Les portes du laboratoire s'ouvrirent
en gémissant de douleur, les corps distordus des esclaves servant de
gonds malmenés pour permettre à ses invités d'entrer. Rehart
daigna orner sa figure d'un sourire ravi en voyant approcher les cinq
cabalites et sa « commande ».
Le tourmenteur les compta rapidement :
sept esclaves et un caisson de stase, il ne manquait rien, restait à
voir si les produits étaient en été d'être utilisés...
Le premier cabalite s'avança, frappant
son plastron barbelé du poing en guise de salut.
« Ha! Vous voilà enfin, Sybarite
Neerud, j'ai failli perdre patience. »
« Je ne me serais pas permis de
vous mécontenter, Tourmenteur Rehart Malfas.Nous avons juste eu
des...difficultés à capturer le spécimen que vous nous avez
demandé de vous amener. »
De ravi, le sourire du tourmenteur en
devint fébrile, il passa une langue démesurément longue sur ses
lèvres desséchées.
« Vous l'avez donc
trouvé...Parfait, oui, parfait. »
Il s'approcha doucement du caisson de
stase que lui désignait le sybarite, et avec lequel les autres
cabalites gardaient une distance respectueuse.
A l'interieur, entravé
et maintenu inconscient par le liquide psychoactif du caisson, il
était la : le specimen.
Immense par rapport au tourmenteur
rachitique, ses six pattes musculeuses, sa queue se terminant par une
pointe cruelle...Ces faux osseuses démesurées, ces crochets acérés...Le corps de Rehart frémissait de plaisir en observant la
créature, donc chaque parcelle était équipée pour tuer.
Un nouveau coup de langue plus tard, il
se tourna vers le sybarite.
« Vous disiez avoir eu des problèmes pour capturer mon spécimen? Ce...comment les humains les
appelent t'ils déjà? »
« Les humains appellent ces
créatures des tyranides. Votre spécimen est un lictor, tourmenteur.Ils sont doués d'une grande capacité
de mimétisme, il n'a pas été possible d'en capturer un lors d'un
raid rapide, nous avons du en traquer durant deux semaines pour qu'il
se montre. »
Le casque du sybarite masquait ses
traits, mais Rehart aperçu une chose bien inattendue sur le visage
d'un cabalite démasqué: une vague inquiétude, presque de la peur.
Il revint au sybarite.
« Et une fois que vous l'avez
trouvé? »
« Nous avons perdu deux guerriers
au moment ou elle a surgi, et il en est tombé trois autres avant
qu'on ne la maitrise. »
Le sybarite serra imperceptiblement les
poings, ce qui n'échappa à la vue ameliorée de Rehart. Neerud souffrait de devoir faire
etalage du manque de compétences de ses hommes, mais il savait qu'il
valait mieux répondre franchement au tourmenteur.
« Tourmenteur...A propos de
notre...paiement... »
« Ho, oui, bien sur Neerud...Nous
avons passé un accord...Vous et vos hommes êtes les bienvenus dans
mes salles de régénération! Pour les trois mois a venir cela s’entend. J'aurais sans doute besoin d'autres livraisons. »
Le sybarite et les cabalites renouvelèrent leur salut martial, et partirent en essayant de ne pas jeter un oeil aux gonds difformes qui les suppliaient de les tuer.
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Rehart secoua une clochette à
ultrasons, et aussitôt ses gorgones apparurent de leurs cachettes
disseminées dans le laboratoire. Elles savaient ce que le maitre
attendait, et attacherent les esclaves sur les tables de travail avec
une précision et une dilligence qui faisait l'orgeuil du
tourmenteur.
Il jeta un regard dédaigneux aux esclaves, deux
orks massifs, trois sœurs de bataille et leur inquisiteur et un
officier de Tallarn, tous ici pour renflouer ses stocks de matières
premières.
Il haussa les épaules et agita une
main osseuse.
Les gorgones remorquèrent les tables
sur lesquels étaient montés les esclaves hors de la pièce vers la
zone des cellules.
D'un autre mouvement du poignet, il
leur indiqua le caisson, qui fut prestement enchâssé sur son socle d’accueil. Une fois debout, son spécimen était encore plus
impressionnant, et il serait bientôt la perfection incarnée quand
il aurait fini de remodeler la bête à son bon plaisir.
Il activa un bouton, et le choc électrique parcourut le liquide de stase, ramenant la chose à la
conscience, sans pour autant lui donner le contrôle de son corps.
Rehart aimait ses caissons de stase. Le
liquide rendait inopérant les stimulus nerveux des muscles des
spécimens retenus à l’intérieur, mais n'empêchait pas ses
interactions avec le corps de ses cobayes, au contraire des champs de
stase conventionnels.
Trois paires d'yeux s'ouvrirent à
l'unisson tandis que le lictor regardait froidement l'eldar noir.
Le tourmenteur gloussa, et se retourna
pour siffler les gorgones restantes afin qu'elle ajustent la table
d'opération principale.
Lorsqu'il refit face au caisson, il
laissa échapper un glapissement de colère: le caisson était vide?!?
Il secoua la tête et se mit à
ricaner, le sybarite lui avait en effet parlé du mimétisme de la
créature, mais il ne l'aurait pas cru si efficace, a l'exception des
liens qui entravaient ses pattes qui paraissaient flotter dans le
vide, il était impossible de la voir, si son génie pouvait s'y
faire prendre, il ne put s’empêcher d'imaginer les effets
psychologiques terrible que son outil en devenir lui fournirait.
Avoir dans son cheptel un monstre capable de devenir parfaitement
invisible participerait grandement à renforcer ses puissance dans
les coteries, car ceux qui n'apprendraient pas à craindre le nom de
Rehart Malfas finiraient éventrées au milieu de leurs laboratoires, à l’issu des systèmes de surveillance et de leurs gorgones.
Oui, son spécimen lui apporterait le
pouvoir.
Il grogna de mécontentement devant ses
gorgonnes qui lui semblaient à présent lentes et malhabiles, il en
puni une a l'aide d'un fouet electrique, avant d'ordonner aux autres
d'accelerer la cadence.
Il se retira dans ses quartiers,
sachant très bien que ses assistants viendraient le chercher quand
tout serait prêt.
Arrivé dans son cabinet de travail, et
se posa nonchalamment sur le canapé recouvert de peau humaine, et se
laissa aller jusqu'à fermer les yeux. Ses modules de sommeil
artificiel s’activèrent sans qu'il y prête attention, et il s’endormit.
Un son anormal le tira de sa torpeur,
ou plutôt, l'absence de sons le réveilla. Son laboratoire n'était
jamais silencieux, entre les gémissements des esclaves meurtris, des
décorations murales organiques et du son du travail des gorgones.
Il porta une main à ses implants
auditifs, ils commençaient à dater, et c'était un autre tourmenteur
qui les lui avait fixés. Non, tout semblait correct. Il se releva en
grognant, et s'avança dans les couloirs silencieux. Trop silencieux.
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Les portes du laboratoire étaient
ouvertes, et les gonds avaient reçu leur mort miséricordieuse. Ce
seul fait écarta de l'esprit de Rehart la possibilité d'une attaque
de la part d'un tourmenteur concurrent, il n'aurait eu aucune raison
de s'attarder à saccager les décorations...
C'est à cet instant précis qu'un
doute pernicieux vint planter ses crocs avides dans son esprit...
Non, c'était impossible, le liquide de
stase avait contenu des créatures bien plus grosse. Un de ses
grotesques avait même heurté un caisson une fois, la créature
avait été punie pour sa maladresse ,et le caisson était resté
intact.
Le matériau qui constituait la vitre
du caisson était conçue pour répercuter la force des coups sur
toute sa surface, nullifiant totalement la puissance physique du
spécimen.
Mais que sa passait-il si, au lieu
d'une frappe brutale facilement amoindrie, la vitre se trouvait
soumise à une frappe perforante concentrée en un seul point? Comme
si par exemple, une volée de crochets barbelés frappait au même
endroit à plusieurs reprises?
Non, c'était impossible...Mais...
Rehart agita sa clochette pour appeler
ses gorgones. Au lieu de la meute docile qui accourait, seul un
lointain son de raclement lui parvint aux oreilles. Une gorgone paru
enfin, ou plutôt ce qu'il en restait, elle tirait lamentablement le
reste de son crops brisé de son seul bras valide, l'autre, ainsi que
la majorité de son corps avait été réduit en une pulpe d'un mauve
immonde.
Son serviteur finit de se vider de ses fluides en arrivant
aux pieds du tourmenteur, qui observa sans grand états d'âmes son
état, chaque parcelle de peau avait été méthodiquement écharpée,
pas par une lame, qui aurait causé des coupures plus nettes, mais
plutot par un hameçon, qui se serait enfoncé dans les chairs et
aurait été arraché brutalement. Un hameçon, ou des crochets...
L'eldar noir pénétra prudemment dans le
laboratoire, son esprit encombré de questions: ses gorgones
n'étaient pas invincibles, mais comme toute gorgone qui se respecte,
elles étaient pratiquement insensibles à la douleur, et leur seul
point faible véritble était leur tête, qui était protegée par un
masque de métal épais. Même si la créature avait réussi à
s'echapper, et à massacrer une gorgone, il lui aurait fallu trop de
temps pour effectuerl 'opération, et les congénères de son
infortuné assistant auraient eu le temps de tuer le specimen.
Le spectacle qui l'attendait lui prouva
a quel point il s'était trompé.
Les gorgones gisaient éparpillées
sur le dalage, proprement décapitées ou réduites en charpies, l'un
d'entre elle avait même été empalée sur l'un des piques qui
décorait le haut de la salle.
Deux choses troublèrent Rehart: le fait
que les corps soit espacés, ce qui indiquait clairement qu'elles
avaient étés tuées une par une, et l'état de leurs têtes. Les
masques métalliques avaient étés décortiqués comme des fruits, et
le crâne ouvert des gorgones brillait pas son absence de contenu,
on avait dévoré leur cerveau. Ou plutôt, le spécimen avait dévoré
leur cerveau.
Cependant, le caisson semblait intact,
les liens toujours en place, la créature pouvait simplement être
toujours camouflée.
A sa propre horreur, il découvrit que
ses soupçons étaient infondés, les liens du tyranide gisaient au
fond du caisson, et au lieu du trou dan la vitre qu'il s'attendait à
voir, le couvercle métallique qui le maintenait scellé par le haut
avait été perforé.
La créature invisible se trouvait donc
dans son laboratoire, tout à fait libre de ses mouvements.
Un éclair de peur glacée vint prendre
l'eldar aux tripes, une émotion qu'il n'avait pas ressenti depuis des
siècles.
La peur de la mort, une mort sans salle
de régénération à la clé.
Un cliquetis vicieux parvins à ses
oreilles, son regard couvrit l'intégrité du laboratoire, du plafond
aux instruments, en passant par la porte d'accès éventrée qui
menait aux cellules, les flaques de sang qui jonchaient le pan de
couloir qu'il pouvait voir indiquant clairement le sort de son
cheptel.
Le lictor ne prit pas la peine de se
cacher. Il descendit le long du mur, avant d’atterrir avec la
souplesse d'un félin. De ses tentacules buccaux coulait un mélange
de l'ichor des gorgones et du sang des esclaves, et la carapace du
monstre était exempte de toute cicatrices, ses serviteurs n'étaient
même pas parvenus à le toucher.
Maudissant leur incompétence, il se
rua vers son tableau de contrôle, le lictor avançant patiemment
dans sa direction, sur de sa victoire.
Rehart poussa un cri aigu et fébrile
en appuyant sur la commande maintenant fermée la cellule de son
grotesque.
Le serviteur lobotomisé poussa un
hurlement grave en sortant de ses quartiers, son hacoir à la main.Le tourmenteur agita avec empressement
son doigt dan la direction du lictor, qui avait repris une posture
offensive.
« TUE!TUE CETTE CHOSE! TUE LA! »
Le grotesque se jeta pesament sur le
tyranide, dont la peau changea aussitôt de couleur, jusqu'à devenir
parfaitement invisible.L'arme collossale du grotesque ne rencontra
que le vide, et tandis que so nesprit simple cherchait a situer son
adversaire, ses bras puissants braissaient l'air, dans l'espoir de
toucher quelque chose. Ce qu'ils firent. Le caisson, fragilisé sans
son sa coque de metal superieure, tangua dangereusement, avant
d'inonder la salle de fluide paralysant.
Rehart fut lui aussi recouvert de
l'épais liquide vert, et il sentit aussitôt l'efficacité de sa
création faire effet sur lui. Le temps ralenti, tandis que son corps
refusait d'obéir. Il s'affala mollement sur le dos, contemplant le
lictor tomber du plafond sur le grotesque engourdi.
Cela ne prit qu'une seconde au xenos
pour planter ses faux dans la nuque du grotesque, sectionnant la tête
de son adversaire sous la puissance de l'impact, mais pour Rehart,
cela dura une éternité de voir ces lames osseuses démesurées
achever l'existence de son serviteur, et une autre éternité le temps
que la créature épluche le masque d'acier du grotesque et n'enfourne
sa tête sectionnée dans la forêt de tentacules qui lui sers de
bouche à son espèce.
A l'instant ou le crâne vide du
grotesque heurta le sol, le lictor était sur lui.
Incapable de bouger, le tourmenteur
Rehart Malfas resta impuissant quand les mains griffues le hisserent
vers les etentacules avides. Il compris au contact de ces mêmes
mains comment la créature avait réussi avait échapper aux effets
du liquide: une fine couche de mucus couvrait la chitine du lictor,
isolant son corps du liquide de stase.
« Cocace » pensa Rehart,
« a croire qu'il avait tout prevu ».
Il ne put même pas se débattre quand
les tentacules arracherent le sommet de son crâne, et que le
monstre ne dévore son cerveau si plein de génie.
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Lorsque le sybarite Neerud revint dans
le domaine de Rehart Malfas, il découvrit le corps de son employeur
au milieu du carnage, et compris aussitôt la situation, il reparti
aussitôt a bord de son raider avec ses hommes, sans se douter que le
spécimen était monté à bord.
L'Erreur de Rehart, comme on baptisa la
créature, continua ses exactions dans tout un pan de la cité
crépusculaire, jusqu'à ce qu'elle embarque à l'insu des eldars
noirs dans un vaisseau en partance pour un raid.
C'est le croiseur impérial Pride of
the Martyrs qui découvrit le
vaisseau pirate eldar noir, son équipage massacré, et qui amena la
terrible créature à sa prochaine destination.