à présent maculé du fluide azurite des infâmants xenos, et le sang qui en ruisselait s’épancha, trempa mon crâne en un torrent cyan impétueux, lorsque je pointai la lame de l’arme de destruction vers les cieux.
- Haeretice sanguis ! Deflagrate tuque te fratres ! In absolutionis igne impuros xenos arderi !
Le Sanguis Purgatus, le Purge par le Sang, était l’une des incantations les plus puissantes, les plus cruelles et les plus absolues auquelles un Deathwatcher pouvait être initié.
C’était une malédiction à l’ampleur démesurée, laquelle maudissait le sang impie qu’avait versé l’Inquisiteur, ainsi que celui qui coulait dans les veines de chaque hérétique de même nature, dans un rayon dont l’étendue variait selon la puissance du psyker.
Bien entendu, plus il y avait de sang souillé accumulé, plus l’incantateur avait de chances d’être littéralement broyé sous le poids d’une telle concentration d’hérésie.
Du fait, l’apprentissage de cette invocation était la porte ouverte vers le suicide collectif, autant que vers la victoire, bien que la polyvalence quasi-universelle de son efficacité soit un palliatif de choix pour contrebalancer ce danger.
Car, malgré leur si faible résonnance à la déchirure psychique, même des êtres aussi vides et invisibles que les Tau ne pouvaient se délier d’une entrave aussi forte que le lien du sang lui-même.

Et, dans un pulsar apocalyptique de gore et de viscères, vingt-quatre Shas’la dans la fleur de l’âge implosèrent simultanément devant moi.

***
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Shas'o vior'la shova kais
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MessageSujet: Re: dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a   dans le futur cauchemardesque du 41ème millénaire, il n'y a EmptyDim 8 Mar - 2:13

- Où en êtes-vous ?
Le module radio grésilla un instant, et la voix de stentor d’Helblivion retentit :
- On a trouvés les générateurs. On est en train de les détr…
Ses derniers mots furent couverts par un gong tonitruant à l’autre bout du canal.
- Et de quatre ! se fit entendre la voix sifflante de Luca Velminzey.
- Plus que deux, reprit le Techmarine dans le module. Et vous, où en êtes-vous ?
- Je suis devant la salle de contrôle avec Selm et Loriel. Le Premium fait le guet.
- Vous avez les charges ?
Il y eut une pause, avant que je réponde :
- Et si je te répondais non, qu’est-ce que tu ferais ?
- …
- Et de cinq ! scande le Bone Stinger, alors qu’un nouveau gong retentissait de l’autre côté.
- Bon, on vous laisse, acheva Helblivion.
L’appareil bourdonna à nouveau et le contact se coupa.
- Alors ? demanda Selm, ses mains se tordant nerveusement autour de la crosse de son Pacificator.
- Ils ont détruit presque tous les générateurs à thermo-plasma.
- Et quand ce sera le cas, le Manta s’écrasera, c’est bien ça ?
- Logiquement oui, répondis-je devant son air incertain. Mais tu peux être sûr que ces Tau ont un système de propulsion auxiliaire, au moins pour un atterrissage forcé en cas d’attaque aérospatiale.
- Tu penses ?
- Non, je l’espère.
Il grinça fébrilement des dents mais je n’en avais cure. Il y avait des choses plus urgentes à régler pour l’instant.
- Loriel ?
L’Inquisitrice me tendit les charges d’émission psycho-réclusives. Les armant, j’en fixai une à chaque coin du sas d’ouverture de la salle de contrôle.
- Ça empêchera Valkyrie de sortir de cette salle ? questionna l’Arbitrator avec perplexité.
- Ça génèrera un champ de force pariétale qui bloquera l’ouverture de la porte et qui scellera toute la pièce dans un bouclier psychique inviolable, expliquai-je.
- Même pour ton gros Éthéré-démon qui décapite des Terminator sans bouger juste avec la force de la pensée ?
- Pour lui, j’ai prévu ça.
Me déceignant d’un épais volume qui pendait lourdement à ma taille, je le plaquai contre le sas et y plantait un scramasaxe pour le fixer.
- Une prière de bannissement, lui précisai-je en pointant le tome aux pages jaunies, griffées par les intempéries.
- Une seule prière qui prend tout un bouquin ?
- C’est réservé aux gros démons qui peuvent décapiter des Terminator sans bouger juste avec la force de la pensée, répliquai-je en souriant.
Le sol trembla soudain avec une telle puissance que nous fûmes catapultés dans les airs, percutant violemment les parois d’iridium blindé du couloir.
- QU’EST-CE QUE C’EST QUE ÇA ?! hurla Selm en essayant vainement de retrouver son équilibre sur le vaisseau qui vibrer toujours.
- C’EST UNE BORDÉE DE L’EXCRUCIATOR ! LE BOUCLIER MAGNÉTIQUE DU MANTA NE FONCTIONNE PLUS , ÇA VEUT DIRE QUE LES GÉNÉRATEURS SONT TOUS DÉTRUITS !
L’alarme qui beugla à nous faire éclater les tympans me donna aussitôt raison.
- IL FAUT PARTIR ! gronda Loriel.
Effectivement, il fallait impérativement que nous trouvions un lieu plus sécurisé que ce corridor, sous peine de nous faire pulvériser lorsque le vaisseau en position critique s’écraserait sur Vaul Secundus.
Activant prestement les charges psycho-réclusives, je m’apprêtai à tourner les talons lorsque mon regard s’attarda sur le tome de bannissement.
Cet ouvrage sacré m’avait été donné il y avait des décennies par un Chevalier Gris du nom d’Alastor Qruze, lors d’un combat à mort contre un Duc du Changement à la puissance démentielle. Nous avions du déployer tous nos talents de psykers pour en venir à bout, et cette prière de plusieurs centaines de pages avait été nécessaire pour le renvoyer à tout jamais dans la dimension d’où il était issu. J’avais toujours gardé le souvenir de cette bataille désespérée, et cet incantation de révocation m’avait plus d’une fois sauvé la vie dans mon devoir de chasseur de xenos – on ne s’imagine pas à quel point il est fréquent de trouver des extra-terrestres apparemment inoffensifs soudain transcendés par un contact brusque avec une entité du Warp.
Et à présent, je l’abandonnai ici, sur ce Manta en perdition d’où je ne pourrais certainement plus jamais l’en sortir…
- LAUVITZ !
M’attrapant par la main, Loriel m’arracha brutalement à ma nostalgie, et la gravité des évènements présents me secoua à nouveau.

Le Destroyer eut une nouvelle secousse, et nous quittâmes précipitamment le tome.

***
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