Salut la compagnie, voici la suite ! (on est de retour avec nos amis les Tau vadrouillant paisiblement sur Belvaronn)
24/03/2013 : Je vous conseil vivement de relire l'EDIT fait sur le chapitre IX et X, avant de lire le chapitre XIV - DILEMME.(j'ai bossé et bosse encore sur les gardes d'élites de Miral et j'aimerai bien avoir vos avis dessus)
Enjoy !
XIV – DILEMME
Leur groupe progressait depuis plus d’une heure dans le labyrinthe qu’était la capitale-continentale de Belvaronn et ils n’avaient rencontré que quelques poches de résistances de faibles intensités. La navette du Shas’Ui Qinra avait réussi à se déployer sur zone il y a vingt minutes de ça. Les deux groupes s’étaient réunis suite à des échanges radios.
Les escouades de Von’Ra et de Kalan avaient subies des pertes conséquentes. Au total quatre guerriers de feu le payèrent de leur vie et les renforts ainsi que les munitions apportés par Qinra fut grandement appréciés.
Kalan respectait son frère d’arme, lors de leurs retrouvailles tout deux furent rassurés d’apercevoir l’autre vivant. Qinra était plus âgé que Kalan, mais celui-ci avait toujours été plus tête brulé que lui. Idéaliste et plein de rêves, il voulait toujours contenter et honorer le désir de leurs guides, les Ethérés.
Cela, c’était avant… Se souvint Kalan.
Pendant un temps, après leur accession au titre de Shas’Ui, ils avaient été séparés et Qinra se retrouva en plein cœur d’un conflit d’une violence peu commune, tandis que Kalan protégeait l’arrière garde, écarté du brasier infernal. Seul son frère et un de ses soldats sortirent vivant de ce massacre, l’armure en lambeaux, décasqués et blessés à de toutes parts…
Depuis ce jour, Kalan sentit que les événements passés sans lui sur le front principal avaient profondément affecté son ami, le rendant plus amer et rancunier. Une part de sa vitalité disparu avec cette guerre, Kalan en était persuadé.
Il n’avait eu que peu de retours des terribles affrontements dans premières lignes, seulement quelques rapports et rumeurs filtrèrent dans les cantines des casernes, lui permettant d’imaginer un vague instant l’horreur que ça avait pu être.
Jamais son frère ne lui avait confié sa douleur, jamais il n’avait parlé du carnage de Gorroka VII, jamais il n’avait osé aborder ce sujet, préférant attendre que son ami y vienne de lui-même. Ce jour il l’attendait encore…
Le calme apparent de la ville insufflait une crainte aux Shas, les forçant à rester méfiant des ombres sournoises se tapissant dans les ruines de l’ancienne citée. Quelque chose clochait mais Kalan n’arrivait à l’expliquer. Alors qu’ils s’enfonçaient toujours plus profondément en territoire hostile, la ville fantôme ne leur offrait aucune trace de Shas’O Miral…
- Peut-être ont-ils été capturés ? Hésita le Shas’La Uzan.
Qinra secoua la tête.
- C’est mal connaitre le Commandeur.
- Il préfèrerait tuer un ennemi de plus que de se rendre. Lâcha Von’Ra.
Le groupe s’arrêta au centre d’une avenue dégagée, déserte ou seul le vent et la pluie venaient s’engouffrer. À l’horizon, Kalan entrapercevait une grande arche, ouvrant sur plusieurs ruelles, elles aussi dépourvues de toute vie.
- Alors ou est-il ? Demanda Kalan qui retirait son casque tandis que le groupe fit une halte. Nous sommes toujours sans réponses malgré toutes nos tentatives de communications et cette ville semble s’être vidée de toute présence hostile. Il n’y a plus un seul humain jusqu’aux murs extérieurs ! Même nos poursuivants ont rebroussé chemin ! S’exclama-t-il.
- C’est ça ! Le coupa Von’Ra, réalisant enfin comment retrouver le reste du groupe.
Ces rebelles que nous pensions avoir semés. Ils n’ont pas changé de direction sans raison ! Il faut faire demi-tour et suivre nos proies. C’est elles qui nous mèneront au Commandeur.
- Qu’en est-il du vénérable Ethéré ? S’inquiéta Kalan. Ne devrions-nous pas plutôt concentrer nos efforts sur notre objectif principal ? « Ramenez l’Ethéré Aun’Ralshi quel qu’en soit le prix à payer. » Articula froidement Kalan. Voilà notre principal objectif.
- Ne me rappel pas la mission Kalan. L’interrompit sèchement Von’Ra.
- Pardonnez-moi Shas’El. S’excusa-t-il. Cela n’en n’était pas mon intention.
- Je le sais. Répondit calmement le guerrier, sa fureur apaisée.
Von’Ra tournait sur lui même, tracassé.
Deux possibilités s’offraient à lui. Chacune avec ces gloires et ses risques.
Qinra se rapprocha des deux officiers, son casque à la main.
- Shas’Ui, j’ai besoin de vos lumières pour résoudre ce dilemme. Commença Von’Ra, à voix basse. Parlez avec votre cœur, il me faut une réponse honnête. Les incita-t-il.
- Je pense qu’il serait judicieux de regrouper nos forces avec celle du Commandeur. Argumenta Qinra. Une fois ensemble, notre puissance de feu devrait suffire à faciliter l’extraction du Aun.
- Non Qinra, je pense que tu as tort. L’interrompit Kalan.
Le Shas’Ui tourna sa tête, surpris par l’intervention de son frère.
- Développe Kalan. Intima le Shas’El.
Kalan acquiesça et continua son raisonnement.
- Le Shas’O joue son rôle à la perfection. Apparemment, il a attiré à lui la majeure partie des forces ennemies présentes sur zone. Sa diversion peut nous permettre d’atteindre et d’évacuer le conseiller Aun’Ralshi sans risques.
- Apparemment ? Repris Qinra d’un ton incrédule. Que sais-tu des agissements de nos ennemis ?!
- Je dis ce que je vois mon frère, les faits sont là. Insista Kalan.
Qinra repoussa l’argument d’un geste de main.
- Ce ne sont que des suppositions. Pesta-t-il.
- Il suffit, les coupa Von’Ra. Il y a du vrai dans chacune de vos paroles mes frères, mais c’est à moi de prendre une décision.
Les trois guerriers échangèrent des regards sans parler, cherchant à se convaincre mutuellement de la tâche à suivre.
Von’Ra savait que s’il laissait seul Miral contre tout ces ennemis, celui-ci finirait tôt ou tard par tomber sous leur nombre. Il était de notoriété public que Miral et lui ne s’appréciaient pas, mais récupérer le titre de Grand Commandeur de la sorte le répugnait. Mourir dans l’honneur, voilà une raison qui surpassait tout ses différents avec Miral. Un jour viendrait où il prendrait le commandement qu’exigeait leur grande et noble entreprise, mais ce jour de gloire ne serait en aucun cas entaché par la honte d’un subterfuge aussi vil. Si le Commandeur mourait ici, alors des rumeurs finiraient par circuler sur sa décision prise à ce moment. Qinra, fervent défenseur de Miral ne tarderait pas à critiquer ouvertement son choix, et d’autres en feraient autant. Il comprenait leur réaction. Dans la même situation, aurait-il agit comme eux ? Très probablement…
Il soupira sous son heaume.
- Bien. Commença-t-il. Regroupez-vous, mon choix est fait.
Tous les guerriers fixèrent leur chef sans un bruit, attendant la décision du Shas’El.
- Le Commandeur ne s’attirera pas toute la gloire en marchant seul sur nos ennemis. Commença Von’Ra à voix haute. Nous partons le rejoindre, et ensemble, nous déferons ceux qui se dressent devant nous.
La proclamation du Shas’El déclencha une acclamation générale. Les armes se levèrent sous les ovations des guerriers.
- En avant mes frères, le noble Ethéré attend la venue de ces fils et c’est unis qu’il nous trouvera !
Les deux officiers hochèrent de la tête. Von’Ra vit Qinra décrocher un léger sourire, visiblement satisfait de la décision. Quant à Kalan, il y distingua une pointe de doute qui ne dura qu’une microseconde avant de s’effacer.
Ma décision est prise, faisons en sorte que ça soit la bonne. Pensa-t-il.
Les deux guerriers retournèrent à la tête de leurs escouades, enfilant simultanément leur casque en marchant.
- Qinra, attend, j’ai une question à te poser.
Le vétéran s’arrêta, étonné de la requête.
- Je vous écoute Shas’El.
- Parle-moi de ta navette. Je pense que nous allons en avoir besoin…
Un autre cadavre s’écroula au sol, tranché en deux, ses yeux embrassant le néant.
Un mur de feu déferlait sur eux. D’un grognement bestial Miral embrocha un officier portant l’uniforme de la Serre Blanche. Les années passées sur le champ de bataille n’avaient pas eu raison de sa soif de sang et cette chasse ne seraient certainement pas sa dernière. Sur sa gauche, Malkesh répandait la mort tout autour de lui, son arme alien déchirant les chairs sans peine. Rester près de la machine de mort revenait à signer sa condamnation le temps d’une brève inspiration. L’armure Crisis vibrait à chaque coup porté par ses puissants bras, subtilisant la vie des soldats trop lents pour éviter le fléau.
Pendant un temps Palastau les avait appuyés depuis les toits, profitant de sa vue plongeante pour dénicher les armes lourdes enterrées dans les cratères. Il avait finit par les rejoindre, ces armes n’étant pas optimisées pour les longues distances.
Miral, Palastau et Malkesh tenaient tant bien que mal une position de fortune, offrant à Kori une ligne tir dégagée pour ses doubles canons à impulsions qui prélevaient des vies par dizaines, là ou les hommes sortaient des tranchées à la charge.
Le sifflement du gaz sous pression, s’échappant du lance flammes se fit entendre, suivit par des hurlements de rebelles brulés vifs.
- Palastau ! Haleta Malkesh entre deux coups d’épée. Il va vraiment falloir que tu réapprennes à compter ! J’en ai déjà tué le double du nombre que tu nous avais annoncé !
Celui-ci ne prêta pas gare aux remarques du guerrier et continua d’envelopper ses ennemis d’un manteau de feu.
- Pareil pour moi. Intervint Kori. Mes armes surchauffent. À ce rythme, elles ne tiendront plus très longtemps. Annonça-t-il de son ton indéfectiblement sérieux.
- Arranges-toi pour que ça ne soit pas le cas. Exigea le Commandeur.
Le Shas’Vre ne répondit pas mais Miral sentit la cadence de tir du guerrier baisser significativement.
- Raaah, d’autres blindés arrivent par l’ouest ! Cria Malkesh.
Palastau jura.
- Je m’en occupe Shas’O. Il me reste encore du carburant dans mon jet pack.
- Compris Palastau. Fais vite.
- Comme toujours Maitre.
Palastau se dégagea de l’angle où ses frères, encerclés, lutaient pour chaque centimètre de terre. Il atterrit sur une terrasse, préparant son fuseur à faire feu.
La bataille devenait une véritable boucherie sans pour autant tourner à leur avantage. Toujours plus de soldat se déversaient dans la place. Il devenait clair que ces minables s’étaient passés le mot, suppliant pour que des renforts viennent sauver leur misérables vies.
- Si je croise à nouveau ce bâtard qui dirige ces Gue’La de la Serre d’Aigle Blanche, par tous les Sept je jure que je lui arracherai la tête de mes mains ! Rugit Miral.
- Un acte charitable dont j’en serai un fervent spectateur. Lui assura Malkesh d’un ton léger.
- Le moment est mal venu pour les blagues douteuses Malkesh. Siffla Kori.
- Oh, ne t’inquiète pas mon frère. Contentes toi de tirer sur ces désagréables cloportes qui courent vers nous et tout ira pour le mieux.
Miral vit un premier blindé entrer sur la place, son canon principal en rotation, les mettant enjoue. L’instant d’après, un flash bleuté transperça la coque du char qui fut catapulté au centre de la place par l’explosion de ses munitions. La carcasse de métal s’écrasa, tuant instantanément une vingtaine de soldats.
- Toujours dans la finesse Palastau. Le railla Malkesh.
Au moment où Palastau voulut répondre, l’obus tiré par second blindé s’écrasa sur son torse.
La scène sembla se dérouler au ralenti, la Crisis tituba quelques secondes devant les yeux impuissants de ses frères. Miral resta muet, incapable de parler, Kori lui, hurla de haine.
Son armure sévèrement endommagée, Palastau mit genou à terre, grognant de souffrance. Sa Crisis en flammes se désintégrait dans une lente agonie.
Miral reçut une communication entrante de la part du guerrier, mais aucun mot ne vint. Seul des grésillements furent transmis. Le vox se coupa et Miral vit Palastau se redresser fièrement, sans peur, affrontant la mort.
Dans un ultime défit, il leva son fuseur, cibla le char et tira sa dernière salve d’une juste colère. Son tir s’encastra dans le plastobéton de la route, manquant complètement le blindé.
En réponse, l’arme principale du tank ajusta sa visée et rendit le coup de grâce.
Palastau n’était plus…, l’armure éventrée de par en par.
La carcasse sans vie chancela quelques secondes, refusant de s’incliner face à l’ennemi, avant de finalement tomber de la terrasse tuant par la même occasion deux porteurs d’armes lourdes retranchés dans un nid de guêpes.
- Bordel ! Jura Malkesh d’une voix gutturale ayant perdu toute intonation humoristique.
- Reste concentré et tiens la ligne. Ordonna Miral en reprenant ses esprits. Kori, accélère la cadence. Si notre fin approche, je veux voir tes armes en flammes ! Tue le plus possibles de ces chiens. Qu’ils crèvent tous avec nous si ça leur fait tant plaisir.
Une pluie bleutée vint ravager les rangs des soldats n’ayant que pour seule protection les corps de leurs semblables tombés.
Miral lutait comme un forcené. Ces ennemis utilisaient leurs nombres à leur avantage, frappant à coup de crosses et d’épées sur sa noble armure dès qu’il avait le dos tourné. Le piaillement des armes automatiques de Kori sifflaient sans discontinuer.
Au milieu de la masse grouillante, Malkesh n’était, lui aussi, pas au mieux de sa forme. Même si ses talents en mêlée étaient indiscutables, sous les assauts ininterrompus des soldats, son armure subissait des dommages critiques. Derrière eux, Kori hurlaient de rage, ses doubles canons tournant au rouge vif, à plein régime.
Miral sentit le crâne du rebelle craquer sous la poigne implacable de sa main de métal. La tête de l’humain explosa telle une vulgaire pastèque trop mûre. Miral contempla la scène qui se déroulait tout autour de lui au ralentit.
Ainsi finalement, sa vie finirait ici, sur ce monde impérial. L’indomptable Commandeur, Héro de Gorroka VII, leader de la dix-huitième flotte coloniale, ne mourrait pas face à un terrible ennemi le surpassant dans tous les domaines.
Non. Il allait disparaitre dans une insignifiante ruelle impériale, entouré de ses frères, contre des vagues infinies de rebelles, lui vouant une haine sans borne. Des rebelles… De simples rebelles allaient avoir raison de lui. Cette pensée le révolta, comme si son échec face à un tel adversaire ferait tache sur sa magistrale carrière militaire.
Le destin est bien capricieux. Il avait connut des situations pires en tout points dans de nombreuses autres batailles, et pourtant celle-ci serait sa dernière…
- Mes frères. Commença-t-il. Ce fut un honneur de me tenir à vos cotés. Il éventra de sa lame un autre vermisseau d’un coup sec, l’envoyant valdinguer sur une nouvelle vague d’assaillants avant de continuer son discours. Faisons en sorte de mourir comme les braves d’antan. Et si notre fin approche montrons à ces chiens comment nous l’empoignons ! Ragea t-t-il.
Pour le BIEN SUPRÊME !! Pour T’AU !!
Ses frères d’armes reprirent son cri de guerre dans une rage bestiale.
L’autocanon accroché au bras droit de Kori explosa, en surchauffe depuis trop longtemps. Le souffle le projeta sur son flanc gauche, s’écrasant dans un tas de cadavres. Au sol, son armure sévèrement endommagée devint incapable de bouger. Impuissant, Kori vit un officier borgne grimper sur sa carcasse fumante. L’homme hurla de triomphe, levant son épée-tronçonneuse vers les cieux.
- Dieu-Empereur ! En Ton nom, cette terre sera purgée de la contamination Xénos par le feu et le sang !
De son bras gauche, le borgne saisit un explosif accroché à sa ceinture, le plaqua sur le torse du guerrier d’élite et bondit en arrière.
-Crève pourriture.
Kori, dans son tombeau de métal vit le sourire mauvais de l’homme avant d’être avalé par la déflagration…
XV – TRAHISONS
« L’ignorance alimente la haine »Por’Lu. Diplomate de la Caste de l’Eau.
Por’Lu se demanda si sa peur lui jouait des tours, mais les couloirs du palais semblaient bien plus clame qu’a l’accoutumé. À cette heure de la journée, ces allées étaient habituellement remplies de dignitaires, de marchands et d’autres nobles invités au frais de la cour. Il ne prêta pas attention aux regards en coin jetés par certaines personnes encore présentes et accéléra le pas. Une porte s’ouvrit brusquement sur sa droite et autre groupe de garde en armure intégrale sortit de la salle à marche forcée en l’ignorant complètement. Il arriva enfin devant les bureaux du gouverneur, mit sa main dans sa poche et saisit le papier. Alors qu’il tenta d’entrer, la secrétaire l’interpela.
- Je suis désolée, le gouverneur est absent. Vous ne pouvez entrer dans son bureau.
Interloqué, Por’Lu ne sut quoi répondre et resta immobile devant les portes. Pourquoi diable le gouverneur n’était pas comme convenu au lieu de leur rendez-vous ? Était-ce déjà trop tard ? Avait-il été trop lent ? Les traitres que Tretios redoutait avaient-ils déjà mis en œuvre leur plan ? Por’Lu était perdu, il ne savait quoi faire. Il remua ses mains dans ses poches et sentit le contact de la feuille volante. D’un clin d’œil, il se retourna vers la secrétaire.
- Absent vous dites ?
- C’est exact. Confirma la secrétaire en mâchouillant un de ces vieux stylos dépassés. Si vous le souhaitez je pourrai lui transmettre un message. Ajouta-t-elle.
Ses doigts effleurèrent à nouveau le papier et il sourit à cette idée qu’il trouva d’une nature plutôt comique.
- Non, je vous remercie madame, ne vous embêtez pas. Répondit-il d’un ton aimable. Savez-vous ou est-il allé ?
- Euh… Hésita un instant la secrétaire. Et bien… C’est que… il ne me l’a pas dit officiellement, mais disons que, enfin… j’ai malencontreusement entendu où il se rendait. Finit-elle par avouer, gênée.
Por’Lu laissa un sourire amical courir le long de son visage. Et l’inquiétude de la jeune femme disparue.
- Et pourriez-vous, par un malencontreux hasard m’informer sur sa destination ?
La secrétaire hocha de la tête à plusieurs reprises sans dire un mot en pointant du doigt l’emblème de la maison Avernas accroché sur le pan de mur en face d’elle.
Il s’inclina respectueusement et lâcha un sourire de gratitude à la jeune femme.
- Madame, votre aide m’a été d’une grande importance. Je vous en serai éternellement reconnaissant.
Avant de se retourner, il la vit, assise dans son fauteuil froncer les sourcils, ne comprenant pas le sens de sa phrase.
Et dire que tout allait se jouer grâce à l’oreille trainante d’une simple secrétaire… Le destin est parfois d’une espièglerie sans limite. Pensa-t-il en se dirigeant vers les appartements de la maisonnée Avernas.
Tretios et Garn avaient marché d’un bon pas, et arrivèrent plus rapidement que prévus devant la porte des Avernas. Tout n’était peut-être pas perdu finalement. Il frappa à deux reprises avant qu’un valet vienne les accueillir. L’homme blêmit à la vue du gouverneur et déglutit avec difficulté.
- Je viens voir ta maitresse, Iride Avernas. Dit le gouverneur d’un ton sérieux. Présente-moi à elle.
Le valet ne bougea pas. Il s’éclaircit la gorge avant de répondre.
- Je suis désolé monseigneur. Elle est indisponible pour le moment.
- Indisponible ?! Répéta-t-il étonné. Aurais-tu oublié qui je suis ?
- Bien sûr que non monseigneur, S’excusa l’homme. Ma maitresse dort, je vais la réveiller de ce pas. Je vous en prie, entrez.
Tretios et Garn s’engouffrèrent dans le salon à la décoration rustique. Sur les murs recouverts d’une épaisseur de bois sombre, trônaient fièrement toutes sortes d’animaux empaillés. Tretios réalisa qu’il n’avait jamais rencontré Iride dans ces quartiers.
Quelques instants plus tard, le valet revint dans le salon.
- Ma maitresse vous attend dans sa chambre. Commença-t-il en désignant de son bras gauche les doubles-portes à l’opposée de la pièce.
Le gouverneur hocha la tête et tourna le dos au valet pour entrer dans la chambre, suivit de Garn. Tretios posa sa main sur la poignée et s’interrompit juste avant de l’ouvrir.
- Une minute, Dit Tretios en se retournant. Comment savez-vous qu’elle est disposée à nous recevoir alors que vous n’êtes même pas entré dans sa ch…
- RAAAAHhhh !!! GGlllrrrrggggg…
Tretios écarquilla les yeux lorsqu’il vit le valet à un mètre de lui, le bras droit levé, une épée à la main, immobile soulevé du sol, entrain de gesticuler nerveusement, prit de spasmes et crachant du sang mêlés à des gargouillis répugnants.
Garn le maintenait en l’air de son bras gauche, tandis que sa main droite tenait une dague plongée jusqu'à la garde dans la gorge du traitre. Des jets de sangs jaillissaient par à-coup de sa trachée ouverte.
- Non de… Balbutia Tretios. Par l’Empereur pourquoi ce fou, a-t-il agit de la sorte…
Encore choqué, il força son cœur à se calmer et détourna le regard du valet agonisant pour le plonger dans les yeux de Garn.
- Mon ami, je te dois la vie. Le remercia-t-il. Je pense que tu peux le poser maintenant, il ne me fera plus grand-chose.
Garn lâcha le traitre qui s’écroula au sol dans une position improbable.
- Sois sur tes gardes. Murmura Tretios tout en dégainant son pistolet de son holster.
D’un coup sec, il ouvrit les doubles portes, pointant son arme dans la pièce inoccupée.
- Bordel, il n’y a rien ici. Jura le gouverneur. Tu penses qu’Iride oserait me trahir ? Elle aussi ? Si c’est le cas alors je pense que nous avons un sacré problème…
- Maitre. L’interrompit Garn qui se trouvait dans la salle de bain. Vous devriez venir voir ça. Ajouta-t-il en rengainant son arme.
Tretios entra dans la pièce, ses bottes glissant dans ce qu’il pensa d’abord être une flaque d’eau avant d’apercevoir le corps nu d’Iride Avernas égorgée dans la baignoire, le bras gauche pendant sur l’extérieur, un filet de sang ruisselant jusqu’au sol.
Tretios resta figé, paralysé à la vue du massacre perpétré devant lui.
- Maitre, vous-allez bien ? Questionna Garn inquiet.
Il ne répondit pas. Il en était incapable.
- … Maitre ? …
Pas de réponses.
- … Maitre ?! Répéta Garn en agrippant Tretios par l’épaule.
Le gouverneur sortit de sa torpeur.
- Garn ? Demanda-t-il, visiblement déboussolé.
- Il faut partir d’ici. Vous ne devez pas rester dans cet endroit.
Tretios ne cilla pas.
- Maitre ! Quelqu’un entre. Venez, entrez ici. Chuchota Garn en le poussant dans une imposante armoire.
Tout deux se cachèrent et Garn referma la porte du meuble. La seconde suivante, trois gardes pénétrèrent dans l’appartement de Feu Iride Avernas.
- Putain, regardez ça sergent. Lâcha l’un des gardes. Ce connard de Tales c’est fait trancher la gorge comme un porc.
- La ferme abruti. Réfléchi un peu, il ne c’est pas fait ça tout seul. Fouille-moi le salon et si tu trouves quelque chose, appelle-moi. Sinon, attend-nous dehors.
- Oui sergent, à vos ordres sergent.
- Bien, j’préfère ça. Bon et toi ça donne quoi ? Elle est morte ? Demanda-t-il à l’autre garde partit vers la chambre à coucher.
- Morte de chez morte sergent. Au moins, Tales a correctement fait son boulot avant de crever.
- Ces gardes sont des traitres. Murmura Tretios, complètement hébété.
- Ne parlez pas Maitre.
Le soldat qui sortait de la salle de bain se figea à hauteur du lit et inspecta la chambre du regard.
- Qu’est-ce qui y’a ? Tu joues à la statue ? Le railla le sergent.
Le soldat ne répondit pas, et leva son fusil en direction de l’armoire.
Chaque pas le rapprochait toujours plus près d’eux.
Quatre pas… Trois pas… Deux pas…
Tretios se crispa et ferma les yeux. C’en était finit, ils allaient être découvert.
- Sergent, j’ai trouvé quelque chose qui va vous intéresser ! Appela le garde à l’extérieur de l’appartement.
De l’autre coté de l’immense couloir Por’Lu distingua enfin la porte d’entrée des appartements de la maison Avernas. Cette aile du palais offrait une vue magnifique sur toute la partie nord de la ville. Les fenêtres d’un art Haut-gothique, haute de plusieurs mètres laissaient filtrer la lumière grisonnante de l’extérieure.
Cette pluie ne cessera donc jamais pensa-t-il.
Il reporta son attention sur l’entrée de la Maison Avernas lorsqu’un homme en arme en sortit.
Por’Lu reconnut immédiatement que cet humain n’était pas un membre des Avernas mais un garde du palais Impérial.
Que pouvait bien faire un garde du palais dans un appartement normalement réservé aux chefs des maisonnées ?
Cet espace privé était interdit à tout le personnel. Même la garde ne pouvait y entrer sans raison valide. Por’Lu fut encore plus perturbé lorsque l’homme resta en faction devant la porte.
Le soldat gardait quelque chose…
Tiraillé par la peur, il inspira profondément et s’avança vers le militaire.
Lorsque celui-ci remarqua sa présence, Por’Lu sentit son pouls s’enflammer.
- Vous là. Ne bougez plus. Ordonna le garde d'un ton sec. Cette zone est privée.
- Je vous prie de bien vouloir m’excuser monsieur. Je suis à la recherche du gouverneur.
- Ah ouais ? Ça tombe bien nous aussi ! Gloussa-t-il d’un air méprisant. Sergent, j’ai trouvé quelque chose qui va vous intéresser !
Derrière l’homme, la porte s’ouvrit et deux autres soldats les rejoignirent. Avant que le SAS ne se referme, Por’Lu entraperçut un cadavre affalé au sol au fond de la pièce.
- Ah mais qui voilà… Commença le sergent, l’air satisfait. Par quel hasard êtes-vous ici, Tau ?
- Je…
- Il cherche le gouverneur sergent. Le coupa l’homme.
- Le gouverneur ? Tient donc, et pourquoi le gouverneur serait-il ici ?
En une microseconde, il analysa toutes les informations qu’il avait en sa possession. Des gardes plus que suspects devant un appartement privé, un cadavre au bout de la pièce, une hostilité flagrante de la part des soldats… Tout lui indiquait que ces hommes ne l’aideraient pas, bien au contraire… Por’Lu réalisa que la réponse qu’il apporterait scellerai son destin. Sans qu’il ne s’en aperçoive, son expérience et sa maitrise parfaite de la diplomatie reprit le contrôle de son esprit.
- Ne sommes-nous pas devant la maison des PRD ? J’ai rendez-vous avec le gouverneur devant la maison du Poulpe Rouge de Darnost. Mentit-il.
La haine est souvent guidée par l’ignorance et ces humains qui le méprisaient s’empresseraient de croire à sa soit disant stupidité. Jouer l’idiot semblait être la meilleure solution pour sortir vivant de ce traquenard.
Un silence pesant s’installa et Por’Lu utilisa toutes sa force mentale restante pour soutenir le regard du sergent. Si son mensonge était découvert maintenant, tout serait perdu…
Le temps semblait s’être arrêté, mais il ne cilla pas, il ne pouvait se le permettre.
- Vous-y connaissez vraiment quedal vous les xenos… Finit par lâcher le sergent.
Por’Lu sourit, son plan fonctionnait.
- Je m’en excuse monsieur. Tous les jours je m’instruis sur votre race dont l’hégémonie est sans égale.
Les gardes ne comprirent pas le sens de sa phrase et acquiescèrent fièrement, pensant qu’il leur prêtait une quelconque qualité qu’ils avaient gardée caché bien involontairement au plus profond d’eux même…
- Bien c’est bon, vous pouvez y aller.
- Monsieur, ce fut un plaisir de vous rencontrer. Lâcha-t-il en s’écartant des hommes de sa plus belle démarche.
- Attendez un instant. Le coupa le sergent. Un de mes hommes va vous accompagner à la maison du Poulpe Rouge de Darnost. En ces temps qui courent, la situation n’est plus très sure.
- C’est bien gentil à vous, mais sachez que je serais retrouver mon chemin.
- Ce n’est pas une proposition. Insista le sergent. Drauns, tu vas avec notre ami chez les PRD.
- Oui sergent ! À vos ordres sergent ! Suivez-moi Tau, c’est par là.
Por’Lu se résigna et partit en direction de la maisonnée PRD accompagné de son nouveau fardeau…
- Ils sont partis ?
- Je ne sais pas Maitre. Restez caché dans l’armoire je vais aller voir.
- Voyons Garn, tu me prends pour qui ?! Je n’ai peut-être pas tes talents, mais je ne resterai terré dans mon trou comme un lâche.
Garn haussa les épaules. Les deux hommes sortirent du meuble à pas de loup et se dirigèrent vers la porte de sortie.
- Ils sont de l’autre coté. Chuchota Garn.
- Oui je les entends… Trois pour deux, même avec l’effet de surprise, ça risque d’être difficile. Bon, comment on procède ?
- Occupez-vous de celui de droite, je m’occupe des deux autres.
- Compris. Tu es prêt ?
Garn resserra sa poigne sur sa dague et hocha de la tête. Les deux hommes échangèrent un long regard, conscient que l’erreur n’était pas permise.
Le sas s’ouvrit dans un sifflement sec. Le soldat de droite se retourna, étonné. Garn égorgea de dos le sergent d’une main experte, tandis que la cervelle du garde face à Tretios explosa d’un coup de bolt, se répandant dans l’allée. Les deux corps s'effondrèrent simultanément, privée de toute vie.
- On les a eu Garn ! On les a eu !
- Il en manque un Maitre…
- De quoi ?
- Comptez les cadavres. Il n’y en a que deux à terre.
- Tu en as laissé un partir ?! C’est impossible !
- Non Maitre, il n’y avait personne d’autre. Ils n’étaient que deux…
- Bon, peut importe, inutile de perdre plus de temps avec ça. Aide-moi à cacher ces cadavres à l’intérieur et partons d’ici.
- Pour aller où ?
- Même si le Tau ne nous a pas apporté ce que je lui ai demandé, il nous faudra quelqu’un capable de déchiffrer l’ouvrage une fois qu’il sera en notre possession et maintenant que Iride est refroidie, nous n’avons plus vraiment le choix pour ce qui est des candidats.
- Ne devrions-nous pas plutôt chercher le Tau et son manuscrit ?
- Et par quel miracle le trouverions-nous ? Dis-moi où chercher Garn, et nous irons retrouver le Tau de ce pas.
Pendant un instant, Garn fronça les sourcils l’air songeur. Puis, il fini par hausser ses épaules, l’air désabusé.
- Bien Maitre, va pour votre Traducteur.
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